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| | Je couds, tu couds, nous cousons... ♪ [ With Malice ] | |
| Auteur | Message |
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Levy Bridges
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Rang : 4 Totem : Shiba Inu Messages : 57 Age : 26 Pseudo : Shemsy
Once upon a time Âge du personnage: 14 ans Date d'arrivée à Cloverfield: 6 janviers 1928
| Sujet: Je couds, tu couds, nous cousons... ♪ [ With Malice ] Ven 5 Avr - 21:02 | |
| 15h34. Travail communautaire obligatoire. Et fichtrement ennuyeux.
Les orphelins défilaient devant moi, m’apportant chacun un vêtement à recoudre. La plupart passaient me voir, me donnaient des instructions, puis partaient pour revenir sûrement le lendemain et récupérer leurs habits. C’était toujours la même chose, le même mouvement, encore et encore. Prendre une aiguille fine, attachée à une ficelle de couleur appropriée, et la passer dans le tissu pour refermer les trous. Et parfois raccommoder des boutons, bien que cela restait un peu moins courant. Après tout, les boutons n’étaient pas indispensables, excepté dans certains costumes plus… raffinés, dirais-je. Ceux-là venaient plus particulièrement de l’Aristocratie et de la Royauté, qu’il devait être pris en charge en priorité bien évidemment. Mais pour le moment, je n’avais reçu de tâche que d’enfants de rang un à sept, le reste de la population de Cloverfield prenant grand soin de leur tenue et évitant au possible les corvées.
Et je faisais partie des rangs sept, alors je ne pouvais pas me permettre d’agir de la sorte. Le Sycophante et ses sbires risquaient dans le cas contraire de me tomber dessus, et c’était bien la dernière chose que je souhaitais. Pourtant, on ne pouvait pas dire que rester enfermée dans la buanderie était des plus amusants : c’était une pièce de stockage contenant divers objets, qui lui donnait des airs de range tout peu agréable pour y travailler correctement. Et puis, il n’y avait que peu de luminosité ici, ce qui rendait la couture encore plus compliquée. Je plissais les yeux et me penchais encore plus sur l’habit que j’étais actuellement en train de recoudre, prenant garde à ne pas me piquer –une fois de plus- le doigt. Ces derniers étaient d’ailleurs recouverts de petits pansements, à cause des nombreuses fois où cela était arrivé. Et j’avais encore un autre pansement sur le coude, un bandage autour de la jambe, et un autre sur le bras. Signes que j’avais encore été martyrisé assez récemment. Les douleurs étaient encore présentes, mais je l’ignorais. Tout comme j’ignorais les courbatures dans mon dos, à force de me courber pour voir ce que je faisais et où je piquais mon aiguille.
En fait, le seul avantage, c’était que la salle était actuellement très calme. Nous, couturiers, étions tous concentrés sur notre travail, même si quelques chuchotements se faisaient entendre. La majorité des enfants qui avaient besoin de nos services étaient déjà passés, laissant derrière eux plusieurs piles triées en fonction de leur classe et de leur rang. Et le lendemain matin, comme à chaque, nous rendrions les habits à leur propriétaire et en prendrions de nouveaux. Toujours la même chose. Au fond, cette routine avec quelque chose d’assez rassurant. Cela voulait dire que tout allait bien, qu’il n’y avait rien d’anormal en ce moment. Encore fallait-il penser que cet endroit était normal…
Je sentis une petite douleur aiguë dans mon index. Je sursautais et observais celui-ci, qui se teintait de rouge. Ah, il fallait toujours que j’arrive à me piquer de la sorte. Je poussais un soupir discret en portant mon doigt à ma bouche pour stopper le sang et faire un peu évacuer la douleur. Je pensais d’abord à me rendre à l’infirmerie, mais renonçais bien vite à cette idée : je n’allais pas leur demander de s’occuper de moi pour une éraflure, tout de même. Je me remis donc à coudre, non sans faire plusieurs pauses pour aspirer le sang qui coulait de mon index et ainsi éviter de tâcher les vêtements. |
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♣ Invité ♣
| Sujet: Re: Je couds, tu couds, nous cousons... ♪ [ With Malice ] Mar 23 Avr - 11:55 | |
| J'aimerais pouvoir vous parler des événements majeurs de ma vie, de tout ce qui a pu avoir un impact sur moi au cours de ces dernières années. J'aimerais pouvoir me lamenter pendant des heures, écrire mes mémoires et tirer des larmes de vos yeux éblouis par la grâce et la bonté de ma personne. J'aimerais bien. Mais je ne peux pas. L'ennui, c'est que ces événements divers et variés sont pour la plupart plutôt quelconques, et si d'autres virent davantage vers le "joyeusement dingue", il ne passent jamais au premier plan. Pourquoi serait-ce le cas? Il y a d'autres choses dans ce bas-monde qui méritent plus d'attention qu'un bordel qui brûle, qu'un gamin psychopathe qui règne à coups de crayons de couleur, ou que des monstres qui rôdent comme des fourmis tueuses une fois le soleil couché. Non, non vraiment, il y a plus important que ça.
