Alpha Bérénice Fresen est née le 12 juillet 1930. Un jour de pluie. Un jour de joie. Tout c'était bien passé. Une fille ! Parfait. Exactement ce que ses parents voulaient. Que rêver de mieux que des parents qui aiment leur enfant ? Une petite vie parfaite entre couture et chiffre. De plus, ses parents ne faisaient pas partis des plus pauvres. Son père était instituteur. C'est ainsi que dès son plus jeune âge Alpha apprit à lire. Sa mère, grande couturière montra à sa chère fille les talents de la couture. La jeune fille aimait par-dessus tout se plonger dans ses livres l'après-midi. Assise dehors sur l'herbe fraîche de son jardin. Son passa-temps favoris. S'asseoir par terre. Mettre son joli chapeau de paille sur sa tête. Déposer une petite couverture sur le sol. Ouvrir son bouquin. Et sortir complétement de ce monde. Un instant elle se retrouvait aux côtés de Blanche Neige dans une petite maison composée de nain, se finissant dans les bras d'un magnifique Prince Charmant. Quelques pages plus tard, elle se trouvait en compagnie de Cendrillon, qui malchance n'avait pas réussi dans la vie jusqu'à l'arrivée de ce beau Prince. Toujours des Princes. Ces gens riches. Avec qui Alpha voulait, comme le disait le dicton « vivre heureuse jusqu'à la fin des temps et avoir plein de beaux enfants ». Ces coups de foudres qui n'arrivaient que dans les livres. Ces histoires d'amour qui se finissaient toujours bien. Elle avait tout pour réussir. Elle était intelligente. Les matières de l'école la passionnaient et la fascinaient. Elle n'était pas très moche, même si elle se persuadait du contraire. Elle savait coudre et pouvait n'importe quand, avec un peu de temps, se confectionner une belle robe de Princesse.

Un jour de pluie. Un jour de joie. Un jour qui aurait dû être joyeux. Ce jour était le début de la fin. Ce jour a tout changé dans la vie de la petite Alpha, enfin presque tout...

« Maman ? »

« Reste-là chérie. »

Roulé en boule dans le coin d'une pièce, la jeune cherchait des yeux son père. Mais la seule chose qu'elle avait dans son champ de vision était les débris de la grande maison. Elle pouvait voir autour d'elle les armoires écrasés. Les meubles effondrés. Les fauteuils déchirés. Et les bibliothèques réduites à néant. Un bruit au-dessus de sa tête lui fit de nouveau pousser un cri. Quelques choses à sa gauche s'écroula. Se protégeant la tête d'une main, ses doigts de sa seconde main se crispèrent sur le petit bouquin se trouvant collé à sa poitrine. Elle le sera fort. Pour se calmer et penser à autre chose, elle se mit à réciter dans sa tête sa partie préférée du livre d'Austen. Elle avait peur notre Alpha. Très peur. Elle n'avait pas encore onze que la mort trottait déjà dans sa tête de jeune petite fille sage. Un autre éboulement provoqua un nouveau hurlement :

« Maman ! »

Aucune réponse. Du moins, si l'on considère que les explosions n'étaient que silence. Aucune voix rassurante qui murmurait à son oreille. Aucun touché reposant qui glissait sur son épaule. Aucun regard compatissant qui la fixait intensément. Seulement le silence. Et le cri de ses « bombes ». Le cri étouffé par les pleures d'Alpha. Elle tira sur la couverture qui reposait sur ses genoux. Elle passa le bout de tissu déchiré sur ses épaules couverte de poussière. Elle recula encore un peu et senti le mur glacial derrière son dos. Elle était sûre de mourir notre petite Alpha. Sûre et certaine même. Mais alors que dehors retentissait les cris terrifiés des quelques habitants encore en vie. Les jappements agaçant du chien d'à côté qui n'était toujours pas mort. Le bruit des explosions avait soudainement cessé. Un silence de mort régnait dorénavant. Très étrange quand on y réfléchissait à deux fois. Les mains de la petite Alpha, qui il y a quelques instants étaient plaqués contre ses oreilles fragiles, descendirent de nouveau vers son livre. Elle tremblait de tout son petit corps. Et la première réaction qu'elle eut après que les bombes s'étaient arrêtés de tomber, fut de fermer les yeux et dormir en murmurant les doux mots qui lui rappelaient Monsieur Darcy.

Quelques jours plus tard, alors que des gens peu aimables arpentaient les rues à la recherche d'objet toujours en état d'être utilisé, quelques-unes de ces personnes croisèrent Alpha. Bon sa première réaction ne fut pas des plus appropriés. Mais celles des messieurs, dames, non plus. La jeune frappa quelqu'un des adultes avec le livre noirci qu'elle tenait toujours dans les bras et finit par se laisser emmener dans un orphelinat. Depuis elle y vit. Elle ne s'est pas vraiment créer une place importante, mais elle est tout de même respectée comme la plupart des orphelins du rang 2. Elle n'a pas vraiment de meilleur ami ou quoi que ce soit. Elle n'aime pas non plus traverser les longs couloirs sombres toute seule. Le noir lui fait dorénavant peur. A cause de ce Shycophante et ses remords. Elle apprécie quelques peu la Royautée pour sa protection et aussi pour quelqu'un en particulier qu'elle trouve gentil.