Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.



 
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 Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.

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Dov Tzirel

Dov Tzirel
♣ ♣


Rang : 5
Totem : Ours brun
Messages : 21
Age : 28
Pseudo : Coquelicot

Once upon a time
Âge du personnage: Dix ans-
Date d'arrivée à Cloverfield: 1940

Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Empty
MessageSujet: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeMer 30 Oct - 3:07


<Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Fffff10">
"Vastes Forêts,

Forêts magnifiques et fortes,

Quel infaillible instinct nous ramène toujours,

Vers vos vieux troncs drapés de mousses de velours,

Et vos étroits sentiers feutrés de feuilles mortes ?

"Zerochan > Ed Flate !"

▬ âge : Douze ans.
▬ date de naissance : Vingt-cinq novembre 1929.
▬ catégorie Orphan, avec tout ce qu'il y a de sublimement spectrale à cette catégorie d'enfants.
▬ rang : Cinq. Multiple de son anniversaire.
▬ date d'arrivée à cloverfield : En 1940. Il ne sait plus bien quand, mais vers la fin d'année ; presque le jour de l'an.
▬ péché mortel : Colère.
▬ totem : Ours. La faute à Satinka, qui donnait aux enfants des totems dans les ghettos de Pologne...


Listen now, Great Pan he calls us...
"Votre âme est pleine encor des songes anciens ; Et la flûte de Pan, dans les campagnes veuves, Les beaux soirs où la lune argente l’eau des fleuves, Fait tressaillir encor vos grands chênes païens."