Moi.
Mes propres besoins, envies, lubies avant tout et tout le monde. Pourquoi devrais-je m'occuper des autres? Je ne suis le valet que de deux personnes qui, par chance ou malchance, préfèrent me savoir loin d'eux. Tout ce que j'ai à faire c'est attendre qu'ils soient trop paresseux pour aller chercher quelque chose et m'envoient le faire à leur place; ranger leurs vêtements que d'autres avant moi ont lavé, repassé, plié, rapiécé même parfois. Je dois m'assurer que l'eau de leur bain et à la bonne température, et puis ils me congédient -- j'aurais, soit-disant, l'oeil baladeur. Je ne vois pas en quoi c'est dérangeant, mais il ne faut jamais froisser un aristocrate, ce sont des gens lunatiques et capricieux, ma mère me l'a souvent répété. Ou alors c'était une autre femme de la maison close, qui aurait pu passer pour ma mère. Bon, bon, j'avoue: la plupart du temps, je ne me souvenais plus de quel utérus je m'étais extirpé, et alors, ce n'est tout de même pas un crime! Par ailleurs, je suis persuadé qu'elle-même devait avoir du mal à se rappeler si j'étais le sien ou celui d'une autre, si cet autre gamin plus calme là-bas n'était pas plutôt à elle. Cela dit, elle avait l'avantage d'avoir le plus beau gamin de tout l'établissement, donc au fond, ça ne serait pas flatteur qu'elle ait oublié. Enfin, à quoi bon s'attarder, elle est morte, de toute façon. En plus, j'ai d'autres choses à faire.
Aujourd'hui, mesdames et messieurs, est un jour sombre: ma veste, ma plus belle veste, celle dont la couleur met si bien ma peau en valeur... Elle est trouée. Je n'ai aucune idée de comment cela a bien pu arriver, je fais pourtant tellement attention à ne jamais me livrer à une quelconque activité dangereuse! Peut-être est-ce arrivé quand j'ai décidé d'observer de plus près la lame de ce supposé preux chevalier sans humour, ou alors je me suis pris dans un clou qui dépassait d'un mur, pourquoi pas? Mais le fait est que je ne peux de toute évidence pas me pavaner comme ça, ce serait indigne de ma personne.
Profitant donc d'un moment de répit, je me rends prestement à la buanderie, là où s'affairent tous ces gamins qui n'accordent que peu de valeur à leur vue. Il y en aura bien un qui n'a rien à faire de plus urgent que ça! En entrant, je distingue plusieurs formes qui m'ont l'air humaines, vaguement, comme des bestioles de légende. Je plisse les yeux; je ne vois rien d'autre que ces formes floues et inintéressantes. Autrement dit, je suis, une fois encore, la personne la plus importante de la pièce. Je marche donc à droite de la petite file d'attente, repoussant d'un geste dédaigneux ceux qui en dépassent un peu, et je me dirige vers la première petite fourmi que je trouve. Je la vois sans la regarder, elle m'a l'air terne comparé à moi qui suis si chatoyant et beau. Sans rire, si vous preniez les plus jolis morceaux de tous les gamins rassemblés ici pour ensuite en faire un seul être, même en s'acharnant vraiment à en faire le plus beau Franklestène (c'est bien ça, le truc recomposé qui vit et qui mange des gens?) possible, il ne m'arriverait même pas à la cheville. A peine au petit orteil. C'est triste, je sais, mais c'est comme ça.
Bref.