Les lèvres closes, Dov, la bouche fermée. Il ne parle pas beaucoup. Parce-que les tombes ne parlent pas... Et le gamin lui, est un cimetière. Un beau cimetière remué par d'innombrables courses. Plein de gens bien morts qui gisent dans la boue et le sable. Certains réduits en cendres, d'autres... Allez savoir. Ils sont morts, c'est tout, et la litanie de leur nom gicle parfois sous ses paupières fermées, quand il essaie de dormir blottit contre un mur froid.
Il se souvient des bras qui le serraient parfois, des nuits sous le ciel qui était tellement grand, si noir, si dégoulinant d'étoiles. De la nature fraîche et intense qui remuait les tripes, de l'odeur du sous-bois qui lui griffait la gorge ; l'instinct animal qui faisait exploser ses poumons en dilations extrêmes et glacées. Les camps improvisés, les abandons, les gens derrière, les gens devant.
Leur nom.
Il se souvient, Dov. Parce-qu'il faut quelqu'un pour se souvenir, il faut quelqu'un pour avoir leur image imprimée dans l'âme, quelqu'un qui puisse encore leur murmurer des choses. Parfois, Dov parle aux fantômes qui peuplent sa mémoire. Il a l'air d'une chenille perdue dans son cocon de rêves pendant ces moments là ; mais vous ne le verrez jamais posé, vous. Jamais de Dov roulé en boule dans son coin de pièce pour vos yeux. Face à vous, Dov sera toujours agile et vif, prompt à bouger, l'éternel reflet d'un autre enfant qui ne soit pas sur ressort.
Ce n'est pas qu'il fuit Dov, non... Pas vraiment, même si ses jambes sont longues comme celle d'un épagneul, un peu semblablement osseuses. Il ne fuit pas. C'est faux. Ne lui dîtes pas qu'il fuit. Dov ne veut pas s'entendre traiter de lâche, il refuse qu'on crache sur son passé d'âme vaillante- ce passé de fuites au travers l'Europe, ce passé croustillant de souvenirs sucrés qui s'est fracassé contre un écueil anglais. D'accord, il a couru Dov, il a suivit les autres sur les routes qu'on traçait dans la nature sauvage, c'est vrai qu'il n'était pas le dernier à prendre ses jambes à son cou- enfin, plus après que Rachel soit tombée pour ne plus se relever.
C'est vrai, bon, Dov il n'a pas traîné, il a rejoint le groupe pour s’exiler de Pologne. C'est vrai, il a pris la main de ses parents, Dov, et s'es laissé traîner ensuite. Mais c'était pas lâcheté, promis que c'était pas de la couardise, juré qu'il n'était pas un pleutre, Dov. Il faisait qu'être gentil avec papa maman, il faisait qu'essayer de se libérer de Pan, Pan qui grogne sous les branches, Pan et sa flûte qui l'appellent ensemble vers la forêt vibrante au soir, Pan caché dans la foule, Pan, Pan, Pan... Il faisait rien qu'éviter et les cohues et les villes, Dov.
C'est tout. Il ne fuyait pas si fort que ça, hein ? Pas tant que les brocards le font croire.
Maintenant, il ne fuit plus que Pan, le croissant de ses cornes, son souffle d'automne qui transporte au-delà de ses lèvres des chansons trop chargées d'odeurs, de caresses, de lumières poignardées d'ombres chaudes. Pan et quelques visages qui flottent jusque dans ses rêves engourdis, titubants. Au réveil, il se découvre les joues humides, touchant le voile liquide du bout doré de ses doigts. Alors Dov sourit, d'une grimace froide et désabusée, une grimace de vieux briscard fatigué et amer.
Parce-que les larmes, qui sont là, qui ont coulés si fort en sanglots spasmodiques alors qu'il dormait -les traîtresses, elles lui ont pris le visage-, ces larmes, elles ne lui sont d'aucun secours, elles ne l'aident pas à oublier ses cauchemars plein d'infinies ténèbres.
Elles lui rappellent les embruns qui lui sautaient aux cils.
Dov se souvient surtout des vagues, de l'écume qui lui bouffait la face, des rochers, de la coque retournée. Du froid. L'eau si épaisse, si profondément écoulée dans les abysses du monde... Et lui qui va vers eux- et qui remonte, déglutit, vomis par les flots sur les galets gelés. Sous le ciel. Le passé. Le passé, c'est la mer qui hurle, les bombardements, les rafles. Le passé, c'est Satinka qui fait des bruits d'oiseau, des bruits d'oiseaux qui chantent, des bruits de vent qui souffle- des bruits d'oiseaux qui meurent, des bruits de vent qui s'éteint.
Dov, il n'est pas très mélancolique pourtant, ou alors pas consciemment. Quand on regarde ses grands yeux d'écorce pelé, on n'y voit pas tant de tristesse que ça. Simplement du feu, un brasier dormant qui sous la cendre de ses peines, rampe, roule, patiente. Dov a des chats dans les yeux, qui dorment dans un doux ronron... Ne vous laissez pas berner. Le gamin n'a le regard lointain qu'enfermé parmi vous ; au dehors, il retrouve la vigueur d'une petite bête griffu.
La corne aux pieds, les mains déjà calleuses ; sa peau se hâle, éblouie de tâches brunes, et sa rousseur délavée le pointe comme un habitué du soleil et des grands ciels ouverts. Dov n'est pas enfant de l'intérieur, il n'aime pas les foules, dans lesquelles il guette toujours le Dieu cornu, tout prêt à déclencher une hystérie houleuse. Ni les foules, ni les salles puantes où elles s'entassent, et bien moins encore les dortoirs où ses poumons se flétrissent. Dans ces lieux là, sous le toit lourd, il meurt Dov, il s'éteint.
Ce n'est pas une plante d'intérieur, un petit chat de salon. Ce gosse là est né dans la nature, il a de la sève dans les veines, du feu dans les boyaux. Ses lèvres crépitent de mots, sa langue danse parmi des étincelles. Il fleurit de tout côté, bourgeonne, explose : Dov est un bouquet de fleurs sauvages, une ortie roussie par le soleil, une rose à peine éclose qui prend déjà le froid. C'est la mauvaise herbe qui prend racine sur le bord de la route, le coquelicot hardi déployant ses pétales dans la cour d'une école. Dov est une châtaigne encore verte qui tend sa bogue hérissée vers les doigts imprudents. Il a l'insolence des éclairs qui vous coupent la parole, la fraîcheur bienheureuse des ondées printanières ; Dov est un volcan qui n'entre en éruption qu'au milieu du silence.
Le nez baissé vers ses pieds, pourtant, c'est aussi un enfant. L'enfant de l'est, le gamin polonais qui serre contre son torse maigre une écharpe en charpie. C'est une petite image dans la grisaille d'une feuille, le rescapé d'un enfer érigé par les Hommes.
Dov n'ose pas vous regarder en face, quand quatre murs le cernent. Non.
Dov regarde la fenêtre qui donne sur la forêt, Dov regarde le ciel. Il se tapit dans l'ombre en attendant l'aurore- il est toujours l'un des premiers à marcher dans les couloirs gluants d'obscurité. Il avance, presque seul, ses longues jambes maigres portant des pas lents qui claquent fort contre le silence vibrant. Dans ces moments là, Dov prend son temps. Il essuie ses yeux ensommeillés, baille en marchant vers le dehors. Il n'y a pas grand monde, et pourtant, le gamin glisse tout près des murs. Il n'ose pas côtoyer cet espace hanté des fantômes d'une existence mondaine, il ne s'approprie pas l'orphelinat qu'on aura voulu faire passer pour sa nouvelle maison.
Sans parler, sans trop regarder autour de lui, il se dirige en apnée sur sa verdure chérie. Il n'attend que de trouver l'embrasure de la porte.
Quand c'est chose faîte, il change. Le gamin s'ouvre, fleurit soudain, déploie ses sens et redresse les épaules. Le soleil et la fraîcheur de l'air, les pelouses humides d'une rosée qui s'évapore déjà. Tout est là. La lisière des bois bruisse doucement sous le vent, les allées où il ira vaguer sont toutes prêtes à lui ouvrir les bras. Il respire, comme un être vivant et non plus un dormeur, il respire et s'allume de l'intérieur jusqu'à vers l'extérieur. Ses yeux semblent immenses quand il regarde vraiment le monde ; quand soudain, il accepte d'exister pleinement, d'être une réalité palpable, incidence flamboyante. Comme une tâche dégoulinante sur un tableau bien propre, Dov rayonne et s'étend. C'est un joyau élevé dans l'air frisquet. Il s'élance.
Dov aime son travail. Vous ne l'entendrez jamais bavarder avec ses camarades, mais il se porte à leurs côtés pour entretenir les chemins. Il est là, tout proche, avec ses outils et ses mains pleines de terre, ses gestes sont vifs, efficaces, fermes. Il sourie parfois, et on le voit même revenir d'on ne sait quelle ballade improvisée les mains pleine de baies qui palpitent dans ses paumes. Dov se plaît à partager ce qu'il sait. Pas forcément en usant de parole -le gamin n'est pas très loquace, on le voit souvent la mine renfrognée, ou bien attentif au vent, à la lumière, aux matérialités du monde qui répond à son corps- mais avec des gestes qui vous apprennent beaucoup. Dehors, en peu de compagnie, Dov ressemble à une pierre chaude sur laquelle s'appuyer. Studieux dans son travail, et pourtant détaché, un peu ailleurs souvent. Dov n'est jamais vraiment avec vous.
Il ne faut pas lui en vouloir, c'est qu'il a su trouver le chemin vers un ailleurs plus doux... Ou ne serait-ce qu'une apparence ? Dov semble tout le temps aux aguets, même quand d'un regard distrait, il balaie ce qui se pose face à lui. On le dirait prêt à s'enfuit, effarouché d'un rien ; prêt à sauter à la gorge de qui lui tendra une main caressante.
<< Un enfant sauvage. >>
Voilà ce que murmurent les mots entre vos tempes... Et peut-être bien, on se l'accorde facilement, que Dov a quelque chose de la bête qui feule et griffe. Mais pas seulement. Il n'est pas question que d'animalité, le gosse n'est pas qu'une créature des bois. Ce n'est pas quelque instinct primordial qui le fait s'écarter.
Dov est paranoïaque. Il ne fait pas exprès vous savez, il ne veut pas vraiment vous observer avec intensité, s'écarter de vos bras qui balancent dans la foule, disparaître du lit pour se glisser entre les ombres froides. Il souffre parfois de voir le mal partout, vous savez ? Mais il ne peut pas s'en empêcher. Il ne peut pas se remettre en cause. Dov a peur des autres, Dov pense qu'on viendra le prendre dans son lit la nuit, qu'on lui jouera des mauvais tours s'il reste à sa place. Alors son sommier reste vide, et lui dort avec sa couverture râpeuse autre part que dans les dortoirs bondés, sur le sol, là où se peut, sauf en hiver peut-être, les soirs de grand froid, où la chaleur animal lui semble la bienvenue. Le reste du temps, il vague loin des foules Dov, il se fait discret, il existe le moins fort possible.
Quand il n'est pas dehors, l'enfant ne se sent pas bien. Il aurait presque la nausée ; n'en pouvant plus du bruit, des gens. Comprenez le, c'est qu'il porte en lui une ochlophobie qui le fait transpirer quand s'unissent les êtres. Les individus serrés, les corps qui se pressent. Lors des rassemblements, Dov manque de tomber en pâmoison anxieuse. Il n'écoute pas ce qui ce dit, non : le gamin tente de ne pas s'évanouir.
Il tremble, sue, gémirait presque. Il se mord les lèvres jusqu'à l'éclatement de pulpe, enserre son corps d'une longue étreinte, ses bras serrés en étau, protection dérisoire contre les endroits combles. Dov se bouche les oreilles quand il va vraiment mal, il respire fort, son cœur bat vite. Tous les visages semblent l'observer, tous les yeux sont tournés vers lui. Il le sait. Dans cette salle, chacun le juge, pas un seul orphelin n'a le regard posé autre part que sur son être chétif. Il est le centre de toutes les attentions, le fruit blet et oscillant de cet arbre carné que forment les essaims.
Le gosse est convaincu que le monde entier lui veut du mal. Alors qu'il cliquette sur ses longues jambes blafardes, tout en même temps que de froides sueurs lui coulent dans le dos, mouillent son front, descendent sur ses bras, Dov guette les visages hostiles. Il cherche ceux qui voudraient porter atteinte à son intégrité. Il a peur. Peur d'un mouvement de foule, peur que quelqu'un ne surgisse pour le frapper contre un mur. Toujours, Dov se sent observé, proie angoissée d'un ennemie qui se cache dans les foules... Parmi tous ceux-là, il y aura forcément le Dieu qui hante sa vie, renifle sa piste, suit le sentier de ses pas. Le dieu dans l'ombre, celui qui siffle avec le vent, qui sourit au milieu des visages suspendus, cireux, tous ces visages avec des noms inconnus qui sont autant de spectres flottant sur le vide.
Pan se cache parmi les orphelins. Il est là. Il est toujours là. Dov le sait, il n'attend que la bonne occasion pour déclencher l'hystérie collective ; terrible et lascif, il se plaît à glisser dans les grouillements de chair. Pan rôde à Cloverfield. Pan rôde dans la forêt, dans les dortoirs, et surtout au grenier, trois fois par semaine... Pan rôde dans le cœur de Dov, l'enfant sauvage, Pan est charmeur comme une brise en été, et il sent bon, sa voix est belle, chantante. Pan le conduit dans la forêt, parmi les arbres qui sont si grands, si étranges et puissants- le gosse leur donne des noms. Il ne connait pas les siens, les petits singes roses de son espèce, mais les géants de bois ont pour lui quelques syllabes chantées. La rivière est habitée d'amis imaginaires ; partout, Dov se crée une vie nouvelle, se murmure des fariboles pour pallier au dénuement des jours, à la solitude des nuits. Il parle seul Dov, il hurle parfois. Les chasseurs doivent l'entendre et penser à quelque bête cornue- ou pas.
Dov courre dans la forêt, il pleure et rit, il se roule dans les feuilles. Il aime coller les mains gluantes des arbres sur ses joues rougies, laisser des empruntes dans la boue, sentir les mousses humides qui se cachent contre les troncs. Il danse avec le vide, parle à ses amis fantasmés.
Dov se plaît dans sa solitude qui résonne si fort, il aime le goût intense de ces heures cachées dans la forêt. Il n'est jamais posé là-bas, il ne reste pas en place. Même si un danger le guettait dans le sous-bois, le gamin courre si bien, fait tant de tours, qu'il essoufflerait le menace potentielle à force de la guider sur ses chemins tortueux. Personne ne peut tenir son rythme.
Dov est une feuille dans le vent, et s'imaginant prenant la main d'un compagnon de gamberge, l'enfant peuple son existence de belles aventures qui ne résonnent qu'en son cœur.
Le soir venu, il les répète du bout des lèvres, serré sur son propre petit corps pulsant. Sur ses entrailles chaudes, sa bouche tiède, cherchant un goût à sa salive, les yeux fermés, le souffle court. Au soir, le gamin s'entoure de corps imaginaires. Il le faut bien.
Son imagination ne le trahira jamais. Elle ne le quittera pas, elle ne va pas se transformer en charpie sous les bombardements, tomber trouée à ses pieds sous le feu des fusils, gargouiller des sanglots dans les douches qui ne pleurent pas, mais respirent, expirent ; relâchant des fumées qui font se suicider les cœurs. Son imagination n'ira pas se noyer. Elle ne va pas se briser sur les rochers. Dov ne peut faire confiance qu'à ce qui s'extirpe de lui... Ne lui en voulez pas, hein ? Il est gentil le gamin. Il est gentil. Juste un peu solitaire. Juste un peu trop prompt à vous montrer les dents, à s'effaroucher.
Il lui arrive aussi de ne se faire du mal qu'à lui. Quand soudain, la culpabilité, le dégoût ou la peur montent trop vite dans ses veines. Qu'il n'en peut plus d'être seul,  que cette impression de ne pas être tant humain qu'une bête drue des sous-bois vient le ronger trop fort. Dov ne veut pas devenir le disciple contraint d'un dieu, pas de celui-ci en tous les cas. Quand se rameuteuvent à lui les images de la fuite, le gamin cligne des yeux trop vite, sent le bout de ses doigts qui piquent. Il ne s'aime pas, Dov. Pour se punir des mensonges dont il arrose les oreilles auxquelles il n'ose confier de trop grands lambeaux de vie, le gamin griffe ses bras, pince sa chair rosée. Il saigne, se laboure, fond ses ongles dans les paumes où roulent au matin des mûres et des framboises. Pour tout ce qu'il a caché, tout ce qui sortit de ses lèvres n'était qu'un sirop dégoûtant de tromperies, il abat sur lui ses propres mains aux poignes animales.
Dov a le charme des choses rafistolées. Il ressemble parfois, quand las de courir et de cacher ses joies, tombe sur lui la cape des trépas, à un bibelot brisé enrubanné de scotch. Quelque objet fissuré tout brillant d'un bandage translucide. Une babiole pleine de trous, éteinte entre des mains maladroites, trésor nacré glissé d'entre des paumes malhabiles.
On ne le voit pas souvent aussi terne et fêlé, car ce n'est pas entre quatre murs que se lamente l'enfant. Il va pour pleurer dans la forêt aux étreintes fraîches, se rouler en boule au pied d'un tronc ou s'asseoir sur une pierre au milieu du ruisseau. Toujours là où on ne trouve personne, dans les lieux vides de foules, qu'aucune musique pesante de voix et de corps en mouvement ne viendra entacher d'un bruit sale qui encrasse les oreilles, dérange l'âme troublée du gamin accroupis sur ses peines. Il les entasse comme des bonbons au fond de sa bouche, les mâche le plus vite possible par peur d'être aperçu. Dans ces moments là, l'enfant semble saisit de folie, à tenter de défier ses humeurs à la course, à les faire passer sans que personne n'ait le loisir de nommer ses traits défaits, faute à trop de clairvoyance.
Au fond Dov passe son temps à fuir, qu'il l'assume ou pas. Il ne veut pas ressentir trop fort sa tristesse, ne veut pas vous regarder dans les yeux. Quand il parle de lui, c'est pour peindre de sa vie et de son esprit un tableau des plus faux. Il ne tend jamais sa véritable face au monde, seuls le silence et le vide le connaissent.
Dov se réserve aux arbres, à Pan, et aux amis fidèles nés de son imaginaire. Aux gens réels, il offre son plus beau sourire, ou alors une mine renfrognée ; ses cernes, ses cheveux roux délavés toujours ébouriffés, dont les petites mèches ont frisé sur la nuque. Il offre ses yeux saisissant de vastitude, ses yeux qui semblent pulser, toujours saupoudrés d'une verdure légère, hésitante. Ils ont l'air de la pente retournée d'un volcan. Dedans se lisent tous les mystères du monde. Il ne faut pas être bien perspicace pour comprendre que Dov cache des choses, qu'il ne dit jamais tout, que ses lèvres s'engourdissent quand il parle. Et on finit toujours découvrir que le gosse n'a fait que mentir sur sa vie ; on le voit dans la culpabilité qui lui fait se manger l'intérieur des joues, dans ses regards fuyants, sa mine implorante. On le comprend par aveux compulsif. Alors on le laisse, on le quitte.
Il ne faut rien attendre de Dov. Le gamin passe son temps à mentir. Il a trop peur de se briser en vous confiant son cœur. Et si vous le faisiez tomber, hein ? Comment ferait-il ensuite Dov, comment ferait-il pour continuer à vivre avec son cœur en miette ? De toute manière, on ne va pas vers Dov. Ce gamin là a quelque chose de trop étrange pour attirer la sympathie.
Outre son air d'animal aux aguets, de bête scrutatrice, ce pas léger et cette manie de faire le fantôme au bord des murs, Dov a aussi quelques bizarreries qui lui collent à la peau. On le connait trop bien pour ses plongeons volontaires dans la boue de la Perte, il aime à s'y vautrer tout entier sans même feindre d'y glisser par accident.
Dov aime se retrouver dans la noirceur du vide. Le néant l'apaise, le bourdonnement de son sang dans ses oreilles, l'absence d'autres bruits que ceux de son corps, connu, doucement tâter, rassurant dans ses formes... Un apaisement morbide. Malsain. Il ne peut plus lutter contre l'envie de se perdre là-bas, de plonger dans le grand bouillon pour y disparaître pendant plusieurs jours. Personne ne peut comprendre ce manque de vide qu'il ressent parfois, ce désir d'un suicide social qui l'étreint tellement fort. C'est la manière qu'a Dov de se débarrasser de son envie de mourir, de ne pas se faire trop mal avec ses ongles ou des pierres, ou bien... Peu importe. Ce qu'il a trouvé pour lutter contre l'ennuie et ce besoin frénétique de douleur. Pour repartir de zéro, pour retrouver le monde plus tard, serein, redevenu un spectre qui ne s'allume en feu-follet qu'une fois loin des regards. Une forme de renaissance, tout ce dont à besoin le gamin pour continuer à vivre... Si tout va mal, si sa peine est devenue trop intense, alors il aura le vide. Amoureux du silence, de sa solitude ; une fois perdu dans ce monde obscur, Dov peut enfin se prostrer et pleurer tout son soûl. Là, disparu de ce monde qui l'agresse chaque instant, loin des chansons de Pan, charmeur, dangereux, tentateur et terrifiant.
Dov absorbe le monde. Il prend tout sur lui. C'est un aimant, un prisme qui capte tous les spectres. Mais alors, forcément, s'en est trop un jour. Un jour, il sature, vibre à en exploser de ce qui l'a remplit ; il faut s'en décharger. Alors, le saisit ce manque du vide, cette dépendance de l'invisibilité. Dov est un drogué, un junkie de la mort. Elle l'a collé de trop près et depuis il la cherche à tâtons, régulièrement, se presse contre elle et l'enserre pour respirer son parfum. C'est tout ce qu'il reste de son passé. La mort. Alors le gamin s'y accroche, refusant de capter les regards hostiles, barbouillés de peur, qui lui collent au visage quand il plonge dans la boue, et ressort quelque journées plus tard. On ne connait Dov que pour ses étranges rituels. Du reste, il s'applique à être un parfait petit fantôme.
Si nonobstant la peur qui environne cet amant de l'oublie, vous osez l'approcher, alors vous ne trouverez pas grand chose qui incite à l'apprécier encore. Ses mensonges sécurisants mis à part, Dov a du mal à gérer ses élans. Il est porté par ses passions, brutale, exalté, comme un faune obsédé par la chair et l'ivresse capiteuses des pluies d'automne. Toujours l'enfant est submergé d'émotions, comme il le fut par la mer quelques années auparavant... Jeté dans tous les sens, Dov, martelé de sentiments qui le prennent comme un marteau tombant sur du fer chaud.
Et si c'était tout, hein, pourquoi pas ? Si c'était tout. Mais Dov ne fait pas que vivre loin des autres, il n'a pas seulement l'amour du vide et de la forêt ; il n'est pas que cet enfant plein de contradictions, qui aime les sylves tout en ayant peur, qui attend le bus alors qu'il n'a personne pour venir le chercher, qui fuit le contact mais pleure parfois d'être si solitaire.
Non. Dov est aussi coloré de folie. C’est qu’à s’inventer tant d’amis et de voix, il en finit par voir multitude de chimères convaincantes en leur forme. Parfois, le monde s’efface ; et alors, le monde s’élève, danse. Le monde derrière le monde, le monde dans le monde. Dov est dans le monde, et dans Dov, il y a le monde. Le même, mais déformé.  Le même, mais griffonné de souvenirs, martelé de symboles, de visions claires. Un endroit plein de monstres dansants et de vagues grises, de foules trop attentives, de gargouilles affligées. A ces occasions, Pan se fait voir. Ce n’est plus une ombre, un sensation, la chose qui crisse au coin de son œil, murmure dessous l’oreille… C’est un homme souriant dans la foule, c’est un croissant de lune qui s’élève parmi les gens ou les arbres.
Dov est sujet à des troubles psychotiques brefs. Épisodiques, ils font entrer dans sa vie des fantômes par trop convaincants. Quand le silence est trop vaste ou la foule écrasante, les hallucinations lui fouillent le crâne et projettent par delà ses yeux des images, font résonner dans ses oreilles les mots de voix qui n’existent pas ou plus. Lors de ces minutes grises se rejouent des scènes cruciales de sa vie, et alors pendant les meetings, le gamin se sent assaillis par les vagues, prêt à se noyer dans la foule comme dans les profondeurs  encrées de l’océan. Ou bien la forêt est si grande, et lui y courre, criant d’une voix blanche… Dans son dos, Pan souffle des mélodies sauvages. Les arbres bougent et des nymphes en feu lui barrent la route, hurlantes. Dov n’a pas besoin de la Fièvre pour voir s’incarner ses peurs les plus profondes ; son esprit  sait déjà bien y faire sans cette aide démoniaque. L’enfant sait que rien de tout cela ne devrait être vrai, que son monde est anormal, étrange, dangereusement irréel… Naguère, le doute lui rongeait le cœur. Mais depuis la venue du Sycophante, des monstres, de la royauté –synonymes en ces temps-, comment être certain que rien de tout cela n’a quelque part de vrai ? Que ces visions ne sont pas taillées dans une étoffe palpable ? Le gosse a parfois l’impression d’être fou.
Dov n’en parle jamais. A vrai dire, il ne parle jamais de rien, à personne, ou presque.
Les lèvres closes, Dov, la bouche fermée… Il ne parle pas beaucoup…Parce-que les tombes ne parlent pas... Et le gamin lui, est un cimetière…


"Il parle dans le vent. Ecoute."
"En haut ? Il y a les nuages, le soleil et la lune. Puis les étoiles partout. Mais pas des gens."

Un simple petit questionnaire pour mieux connaître votre personnage et son sentiment sur la vie à l'orphelinat.

  • Que pensez-vous de la Royauté ? Dov ne sait pas vraiment. Il n'aime pas qu'une main le tienne en laisse, mais au fond, son travail lui plait et il n'a jamais eu affaire à un confort très supérieur à celui qu'on lui impose désormais. De plus, il n'a pas encore eu de contact directe avec la haute société jusqu'à maintenant. Le gamin poursuit donc sa vie sans se mêler de la politique interne de l'orphelinat, indifférent à ce qui se dit et ce qui se fait. Lors des réunions, il tente de ne pas s'évanouir par faute de toute cette foule qui se presse autour de lui, et le reste du temps, il n'accorde que des pensées très rapides à tout ce beau monde qui a la mainmise sur les rênes du pouvoir. Qu'ils conduisent donc l'attelage, lui préfère marcher à côté pour compter à sa guise les coquelicots sur le bord de la route...

  • Que pensez-vous de l'Aristocratie ? Ce sont des gens bien habillés qui tentent de parler comme des adultes laqués de tous côtés. Ils sont amusants de loin, comme des petites marionnettes jouant un rôle au théâtre ; Dov ne les voit pas différents de ces drôles de pantins, dont il garde un impérissable souvenir griffonné de rires et de joies colorées.
    Et de près, allez savoir... Il n'a jamais approché aucun d'eux. Peut-être par peur de découvrir qu'ils sont de vrais humains, et d'ainsi briser la magie du spectacle ?

  • Quel est votre sentiments sur Le Sycophante et les Remords ? L'enfant a toujours cru aux monstres. Satinka, le vieil Amérindien à la gorge embaumée de contes endormis, y aura veillé de son vivant en lui parlant de cent mythologies que le gamin, tout ouï, a rangé dans les tréfonds de son cœur. Alors, quand les monstres sont arrivés, il n'a pas été surpris : ils ne faisaient que se montrer enfin aux autres. Dans des visions angoissantes dégoulinantes de grimaces dentelées, Dov avait déjà vu ces faciès immondes, ces corps difformes. Ce monde hors du temps, gonflé de lieux étranges, nourrice des angoisses enfantines, lui était déjà par trop familier avant que ne tombe ici le manteau du silence. Pour lui, les créatures qui hantent l'orphelinat ont toujours existé. Il les craint et les aime d'une tendresse légère, incongrue. L'enfant les évite comme il fuit son maître sylvain, fasciné et terrifié tout à la fois par tant de bizarrerie. La Propagande surtout, l'effraie outre toutes mesures : elle lui rappelle par son physique caprin, un fantôme des bois et des foules, le dieu cornu qui s'attache à ses pas...

  • Quel est l'investissement de votre personnage dans la course aux privilèges ? Nulle, inexistante. Dov n'y fait pas attention. Il est studieux, ne fait pas de vagues, ni vraiment de bruit. Il est une des paires de mains anonyme de Cloverfield, un petit rouage qui fait tourner la machine. On relève à peine son existence, et si tel est le cas, alors c'est pour le railler ou l'éviter, avec un certain scepticisme à l'égard de son étrangeté coutumière.


La souffrance enfante les songes, comme une ruche ses abeilles.
"Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa."

C'était en automne, il faisait jour maintenant. L'air sentait bon les feuilles humides, les mousses aérées et la terre fraîche. La forêt s'était parée de tous ses charmes ruisselants, brillante de l'aube nouvelle tombée sur ses rameaux, qui liait ses beautés naissantes à celles des plantes emperlées de rosée. Un  beau matin éthéré et liquide, drapant la Pologne toute bruissante avec ses larges voiles chargés de senteurs vertes. Elles embaumaient le camp posé là pour quelques jours de répit à  l'ombre des vieux ormes, des tilleuls frémissants et des saules aux longues feuilles luisantes d'humidité. Parmi les troncs, des bals somptueux bien qu'impalpables. Des danses odorantes, portées par les brises aux paumes douces et hâlées, glissaient entre les braises d'un feu nourris du bois sec ramassé nuitamment ; pénétraient les roulottes aux fenêtres ouvertes. Tout le monde était éveillé, le ciel était rose comme les joues d'un enfant- les voyageurs, rougis de fébrilité, attendaient justement qu'un n'arrive tout frai. A chaque lèvre se pendaient des bâillements, les yeux brillaient encore, il advint même qu'un enfant plus fatigué qu'un autre, se soit roulé en boule près de l'âtre éteint autour duquel on avait discuté le soir venu. Pourtant, le camp tout entier ne cherchait plus que l'instant de félicité qui viendrait en même temps que les premiers pleurs d'un nourrisson fripé.
Il ne tarderait plus. Aux chants gais des oiseaux, aux petits bruits du vent, à la rumeur onduleuse des branches, se mêlaient les gémissements d'efforts d'une femme accouchant. Le matin glissait là, rouge et doré comme pour saluer l'automne déjà bien enroulé autour des arbres qu'il brûlait de son exhalaison... La résonance établie entre le camp et la forêt. Elles parlaient ensemble. Leurs odeurs se mêlaient. Leur voix aussi.
Et quelque part, on répondait à ce bruit de vie expulsée que produisait la femme sur ses draps humides.
Dans le sous-bois, Pan jouait ses mélodies sur les lèvres du vent.