"Eh," j'interpelle la gamine, avec ma voix délicieuse et tellement charmante. Quand elle relève la tête, je lui colle ma veste sous le nez. Pas besoin de cérémonie, dites donc, elle est là pour ça. Elle est le larbin du larbin que je suis censé être. Je suis trop joli pour être la bonne à tout faire. "Là, un trou. Et tu te dépêches, hein, j'ai pas toute la fin de journée devant moi, j'ai du travail." Bien insister sur le mot "travail", pour qu'il ait l'air plus important que son mot 'travail' à elle. Parce que ce que je fais est plus important. Parce que je suis plus important. CQFD. |
| | | Levy Bridges
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Once upon a time Âge du personnage: 14 ans Date d'arrivée à Cloverfield: 6 janviers 1928
| Sujet: Re: Je couds, tu couds, nous cousons... ♪ [ With Malice ] Mar 23 Avr - 16:48 | |
| J’étais concentrée sur le vêtement que je raccommodais actuellement. Je faisais attention à ne pas me piquer à nouveau le doigt, tout en essayant d’être aussi rapide que possible dans mes tâches. Pas facile, quand on savait que je répétais encore et encore les mêmes mouvements depuis presque une heure maintenant et que mes bras commençaient à trembler. Légèrement. C’était à peine visible. Mais ils tremblaient quand même, et quand un métier demandait autant de précision, ce n’était pas la meilleure chose qui puisse arriver. Toute mon attention était posée sur cet habit, raison pour laquelle je ne remarquais la présence d’un visiteur apparemment très pressé que lorsque je sentis du tissu recouvrir mon visage.
"Eh,"
Je levais la tête. Juste un peu. Juste assez pour détailler celui qui agissait avec aussi peu de gêne. Il semblait un peu plus âgé que moi, malgré les traits de son visage encore doux qui témoignaient de sa condition d’enfant. Même si ma vision était habituée au peu d’éclairage présent dans la salle, je dus plisser les yeux pour mieux le détailler. Il semblait avoir des cheveux clairs, sûrement blonds. Ses yeux… je n’arrivais simplement pas à cerner leur couleur. Quoi que ce ne fût pas très surprenant dans l’ombre de la buanderie, j’étais un tantinet plus à l’aise lorsque je pouvais observer à quoi ressemblait mon interlocuteur.
"Là, un trou. Et tu te dépêches, hein, j'ai pas toute la fin de journée devant moi, j'ai du travail."
Je n’aimais pas le ton qu’il prenait. Même si j’étais de bas rang, mes camarades, si je pouvais les appeler ainsi, restaient respectueux dans leur manière de me parler quand ils savaient que je pouvais leur recoudre quelque chose. Pas là. C’était inhabituel, j’en conclus donc que, ou cette personne était dotée d’une grande arrogance, ou c’était un membre de l’Aristocratie. D’un naturel prudent et craintif, je ne pris pas le risque de l’envoyer balader au bout de la file d’attente, comme tous les autres, et pris ce qui semblait être une veste entre mes petites mains, en hochant la tête d’un signe positif. Je l’observais, le retournais sous les coutumes. Le trou était assez gros. Et avec un tissu aussi soyeux que celui-ci, il allait falloir que je m’applique. Cela risquait de prendre un petit bout de temps. Normalement, pour ce genre de commande, je m’assurais d’être dans de meilleures conditions pour recoudre l’habit comme il se le devait. Or, j’étais loin d’être dans un lieu qui favoriserait une bonne ambiance de travail, si j’osais dire. Je poussais un petit soupir.
Je pris le risque de regarder dans les yeux le garçon. Il paraissait sûr de lui. Certainement beaucoup trop, mais suffisamment pour me convaincre que je devrais lui obéir sans faire plus de cérémonie. Et puis, même sa tenue témoignait de son rang privilégiait. Je l’enviais pour avoir une telle chance. J’agis donc en conséquence, bien qu’un peu intimidée sur le coup. Je partis chercher un fil de même couleur que sa veste, récupérais une nouvelle aiguille pour ne pas avoir à perdre tout ce que j’avais déjà fait sur cet autre vêtement sur lequel je travaillais quelques instants plus tôt. Puis je fis signe à la file de partir. Pas méchamment, plutôt d’un geste hésitant d’ailleurs. Mais ils ne leur serviraient à rien d’attendre ici : j’allais devoir beaucoup m’appliquer sur cette tâche. Cela risquait de me prendre dix minutes. Au moins. Je levais les mains, affichant à l’aide de mes doigts le chiffre dix, espérant qu'il comprenne mon message, sans même lever les yeux vers l’orphelin. Pas par manque de politesse, au contraire. C’était que j’étais en train de raccrocher le fil à l’aiguille, chose bien compliquée à faire. Je ne devais pas lâcher du regard un instant ce que je faisais, surtout qu’il n’y avait presque pas de lumière dans cette pièce.
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| Sujet: Re: Je couds, tu couds, nous cousons... ♪ [ With Malice ] | |
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