*

-Dov.
Je ne savais pas qui s'était Dov, je ne savais pas ce qu’il faisait. On vivait ensemble, on avait couru tout près de la roulotte en se lançant des risettes. Parfois on se retrouvait  tous les deux à nourrir les chevaux, et il me souriait en plissant ses yeux d’écorce râpée.
C’était mon cousin Dov, il était né après moi Dov. Un gamin discret, le courant d’air du camp. Il glissait sur ses pieds  comme une brise qui rase l’herbe, il marchait avec l’agilité des rêves qui montent au travers du sommeil des enfants. On aurait dit une petite chèvre des montagnes, un animal sauvage qui se sauvait dés qu’on pointait le doigt vers lui. C’est qu’il n’aimait pas l’attention je crois, il préférait écouter tout près sans se faire voir, avec de grands yeux ouverts, et sourire dans ses tâches de rousseur à nos mots qu’il saisissait sans jamais les commenter. Dov buvait nos paroles, il les serrait contre son cœur et les goûtait avec une expression de contentement  étoilée.
Dov a parlé tard. Il est sortit du mutisme un peu trop après être sortit de sa mère. C’était comme ça. Personne ne disait rien à Dov, parce-que Dov ne faisait de mal à personne. Même en traînant toujours dans nos pattes, il trouvait le moyen de ne pas nous déranger. Il se tenait un peu en retrait, et observait, écoutait, l’oreille attentive, la bouche jouant toute seule parmi les éphélides chût sur sa face dorée. Quand il s’approchait, c’était tout timide pour nous demander de jouer, ou alors il récitait un poème qu’il venait de composer. Dov passait son temps à chercher des petites choses qu’il nous donnait après, des cailloux magiques, des branches qui protégeaient du mauvais œil, Dov il avait foi dans toute la nature et il offrait des cadeaux inutiles aux gens qu’il collait de loin, parce-qu’il croyait dur comme fer aux pouvoirs des brindilles emmêlées et des fleurs qu’on tressait. Quand il n’était pas pendu à notre vie, accroché de toute son attention à nos courses et nos rires qui le nourrissaient  comme une pluie bienfaisante, Dov s’engluait dans les paroles de Satinka.
Il aimait fondre parmi les mots du vieux docteur.  C’était toute sa vie, les mythes qu’on lui servait du bout des lèvres, les regards lourds de sens, les histoires fantastiques d’un peuple qui s’était perdu. Il aimait entendre parler des dieux aux déboires titanesques, des héros tragiques et des esprits qui vivaient dans le vent. Le conteur venu de l’est avait ce genre de choses sur la langue, enroulées bien au chaud dans sa gorge. Tous ses souffles étaient embaumés d’un parfum d’aventure, de mystère, de puissante symbolique… Alors Dov ne se lassait pas de traîner dans la vapeur de ses mots. Il serrait les jambes de Satinka pour l’empêcher de partir, cherchait ses genoux pour s’y assoir. C’était son deuxième grand-père, celui qui parlait quelque fois d’un pays plein de glace, d’un pays plein de forêt enneigée.  Personne ne savait d’où il venait au fond, juste « Sibérie », quelque chose qui n’avait pas trop de sens. On ne connaissait pas son pays, à Satinka. C’était trop loin, trop au dehors de notre monde à nous.
Ce qu’on savait, c’était que Satinka était venu à nous un jour. Il avait marché à travers la Chine, il racontait parfois qu’il avait même touché les neiges de la plus haute montagne du monde. Il parlait des moines à la tête rasée, des lampions dans la rue les jours de fête, des marchés de l’amour dans un petit pays au sud de tout ce beau monde aux yeux en amandes d’onyx… En fait, on ne comprenait pas tout ce qu’il nous disait. On mélangeait le nom des pays, on mélangeait les gens. Satinka avait connu trop de personnes en Orient, il avait marché aussi longtemps que nous qui tracions des routes avec nos caravanes. Sauf que lui, il avait fait ça tout seul. Dans les histoires de Satinka, il y avait plein de monde, mais c’était une foule fugitive et coulante qu’il décrivait avec  le sourire aux lèvres.
On ne faisait même pas semblant de comprendre. Satinka, lui, ne faisait pas semblant de vouloir nous expliquer. Il aimait l’idée d’être un papillon de nuit, insaisissable et passionnante créature qui nous volait entre les doigts. Je crois qu’il ne disait même pas tout de ce qu’il avait fait au cours de sa longue vie, pleine d’amour tragiques qui se finissaient mal et des gens aux noms bizarres qui l’aidaient à poursuivre son voyage aux mille routes. Peut-être même qu’il nous mentait parfois, mais alors c’était bien, et il n’y a pas de mal à mentir quand on est un conteur. Il savait mettre de la magie dans tout ce qu’il racontait, voilà ce qui importait, voilà ce qui nous faisait du bien et ce que l’on prenait la peine de retenir avant tout. Il était convaincant Satinka, il aurait pu nous dire que les étoiles n’existaient pas, on aurait levé vers le ciel une figure blême de peur pour vérifier ses dires. C’était plus fort que nous, face à ses lèvres plissées de rides, ses lèvres brodées de sillons dans lesquels on pouvait lire toutes les histoires du monde, on redevenait enfant, même si on était déjà usé par la vie, même si on avait décidé qu’on était devenu grand. Quand j’y repense, Satinka était plein de candeur. Il savait parler à la grande innocence qui s’était tapie tout au fond de nos cœurs. Il la réveillait par de douces cajoleries, la sortait de sa torpeur avec de longues caresses. Il était un peu dompteur de fauve Satinka. Je suis sûr qu’il avait déjà travaillé dans un cirque.

Dov, tu devrais aller te laver les cheveux.

-Pourquoi ?
Il avait des feuilles plein les cheveux. Je m’en souviens. Quelle numéro ce gamin ! Toujours le museau noircis de terre, toujours de la poussière sur les mains. Une vraie bestiole de terrier quoi. Il avait encore l’âge des courses aux côtés de la roulotte-  que cinq ans, Dov, cinq ans et la figure des songes qui ne meurent jamais. Il aurait pu ressembler à un petit ange tombé du ciel, au lieu de quoi, à force de courses folles, à force de recherches fructueuses dans la brousse, il avait tout l’air d’un sauvage évadé de sa sylve lointaine, déboulé d’un autre temps, d’un roman peut-être, fleurant bon les jungles et les chasses au fusil ;  à peine plus propre qu’au sortir d’une tranchée. Un peu boueux, les genoux verts et rouges d’être tombé dans l’herbe. Dov avait toujours un peu de verdure collée quelque part sur la figure. Il sentait la vase, les baies sauvages, les vieux joncs et le sous-bois. C’était une petite bête au remugle tenace qui vous faisait froncer le nez.
J’aimais bien moi, quand Dov me tendait sa moue grognonne. « Pourquoi », hein, pourquoi il aurait fallu qu’il se démêle la tignasse ? Sale gosse va. Il ne comprenait rien à rien aux convenances, même minimes, lui il aurait passé sa vie à courir près des chevaux. M’est avis que ce gamin aurait dû naître dans une écurie.
J’étais juste bon à soupirer quand il me lançait ce regard inquisiteur, les lèvres encore tâchées du violet des mûres ramassées en chemin.

-Parce-que. On va arriver en ville.
Bordel ! Il pouvait vous lancer de ces regards ! Quelle petite teigne. Un genre de lutin hargneux surgit des buissons. Le visage plissé, décoré de sons en farandole, les cheveux jusqu’aux épaules et le regard un peu doré par le soleil, éclaboussé de miel à force de course  sous le ciel. Il aurait pu venir d’un autre monde. Une contrée perdue où les enfants vivent dans les arbres, un lieu avec du vent, des sous-bois odorants et des rivières remuées de cent nageoires diaprées.  Parfois, je me dis qu’il n’était pas certain d’être vraiment parmi, qu’il se pensait un peu en train de vivre un mythe, Dov.
Je crois qu’il prenait trop à cœur le monde de son imaginaire ; quand il jouait devant nous, il y mettait  tout ce qu’il pouvait, Dov, il nous montrait ses cent amis de gamberge, les personnages qui lui rongeaient l’âme, quelque part, là, derrière ses yeux de fauve. Un vrai petit comédien qui se prenait tous les rôles. Il aimait nous faire voir les aventures qui déroulaient leurs folles péripéties dans son petit crâne d’enfant, tout léger, tout moelleux, imprégné d’histoires qui scintillaient dans les feux du désert, sur la crête spumescente des vagues, à la cime des vieux pins d’une forêt boréale…  Dov s’exerçait à conter comme Satinka, et ma foi, il était pas si mauvais le gamin. Pas si mauvais que ça, non. Franchement, on ne se rendait même plus compte à quel point c’était merveilleux pour son âge ; surdoué de l’imagination, Dov.


-Et alors ?

-Alors on veut pas faire mauvaise impression petit sauvage ! Les gens ne nous aiment pas. On va pas leur donner en plus des raisons pour jaser, tu crois pas ?

-C’est pas important ce que disent les gens.

-Bien sûr que ça l’est !  Tu comprends pas… Bah remarque, normal. C’est pas important quand on a cinq ans, une tête brûlée, et pas de cerveau.
Il me fusillait du regard. Moi j’aimais prendre ce genre de balle ; avec un sourire vainqueur et goguenard , pour bien lui faire piger que je trouvais ça tout simplement mignon. Il avait le rose aux joues, Dov, quand il s’énervait. Il rougissait vite, pour un rien, c’était un gosse sanguin. Des fois, je l’appelais face de pomme ; ça lui plaisait pas. Mais bon dieu, c’était fichtrement rassurant de rire de lui parfois ! Faut comprendre, c’était un enfant flippant par moment. Alors moi, je me déguisais en grand frère, et je jouais mon rôle d’aîné en le vannant gentiment, comme ça quoi. Il fallait lui rappeler qu’il n’avait que cinq ans, qu’il y avait plein de choses qu’il ne comprenait pas, que Satinka ne lui avait pas apprise dans les cent mille histoires presque chantées  quand, le soir, accroché à ses jambes, il écoutait avec ferveur les mots chût des vieilles lèvres ridées du voyageur  posé.
Peut-être qu’au fond, il avait un souvenir de sa toute petite enfance, je veux dire, quand il est né entre les mains  tannées du médecin tout droit remonté de Grèce. Peut-être qu’il se souvenait vaguement, comme dans un souvenir de chair, un truc purement capté par le corps, quelque chose inscrit tout au fond de ses tripes -ou carrément brodé sous sa peau- que c’était dans les paumes du vieil homme Sibérien qu’il avait vu le jour.


-C’est toi qu’a pas de cerveau Jal ! Et de toute façon tu pue !

Et il se barrait, dans un éclat de rousseur fulgurant qui vous fouettait les yeux.  C’était Dov. Un écureuil, un renard, ou bien même une feuille morte. Je savais pas trop, je le connaissais pas moi, Dov. D’accord, j’en ai beaucoup parlé, mais quand même, il était toujours un peu loin, toujours un peu avec les siens- ses amis qui n’existaient pas, là, plantés profond dans le crâne. Il nous rabâchait leurs noms, il disait courir avec eux dans les bois ; et il parlait de Pan. Pan, c’était son dieu à lui. Dov a toujours été un gamin sauvage, pas vrai ? Il avait trouvé qui prier, lui, et tant pis pour Dieu. De toute façon il était jeune, tout le monde lui pardonnait.  On l’embêterait avec la prière quelques années avant sa Bar-mitsvah, il avait encore un peu de temps à rêvasser avec pendu aux lèvres le nom de sa bête à cornes…  Et puis, je crois qu’on était tous religieux un peu pour la forme aussi. C’était là, c’était nous, mais pas si important au fond. On poursuivait par tradition, et parce-que tout le monde aimait les fêtes qui ponctuaient l’année. Préparer des gâteaux, danser, réciter les prières pour les morts, et rentrer dans les belles Synagogue voir les sept branches du chandelier doré. Comme ça, pour la forme, pour se dire qu’on était pas qu’une caravane- qu’il y en avait d’autres comme nous aussi. C’était bien, juste, on avait pas besoin d’y croire vraiment, on faisait tous semblant. A moitié.
S’y j’avais su. Si j’avais su ce qui arriverait après, j’aurais même pas fais semblant. J’aurais fais l’amour à plein de filles et transgressé tous les interdis, même. J’aurais pas perdu mon temps à lire la Torah. Si j’avais su pour les camps, si j’avais su pour Varsovie.  Si j’avais su pour maintenant, dans le bateau.
Je crois qu’on va pas s’en sortir, je crois qu’on va s’échouer. Je vois Dov qui regarde Elsa, la tempête le fait battre des cils. Moi aussi d’ailleurs, c’est tout ce sel, là…
Merde à la fin. Si Dieu existait vraiment, il aurait pas laissé faire, hein ? Pas vrai ? Il nous aurait pas forcé à faire ce voyage, là, à quitter nos routes de l’est couvées de forêts bruissantes.  J’aurais pas dû croire en lui-même à moitié seulement. C’est rien que des menteries, que des conneries séculaires qu’on nous rabâche pour rien du tout. De toute façon  j’emmerde la parole d’un mec qu’est mort depuis trois plombes   ; merde merde  merde. JE VEUX PAS MOURIR PUTAIN. Pourquoi ? Juste pourquoi ? On devrait être en roulotte. Pas dans cette coquille de noix.
Pitié, laissez moi vivre. Je veux retrouver les routes de Pologne. Pitié. Je veux revoir Alix, elle m'attend, on aura des enfants et notre vie elle sera bien pour de vrai, on ouvrira une boulangerie ; j'adore l'odeur du pain. Pitié. Je vous en supplie. Je sais pas qui. Sauvez-moi.
Peut-être que Dov avait raison. Peut-être qu’il fallait croire en Pan finalement, un dieu qui ne ment pas, un dieu de vie et de mort. Un dieu qui tue sans se cacher. Un dieu qui fait les choses pour de vrai.

Je crois que j’entends la mélodie d’une flûte mêlée au bruit des vagues.

*

-Il joue des chansons dans les bois, c’est lui que tu entends dans le vent.
L’enfant tend une oreille tâchée de son vers la brise. Elle souffle, là, au-dessus de son visage, fait glisser ses mains pâles sous le ventre du ciel ; c’est sa caresse, ici, qui pousse des nuages vers le vide d’un horizon semblant une plaie ouverte. Il fait mauvais dans les cieux comme il fait mauvais sur la terre. Le monde est un reflet de nos cœurs ; le voila qui se tord, immonde, rampe sur le sol et perd ses boyaux dans un gigotement atroce, qui ébranle nos espoirs fait de bric et de broc, fouille les ruines à la recherche d'une pitance obscure. Le voilà, si sombre, si perclus de froideur, le voila qui s’écorche, et sa peau en lambeaux n’est autre que cette aube qui pend aux clous frémissants qu'un fou à nommé des étoiles. Le monde, cette dégoulinade puante contre  nos rêves en charpie. Il faudrait les larmes de tous les yeux qui clignent pour ce jour dégoûtant.
Pourtant, l’enfant sourit. Les tâches de son visage dansent et jouent contre sa peau claquée de lumière solaire. Il voit le monde, mais peut-être ne le comprend t’il pas ; ou bien, le gamin trouve une raison de sourire qui lui est définitivement propre. Quand tous les gens autour tirent des gueules blêmes et grises sous le soleil ternis, lui est encore heureux. Il pense entendre Pan qui vocalise dans les buissons, derrière les arbres, et sa voix se compose d'un millier de chants vert, d'un millier d'odeurs qui se pressent comme les touches d'un piano, au bord du vent. Elles sont toutes proches. Il est certain de pouvoir les toucher ; mais non. Si seulement ses doigts plongeaient plus loin dans l'air !

Dov. Ne le cherche pas. Pan est un dieu sauvage, il vit la nuit et danse autour des feux. Ce n'est pas l'ami des jeunes garçons comme toi.
L'enfant pose des yeux d'ambre empoussiérée sur le visage tanné de son conteur Sibérien. Ses longs cils roux lui font un regard de biche, et des étoiles se sont perchées au bout ; c'est une bête traquée par des mots qui hérissent, des crocs en étau autour d'une patte gracile. Le gamin n'aime pas qu'on remette ses croyances en cause.
Mais Satinka ne sourit jamais deux fois de la même manière. Il y a toujours des tiroirs secrets cachés dans son discours. Aujourd'hui, il en ouvre un pour en sortir de nouvelles vérités.

Ne tente rien avec Pan. Il est pour les bergers, les forêts emmêlées et les chants dans la tourbe. Il te faudrait descendre dans les vallons brouillés de verdure, tavelés de bois vif, pour espérer le trouver. Mais un nomade ne s'écarte pas des routes. Ne quitte pas leur poussière ; suis la caravane Dov.

-Je veux pas. Il m'appelle.
La roulotte avance dans un nuage brillant. De la terre qui flotte, semblable en ses danses à un cortège de fées. Dedans cette nuée fauve, l'enfant prend des allures de créature sylvestre. Le vieil homme a déjà vu bien pire. Il prend le temps de s'arrêter pour fixer son fils de gamberge, surplombant la tignasse d'oriflamme.
Il sait ce que cet enfant sera. Un asocial, un loup solitaire, un voyageur aux pieds cornés. Un renifleur de poussière, un fouilleur d'entre-troncs, un mangeur de racines aux doigts d'or martelé. Une bestiole aux courses fluides, aux longues jambes tâchés de son, qui fera son lit dans les taillis et s'emplira la bouche de mousses gorgées de rosée pour boire les matins blêmes. La pire des bêtes sauvages et le meilleur des hommes. Un monstre généreux, prolixe de grognements et de gestes étranges. Un ermite broussailleux sous le couvert des arbres ; Dov n'aura pas de caravane. Il ne deviendra pas marchand, il ne sera pas père. A jamais pure, mais dénué de la souillure qui pourrait le faire vraiment exister au delà de sa seule pensée. Une étincelle évanouie dans la nature. Si on lui en laisse l'occasion, Dov disparaîtra à jamais de la société des Hommes.
Il y a des choses qu'on ne peut pas permettre. Satinka sait graver la menace sur ses trais de vieux bronze ; il s'y emploie, psalmodiant les années endurées par sa peau : les rides répondent à cet appel obscur. Elles lui dessinent l'expression la plus dangereuse du monde... L'inquiétude du vieux sage.


-Alors ne répond pas. Pan causera ta perte ; il est un dieu de mort.
Et autour d'eux, le vent soufflait, semblant murmurer les persuasions du Faune.

*

On pense toujours savoir quand on voit ses grands yeux. On se dit qu'à force de lectures, on connait sa douleur, qu'on peut nommer les spectres qui hantent son esprit juvénile. On pense toujours que cet enfant n'a de secrets pour personne, qu'aucun adulte ne peut faire autrement que de crever le voile de son silence farouche. S'il est des choses fausses, celle-là en fait partie. Il est toujours des choses fausses ; celle là en fera toujours partie.
Ce jour là, quand les roulottes se sont posées près de la ville, que les chemins qui sentaient la poussière se sont écartés de sa vie, Dov n'a pas été si malheureux qu'on voudrait le croire d'abord. Il n'a pas regretté ses forêts pleine de mures, ne s'est pas affranchis de ses faubourgs tziganes pour chercher le contact d'une nature toute proche. Il n'a pas plongé dans la verdure pour sentir à nouveau l'aurore qui se dessine dans les gouttes de rosée, pour goûter les feuilles humides en les glissant dans sa bouche silencieuse. Dov n'était pas enfant à regretter ses courses dans les champs ondulants : il a fait de la ville son nouveau terrain de jeu.
Faîtes donc taire vos regards plein de sollicitude, fermez vos paupières pour que cesse de brûler ainsi vos yeux gonflés d'une compassion profonde. Vous ne comprenez pas Dov. Sa vie dans les ghettos n'était pas si terrible, le temps passé au milieu du grouillement de la foule fut si doux en vérité... Il était de ces rats qui glissent dans les gouttières, une paire de pattes discrètes dans les ruelles ombreuses. A l'intérieur du ventre encombré des poubelles, il cherchait ses jouets de fers blancs, de linges humides, de bouchons de liège et de ferrailles oxydées. Trésors crasseux d'un coffre à jouet fracassé, embaumé d'ordures, l'autel fracassé et brillant d'un fatras de merveilles puantes, humides, poisseuses. Des richesses qui collaient au doigt et griffaient les sinus. Bonbons âpres parfumés de saumure, quignons de pain noir et pâtisseries flétris. Il ramenait parfois des abords de la ville quelques feuilles, des écorces, et disciple de Pan le gamin prophétisait. Ses décoctions d'eau chaude, de jus et des feuilles macérées montaient dans la gorge, fleurissant en bouquets- montaient aux yeux, et comme si la vapeur et les saveurs florales, unies en sortilège, n'avaient pas suffis à subjuguer les gosses, Dov prenait son ton de conteur et parlait du grand  nord. Il descendait parfois dans les monts d'Arcadie, et faisait rouler sa langue dans l'herbe des vallées. Quêtant un lit sous les racines, couvrant la ville d'éloges pourtant ; après tout, Pan était dieu des foules, et dans cette multitude, il n'était jamais seul. Le Grand guettait toujours, caché entre deux corps, et ses cornes, et ses doigts, ses lèvres mélodieuses... L'enfant fermait les yeux, et alors il sentait, partout, la présence de son dieu. Quand bien même les rameaux, la feuillée et les rivières étaient loin de ses yeux, un spectre inexorable hantait ses pas fuyants.
Sans vergogne, Dov s'est approprié les rues de Varsovie. Il a fait dessiner à la craie, sur les murs, des satyres et des nymphes, suivit en boulangerie un fantôme souriant, poursuivis les embrouilles en compagnie de Sidi... Et tout un tas d'autres gosses, des orphelins, des juifs, des natifs, des pauvres, des sales, des explosés de la vie, des heureux, des geignards. Il a dansé avec eux une farandole grandiose, soulevé une houle de bras dans une carole sauvage ; c'était sa danse à Dov, il aimait à courir au milieu de la foule, s'esbigner dans les ruelles, croupir entre les poubelles. Il a été acteur, conteur, gavroche- parce-que tout autour il y avait ce monde, palpitant, cristal encrassé, et il aimait se frotter contre ses pâles arrêtes, grogner sur les rats, nourrir les chats de gouttière, danser la samba sur les ordures et apprendre des poèmes des lèvres des gosses aisés. Il a pris le piment de ce monde décadent, glissé dans sa gorge les lames tremblantes de la souffrance. Parce-qu'il aimait tout ça, il aimait s'effriter dans une brise de folie, devenir poussière aux yeux et chansons sur les rues. Il dansait, dansait, si fort, si loin, sa salsa endiablé avec l'ombre du faune, et les gens tout autour explosaient en cadence, feux d'artifices de visages, de noms, d'odeurs, oh tous ces gens, qu'ils étaient beaux, évanescents, magnifiques papillons... Il n'a pas vu le mal aux camps, à tout ça, et le nazisme, c'était loin, au dessus, un danger un peu flou. Il n'a pas compris avant les premiers morts- ceux qu'ils connaissaient, les cadavres familiers. Ceux qui avaient un nom, qu'on pointait du doigt en disant : "Satinka."
Satinka.
Il y a des gens qui sont morts, dans la caravane, hors de la caravane. Les parents de Jal. D'autres. Quelques-uns ; des milliers. Mais surtout, il y avait Satinka. son vent de liberté, son hymne à la vie- grand père Sibérien, père de gamberge, son maître. Un livre d'histoires, une constellations de rides gravées dures et brillantes, éteintes, glissée sur terre et écrasée.
Dov a compris alors. On lui a dit "c'est la nature, Dov, ne regarde pas Dov", et lui a fixé les yeux écarquillés, il a compris que Pan piétinait les tombes et se riait de la mort. Parce-que Pan était la mort, et son adulation aveugle de cette vie exubérante était bien sotte alors. Il n'avait pas tout vu, pas tout saisis ; désormais il savait.
Dov s'est fait petit dans les foules. Il a pâlis, soudain. Il s'est tut. Quelques temps sont passés, on s'est mis à chuchoter moins fort- toujours moins fort. On a comploté, fait des projets, on a parlé dans l'ombre, on a laissé certains et pris d'autres avec soi. Ils ressemblaient tous à des perles tremblantes, sur un fil prêt à se rompre.
Puis ils sont partis, discrets, avant que tout ne s'écrive- ne s’envenime, fluctuations du danger.
Et à leurs traces de pas, se mêlaient celles de Pan quittant aussi la ville.

*

Et le temps passe, les saisons dansent. Ce monde est un carrousel, un manège en fer blanc, il brûle et hurle, il tourne aussi, et tournent les astres en diapason, chantent la nuit, et les branches- les forêts qui s'endorment, les plages refroidissent à la brune. Jamais le sable ne ressembla tant à la cendre, même la nature se carbonise, et les espoirs s'éteignent en danses funestes face aux vagues hérissées. Les étoiles scintillantes, bijoux de nacre, d'argent, colliers d'or martelé sur l'écrin de moire du ciel : elles font des tours, soupirent. Le firmament entier se désole pour les Hommes. Tant pis. Ils étaient beaux avant ; gardons le souvenir de leur ancienne vertu.
Pour le monde, c'est une contrariété, il va se taveler, rugir sous les bombes, on va le trouer et le brûler à coup de cocktails nucléaires ; et pour la caravane, il y a la fuite en Europe- dans l'Europe, ce monstre infanticide. Ils n'en sortiront pas, les mailles sont trop serrées, et tous ces pays, là, comme des tripes entassées... Et pourtant, ils en arrivent au bout. Ils y parviennent, et que la France est belle, encore douce et avenante. Cela ne durera pas, le pays est en guerre, voyez-vous... Il faut s'en échapper avant que tout ne se trouble.
Eux savent, ils ont vu la Pologne. Cette mère abattue les a rejeté de son sein, comme on écarte les mouches de son corps agonisant, et ils errent, ils errent vers l'Amérique. Flottent doucement vers leur but, non cavalent, courent comme des rats des champs. L'herbe est toujours plus verte dans le jardin du voisin... Dieu comme cela est vrai, rien n'a jamais été plus vrai. Alors soyons vifs, courrons le feu aux talons.
Doucement, tout a l'air de se faire. Ils ont un passeur, un homme avenant, et quand bien même il embrasse hardiment, avec un grand mépris, les lèvres d'un autre homme ; peu importe, ne soyons pas regardants. Il les conduira en Angleterre, et de là, un ferry, un bateau, quelque chose... Ils partiront pour un dernier voyage, vers l'Amérique et ses fantasmes gras, bulbeux, explosif et pailletés, des songes d'opulence vomis à tous coins de rue.
Ils mangeront du chocolat tous les jours, ils auront une voiture. Quelques mois en France, et c'est un beau printemps. Ils quittent la côte à cette saison, s'esbignent sur les vagues ; ils volent dans l'écume, sur les lames gondolées.
Ils sont si proches, si proches de la terre ! L'estran leur fait de doux murmures.
Les rochers, des caresses.
Les flots, une tombe.
Ils ont coulés.

Requiem sur syrinx, au beau milieu des vagues.


*

( Suite de l'histoire plus bas )


Coquelicot

▬ âge : Dix-sept ans. Bientôt dix-huit. Pour de vrai. Avec deux chiffres et tout, han.
▬ sexe : QUAND VOUS VOULEZ/BUS/- Service trois pièces.
▬ double compte : NON. JAMAIS. JE ME L'INTERDIS.
▬ Comment avez vous connu le forum ? Un autre coquelicot m'a guidé ici. *pointe Poppy* ( SA FICHE EST GÉNIALE OMG )
▬ Qu'en pensez vous ? Voyez vous des améliorations à apporter ? OUAIS. Il faut rendre ce forum moins attractif, il beaucoup trop sublime et inspirant.
▬ autre chose ? Je veux manger vos poumons avec du chocolat fondu. <3 ( C'est une preuve d'amour dans le pays de mon imagination. )
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Dov Tzirel

Dov Tzirel
♣ ♣


Rang : 5
Totem : Ours brun
Messages : 21
Age : 28
Pseudo : Coquelicot

Once upon a time
Âge du personnage: Dix ans-
Date d'arrivée à Cloverfield: 1940

Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Empty
MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeMer 6 Nov - 18:09

( Suite de l'histoire )
"Nous n'avons pas peur."

Il fait froid partout, dehors, sous les arbres, mais aussi dans la chambre. Dans son cœur également, il fait froid.
Dov a du mal à se défaire des draps, mais il s'éveille au son des cris de joie. Dans son lit d'hôpital, tremble, moucheté de lumière ; le bruit des bambins réveille sa mémoire. Il roule hors du lit, tombe au sol- souffre. Ce n'est rien. Un bleu qui viendra, fleur de douleur sur sa peau blanche. Si peu.
Il titube alors, sur ses jambes de biches, étonnant animal, puis, sa vue se trouble, son estomac fait des tours fantastiques. Il vomit doucement sur le sol -mais diantre que reste t'il à vomir ?-, à genoux, les mains froides laquées de sueur gelée. Peu importe ; il a souvent vomis depuis son arrivée. Étrange quand on pense que les ordures de la rue n'ont pas soulevé son cœur... Dov a pourtant connu le fumet des poubelles, ses papilles sont intimes à la putréfaction. Les fruits blets, l'eau croupie, le pain rassis et tout ce qu'on jette, tout ce qu'on peut voler et cacher dans la crasse : c'était son dû dans la rue, avec le Vieux. Un bonhomme avec tout ça de rides ( si, tout ça, comme l'entrelacs d'une toile ) et trop de barbe pour faire bien- il n'était pas rabbin, c'est pour ça, il n'y a que les rabbins qui ont des barbes pareilles et qui s'en sortent dignes. C'est ce qu'aurait dit Jal. Jal aurait pu dire tellement de choses encore, s'il n'était pas mort.
Le gamin, avec son pas de bourré, un jeu en trois temps -titube, reprend toi, vacille-, glisse le long des murs vers une porte maudite. Il ne regarde pas le cadavre abandonné dans un des lits de l'infirmerie. Il ne faut pas. Il a trop peur de voir Pan, veillant le corps en souriant.
Il se souvient, un matin, hallucinant peut-être cette mélodie splendide. Pan qui dansait sur les rochers, ses sabots qui claquaient sur l'écume croustillante, son rire grave et fruité dans l'air pimenté d'iode. Lui, gamin délavé aux cils encroûtés de sel... Sur le sable, gelé. La solitude, et le froid.
Il fait toujours froid en Angleterre. Ce pays est un tombeau.
Dov ne veut pas se souvenir plus loin que son premier regard. Il n'a rien vu pourtant : quelques planches peut-être, mais aucun corps, poussé par la marée. Peut-être, après son départ, un cadavre disloqué s'est-il échoué sur la plage, mais alors, il n'en aura rien su. Mais cette absence était atroce, et c'est elle qui l'a fait fuir dans ce pays inconnu, faible, presque mourant- la jeunesse se remit vite.
Il a été malade. La toux l'a crevé, puis l'espoir regonflé. Le Vieux, avec sa langue étrange, la langue de tous ces gens qui vivaient dans le Tombeau -l'Angleterre- et ses mains secourables, les quelques bonnes âmes aux sous salutaires, qui ont payés sa guérison.
Une bête sauvage détrempée par la mer méritait-elle tant de pitié ? Même les anges se penchaient sur son crâne roux... Il a l'image gravée, d'une longue femme blonde et de ses pains chauds. Toujours à lui sourire, depuis la boulangerie, toujours une attention. Il ne lui a jamais dit merci ; le Vieux parlait pour lui. Il parlait toujours pour deux, pour cinq, pour trente. Une vraie boîte à musique... Dov aimait à se blottir contre lui. Ce n'était pas Satinka, mais il était certain que dans sa langue singulière, roucoulante et fluide, il contait de beaux mythes.
Mais le Vieux n'a plus chanté, une fois la mort venue. C'était en Décembre, début décembre même, et les gens faisaient semblant d'être heureux. Dov ne sait pas vraiment comment tout ça s'est fait, de quelle manière la Faux s'est glissée dans le corps du Vieux, insidieuse, traître, il sait juste, confusément, qu'il s'est trouvé collé contre un cadavre frai, fixant la rue immobile, cherchant Pan, qui devait rire quelque part.
<< C'est la nature Dov, rien que la nature. >> Ta gueule Jal. Ta gueule.
Ensuite, on est venu le chercher, puisqu'il a bien fallu sortir le cadavre de la ruelle, les riverains s'en plaignant- comme s'ils avaient à se plaindre de ça, alors que les bombardements venaient bousiller leur ville. On est venu chercher le Vieux, et du même coup, parce-que Dov était là, on s'est dit qu'il ferait un joli colis. Alors on l'a pris, on l'a gardé un peu, dans des endroits, des lieux comme ça, il ne sait plus.
Un beau matin, on l'a flanqué dans un bus. La ville a disparu, le monde entier faisait la gueule. Gris derrière les vitres, gris dans les yeux de l'enfant.
Il n'a pas dit au revoir à la longue boulangère. Est-ce qu'un autre enfant aurait droit à cet ange ? Même les anges se prostituaient désormais- ils accordaient la grâce de leurs sourire à tout va. Pourquoi pas après tout ? La dame nacrée aux beaux cheveux blond oublierait son visage. L'avait-elle jamais vu sous la crasse qui le couvrait ?
Peu importait.
On offrit au gamin Cloverfield et ses charmes : de la nourriture, un lit, une forêt toute proche. Et puis des gens, quelques enfants qui comprenaient ses craintes, des visages anonymes, oubliés, auxquels mentir sur sa vie. Pleins de gens, et si peu importants... Mais parmi eux, un gentil jardinier ; Dov aimait à traîner dans ses pattes, et mettre sa casquette. Les autres adultes soupiraient sur sa face tachée de sons, frappaient sa main gauche, supposément souillée. Tout du moins Grégory lui faisait-il des sourires...
Les jours se ressemblaient, et la vie, la vie... Rien sur la vie. Tout est si flou dans cette brume inquiétante, il y a tant d'autres choses desquelles se souvenir... Plus pressantes, plus intenses. Plus douloureuses, mais si réelles. Dov ne sait donc qu'une chose : à force de manger, à force de courir, à force d'exister, infâme engeance, il est tombé malade. A regarder sa vie de loin, on la perd de vu- à force de passer à côté de son existence, Dov s'est montré imprudent. Il a payé le prix de son désintérêt.
Les infirmière puaient, leurs mains douces lui inspiraient la crainte. Il sentait leur fièvre, la traîtrise parfumait leurs lèvres conciliantes. Mais Dov continua à manger, incertain. Puis à vomir. Comme tant d'autres, il est devenu familier des lits froissés et des douleurs poignantes. Alité, sur le déclin, songeant que Pan viendrait. Il chuchotait parfois, réclamant une chanson. La Faune guettait, c'était certain.
Il n'est pas venu pourtant. Aujourd'hui, c'est le matin, et pour la première fois depuis bien des journées, bien des semaines, le gamin poussa la porte de l'infirmerie.


Derrière lui, Pan applaudit doucement.

*

Dov, contre un tronc. Dov, sur les racines. Il soupire, et somnole. Le monde est si calme, et les branches, qui tanguent... La mélopée silencieuse d'une lumière, tamisée, découpée. Elle tombe sur le sol comme les touches d'un piano, verte et dorée.
Douce forêt, si douce. Il se sent bien ici, dans les bras de la nature, et quand bien même rôde en ces lieux sylvestres des démons, une Fièvre, un Poison ; des malheurs trop tangibles. Il aime se perdre sous les rameaux, danser sous la feuillée. Loin des regards et des souvenirs, dans cet autre monde, un abysse de verdure qui pulse au bruit du vent- son havre à lui, son Arcadie sur mesure, sa Sibérie de pacotille et ses forêts nordiques, il a tout mis ici, en désespoir de cause.
Ses paupières tombent, fines et légères, comme des feuilles racornies. Il se mêle au sous-bois, roux et brun, poussiéreux, antique. Vétuste et juvénile. Tellement lui.
Il est loin, Dov, avec les yeux fermés, encore plus loin que le soleil qui perce la canopée.
Qui l'atteindra désormais, en ces lieux figés ? Qui approchera cette bête fuyante et blessée ? Lancez les paris.

Pan vous invite, vous y enjoint même, souriant sur une branche.



Informations complémentaires-
Des choses que je n'ai pas dîtes, le passé de certains personnages, un résumé de l'histoire, mes notes.... Un fourre tout quoi ! Pour vous aider à comprendre un peu cette histoire compliquée. /O/ ( Dans ma tête pour le moment, en tout cas. )

Dov-

Tendances paranoïaques = vient d'une famille tzigane qui a fuit en Angleterre la Seconde guerre = il imagine toujours être poursuivis, plus particulièrement par Pan, incarnation de la nature ( quand des membres de sa famille sont morts, ses parents : "c'est la nature" = l'approche désormais de la mort ).
Il se met volontairement en "danger" en allant dans la forêt, puis tente de s'échapper en courant. Attirance/répulsion = aime la forêt mais la craint, il est mal-à-l'aise mais est heureux de ne pas y rencontrer d'humain. ( Sauf Poppy par la suite ? = A creuser. )
Enfant sauvage. N'aime pas vraiment les bâtiments car ils sont de la main de l'Homme ( = peur de l'humanité et du progrès à cause de la guerre, il veut rester dans un temps figé pour rien que n'empire et a beaucoup de mal à bouleverser sa vie, car toute nouveauté engendre un grand stress = il a l'impression que tout va s'écrouler autour de lui si tout ne reste pas pareil. )
Il dort souvent hors des dortoirs.
Instabilité émotionnelle.

Dyscalculie mineur = il compte toujours avec ses doigts et confond les symboles mathématiques. Ne sait pas faire de divisions.

Ochlophobie = pendant les meetings, il ne comprend quasiment rien, il essaie juste de ne pas s'évanouir. Il fuit les rassemblements et préfère les endroits vides ; la seule foule acceptable est pour lui la forêt. Il voit les arbres comme des géants bienveillants et leur parle + leur prête des noms, des personnalités et des suites de notes. Mémoire spatiale importante. ( La foule lui rappelle les villes, la fuite, le naufrage du navire qui l'a conduit en Angleterre. Il a toujours peur que Pan s'y trouve, car il connait la symbolique des Dieux et craint qu'il ne le guette parmi les gens, près à déclencher une hystérie collective à tout moment. )

[Double symboliques de Pan = Nature et panique humaine. Il le craint pour ces deux raisons. Pourtant, sa sauvagerie, son tempérament exalté, le rapprochent de Pan. Parfois il a l'impression de le personnifier en tant qu'humain, ce qui le frustre et l'incite parfois à projeter l'auto-mutilation ; n'est jamais passé à l'acte, sauf cas mineurs = il s'enfonce les ongles dans les paumes ou se griffe les bras jusqu'à ce qu'il soit rouges, se pince. ]

Paranoïa : il ne fait pas confiance aux autres par peur d'être trahis. A toujours l'impression qu'on va chercher à le tromper et qu'on attend quelque chose de lui. Il est rancunier, n'accorde quasiment jamais de pardon car il vit trop fort la trahison et craint que les autres ne le blessent un jour trop fortement. C'est une petite bête hargneuse qui ne fréquente pas grand monde.
+ Ment aux autres sur sa vie pour ne pas se dévoiler trop amplement. Il est réticent à se confier, et dans un premier temps, il emploie généralement les faux-semblants pour se rapprocher des autres sans pour autant se mettre en situation véritablement "dangereuse". Il triche dans ses relations sociales, ce qui aboutit forcément à créer un sentiment de trahison chez les autres : Dov trahit les autres pour ne pas être trahis.
Fort sentiment de culpabilité étouffé par des justifications puériles : il sait qu'il n'agit pas bien mais n'arrive pas à surmonter sa peur et se voile donc la face. Il est toujours déboussolé après une amitié interrompue, presque tremblant, et il entre dans un mutisme bourdonnant de colère et de détresse à la fois.

Trouble de la personnalité bordeline léger : Pas pré-dominant, mais lié à sa paranoïa. Il a aussi souvent l'impression d'être persécuté par le monde, d'où son besoin de se réfugier dans son imaginaire via ses jeux, ses rituels, et ses amis imaginaires. Il est aussi très impulsif et submergé par ses émotions, répondant à ses pulsions. Il a du mal à lutter contre ses sentiments.
A tendance à se mettre en danger = il veut parfois disparaître et plonge donc dans la boue de la Perte. Il a besoin de se retrouver dans le vide absolu, loin de tout, et n'en ressort pas traumatisé mais calmé, contrairement aux autres enfants.

Troubles psychotiques brefs : sujet à des hallucinations auditives et visuels épisodiques, surtout dans la foule ou au contraire quand il est complètement seul. Il n'est pas forcément dangereux dans ces moments là, mais cherche à fuir à tout prix ses hallucinations au risque de se montrer complètement sourd à toutes tentatives de raisonnements.
Ses visions sont angoissantes, morbides, glauques. Il voit Pan et des bombardiers, a parfois des hallucinations qui le ramènent au naufrage ou à la fuite de Pologne.
Visions symboliques ou codées.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pologne
http://fr.wikipedia.org/wiki/Shoah
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ghetto_de_Varsovie
http://www.enseigner-histoire-shoah.org/outils-et-ressources/fiches-thematiques/les-grandes-etapes-de-la-shoah-1939-1945/etude-de-cas-le-ghetto-de-varsovie-1940-1943-12.html
http://www.lycee-jeanmace.fr/Projets/pologne/ch02/02/index.html
https://www.dailymotion.com/video/xh5vf8_quand-les-nazis-filmaient-le-ghetto-1_tech

Extraire : La manière dont Dov et sa famille ont fuis.
Parler de sa vie dans le ghetto, pendant quelques temps. ( Ils doivent partir avant que le voyage pas les trains soit interdis. Laissent derrière eux une partie de leur famille, qui ne sortira jamais de la ville. )
Donner des origines royales à Dov > sa grand mère est la bâtarde d'un Habsbourg.
Parler de l'étoile bleue, lui trouver une symbolique, Dov lui donne un autre sens.


Satinka-

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chamanisme
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chamane
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dolganes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Sib%C3%A9rie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Inde
http://fr.wikipedia.org/wiki/Inde
http://www.systemes-et-constellations.com/pages/le-chamanisme-siberien-2669524.html
http://www.chamanisme.fr/Le-chamanisme-en-Siberie.html
http://www.editions-tredaniel.com/les-secrets-du-chamanisme-siberien-p-5229.html
http://angelsplace.perso.sfr.fr/Chamanisme.htm
http://www.magiemetapsychique.org/t2121-les-7-principes-du-chamanisme-amerindien ( jerry du fond foireux )
http://www.izazen.fr/forum/index.php?topic=946.0
Satinka est chaman, ( En 1939, il a soixante dix ans donc né en 1869. )il a des descendants Amérindiens... Et Sibériens. Durant ses voyages, il a été l'amant d'une vieille grecque sur le déclin, passionnée de musique et de mythologie. Son passé riche a fait de lui une sorte d'encyclopédie mouvante et il le chef spirituel des enfants. Tous les parents ne voient pas cela d'un bon oeil, mais Satinka allège leur quotidien, alors il le laisse agir.
+ donne des totems aux enfants du ghetto pour leur rendre le sourire et leur faire oublier la dure réalité. Il les fait participer à des rites chamaniques.
+ il suit la caravane des parents des Dov car il a a aidé à accouché ce dernier. C'est le médecin attiré de la famille, et une sorte de troisième grand-père accepté par le famille de Dov. Il a voyagé en Chine, et on ne parle pas beaucoup de son passé, mais on sait qu'il appartient à l'ethnie Dolgane et que ses parents étaient de grands chasseurs.
+Ses origines Amérindiennes sont l'aboutissement d'une véritable épopée : il les a hérité de sa grand mère, qui était la servante d'un riche marin de la compagnie des Indes. Alors qu'il était en voyage avec elle ( + elle était son amante, mais maltraitée et humiliée, jalousée de la femme de son maître ), cette femme hardie a fuit et traversé l'Asie dans une série d'aventures rocambolesques. Elle a finis sa vie en Sibérie où sont nés ses enfants.
+Il a quitté la Sibérie vers les années 1890, poussé à voyager car il a connu sa grand mère, morte très tard pour l'époque.

[Sa grand mère fuit vers les années 1815, alors âgé d'un peu plus de vingt ans. Elle aboutit en Sibérie à peu près âgée de trente huit ans et fonde une famille à l'âge déjà avancé de quarante cinq ans ( 1841 ), ce qui semble encore plus exceptionnel car elle a réussi à trouver un mari jeune dans une ethnie qui n'était pas du tout la sienne. Sa première fille naît en 1842, elle n'aura pour enfants qu'elle ainsi qu'une autre fille qui naît deux ans plus tard. Un dernier enfant en 1849, garçon mal-formé qui ne survit pas.
La mère de Satinka a six enfants, et lui même est né en cinquième, quelques années après son mariage ( 1861~ ).
Sa grand mère ne meurt qu'à plus de cent ans, en 1902, mais il ne le saura pas. ]

[Autre aparté : sa grand mère ( 1795-1902 ) est amérindienne par sa mère, une prostitué qui ne l'a élevé que jusqu'à l'âge de cinq ans, avant de l'abandonner dans un orphelinat pour lui laisser plus de chances d'avenir. Elle est recueillis en moins d'un an par un homme riche qui en fait la servante attitrée de sa fille. Elle est tyrannisée et aimée par cette dernière tout à la fois, et malgré une relation de dominance plutôt étrange, elles sont toutes deux amis. Cependant, à l'âge de treize ans, la grand mère de Satinka devient l'amante de son maître et ses relations avec la fille de cette dernière se détériore jusqu'à devenir tout bonnement inexistantes ou très mauvaises. (+ amour inavoué entre les deux jeunes filles ? ) ]
A CREUSER

( http://malpy.free.fr/kislev/a20.htm = à creuser )
http://emscat.revues.org/1675
Satinka devient : son ( pelisse ) + syalyja ( hiver ) + Syalyjason ? ( KOM CAY FOIREUX. ) ( Note : penser à chercher quelque chose plus convaincant, au CDI ou à la bibliothèque. Se renseigner sur la langue Dolgan. )
En gros : Son vrai nom est Syalyjason, mais il s'est renommé Satinka au cours des voyages, nom amérindien, en l'honneur de sa grand mère.

+ Grand mère de Satinka : Devient cavalière dans un clan dirigé par une femme. Elle se lie d'amitié avec cette dernière en sauvant son fils, c'est ce qui permet de faciliter son intégration.


Entourage de Dov-
-Elsa. ( Meurt pendant le naufrage. ) ( + jeune que Dov d'un an. ) ( Rôle : Dov est amoureux d'elle. C'est sa meilleur amie, rencontrée à Varsovie et orpheline. Ses parents ont été fusillés. Juive également, bien que son père ait été d'une famille catholique + c'était un intellectuel membre d'une troupe de théâtre. Elsa a été sauvée par une vieille dame qui s'occupait du théâtre où jouait son père, mais celle-ci est finalement morte de maladie dans le ghetto ; Elsa doit sa survie à Sidi qui l'a accueillie dans le groupe de gamins des rues qu'elle dirige. )

-Mégane + Florentin + Gabor. ( Même famille ; restent à Varsovie. ) ( Megane + vieille, Florentin le même âge, Gabor plus jeune de deux ans. ) ( Rôles d'amis rusés qui se serrent les coudes. Ils entraînent Dov dans des aventures merveilleuses et nourrissent son imagination ; fascinés par Satinka. ) ( + on ne voit jamais leurs parents. )

-Jal. ( Meurt pendant le naufrage. ) ( + vieux, il a seize ans. ) ( Rôle de grand frère pour Dov, plaisantin candide qui pense connaître la vie. Un peu roublard. )

-Lisa et Brishen, parents de Jal. ( Meurent dans le naufrage. )

-Korian. ( Meurt en cours de route de la grippe. ) ( + ses parents Malicia et Lazlo se séparent du groupe de Dov en France pour aller rejoindre une branche lointaine de la famille en Espagne. ) ( Korian était plus jeune de quelques mois. ) ( + peu de temps après sa mère accouche d'une fille, Zéliona. ) ( Rôle : optimiste. )

-Arron, Vadoma, Sidi, Rupa, Rachel, Dimitri, David = gamins de Varsovie. ( Sidi dirige le groupe, elle a seize ans. Elle a grandis a Varsovie, comme Arron. ) ( Arron a dix sept ans, il n'est pas souvent avec les autres. Il travaille déjà beaucoup pour son âge, il veut devenir boulanger. ) ( Vadoma a treize ans. Elle a perdu ses parents + passe son temps à dessiner avec des craies. ) ( Rupa, dix ans. Petite gitane né en Hongrie, y a passé une partie de sa vie. Elle parle encore mal la langue mais c'est une fillette débrouillarde. ) ( Rachel, gamine juive envoyée vers le sud par ses parents avec son frère Dimitri. ( Ils quittaient la Russie. ) Mais ils ont été interceptés et jetés dans le ghetto. Douze ans. ) ( Dimitri, frère de Rachel. Il a deux ans de moins et, c'est un fanfaron naïf mais sympathique. ) ( David, juif tzigane grec. Il a encore une famille, mais plus de parents. Il traîne avec les autres gamins car sa tante ne veut pas de lui dans ses pattes, ayant déjà des enfants en bas âge. )

-Ariel et Anaël, juifs orphelins ayant échappés à la tuerie de leurs parents par les Nazis. ( Ils étaient bourgeois. ) Ils quittent Varsovie avec le groupe de Dov, mais Anaël meut durant l'épidémie de grippe. Ariel suit les parents de son ami Korian en Espagne. ( Rôle : Amis de Dov. Ils lui apprennent des choses, le prennent parfois un peu de haut ; ils se disputent souvent pour des broutilles, mais s'entendent plutôt bien malgré tout, et Korian les réconcilie. )

-Deniz ( = mer ), capitaine Turque en couple avec Alcime, un français. Ce sont eux qui conduisent les clandestins vers l'Angleterre. Ils meurent dans le naufrage ( Rôles : vieux loups de mer hardis et charismatiques, mais imprudents. Ils vivent avec le groupe de Dov pendant un mois, avant le voyage fatidique.** )

-Alix = la nièce d'Alcime, se lie d'amitié avec Dov, amoureuse de Jal. Ingénus, ils se promettent une relation épistolaire, et Jal lui déclare qu'après avoir travaillé un peu pour sa famille, il reviendra s'installer en France pour elle.


Les arbres de Dov-
Dov nomme les arbres. Il joue avec eux et leur fait des colliers avec de plumes, des branches et des feuilles ; il pense qu'en construisant des attrapes-rêves avec lesquels il les décore, il pourra apercevoir les rêves des arbres.
Il parle aux arbres, ce sont ses amis.

-Tangueciel > Un sapin si grand qu'il penche un légèrement. Il a l'air de s'affaisser un peu.
-Avalpluie  > Ramure très épaisses, beaucoup de feuilles.
-Iphigénie > Tous les bouleaux blanc s'appellent Iphigénie.
-Frôlenuée > Un gigantesque pin à l'écorce pâle, qui surplombe de nombreux autres arbres.
-Éclatenuit > Arbre fourchue très fin.
-Verdoieciel > Parce-que les branches vont de tous les côtés et peignent le ciel en vert.
Foudreboire > Pin tordu.
Tasseracine > Arbre noueux et épais, sinueux.
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MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeLun 25 Nov - 20:32

Bonjour ! La fiche est-elle terminée ? :ange 
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MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeLun 25 Nov - 21:12

Et non, pas encore ! ( Comme si elle n'était pas déjà assez longue. ._. ) Mais j'ai commencé à écrire la suite de l'histoire tout à l'heure ! Je ne sais pas quand je l'aurai terminé étant donné tout ce que je dois rentrer à l'intérieur mais bon... Enjoy, j'ai choisis mon sort. \o/
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MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeMar 17 Déc - 15:59

Et donc, je vais finir cette fiche pendant les vacances, ce dont je me doutais déjà, mais je passe confirmer ça maintenant.
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MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeMer 5 Fév - 22:51

Finiiiis ! En espérant que ce ne soit pas trop chiant à lire nonobstant la longueur. J'ai raccourcis l'histoire dans la crainte de ne jamais la finir x). De toute façon, j'ai ajouté des compléments pour combler les trous, son récit est clair dans ma tête et le caractère doit donner quelques éléments aussi.
Et j'étofferai les trucs à peine évoqués en rp. /O/
Voilà, bonne chance et désolé pour cette fiche trop longue et bancale. Et tout.
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Albert Gillespie

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MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeLun 10 Fév - 18:05

J'ai du mal à me prononcer sur ta fiche, si je te déteste parce qu'elle est immensément longue ou si je t'adore parce que j'ai été complètement transportée. Dans tous les cas ! Bienvenue chez nous et excuse moi pour le temps de validation !

Tu es donc validé(e)~

Si le cœur t'en dis, tu peux poster une fiche de relations pour Dov ici, demander un rp et poster sa participation au couronnement de la nouvelle princesse ! N'oublie pas d'envoyer la (les) bêtises/hontes de ton orphelin au Sycophante~ !
N'oublie pas de poster les formulaires correspondants dans le bottin des avatar, les postes à pourvoir et la liste des totems pour réserver ton avatar, ton travail à Cloverfield et ton totem !

Bon jeu ♥
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MessageSujet: Re: Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves l'a posé dans sa mère.   Dov Tzirel- Le chuchotement des sylves  l'a posé dans sa mère. Icon_minitimeMar 18 Fév - 13:35

Oh, merci beaucoup de m'avoir validé. *w* Je vais terminer mon inscription en bonne et due forme et venir polluer votre doux forum avec mon roux poisseux. :D
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