EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché



 

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 EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché

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Le Sycophante

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MessageSujet: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 25 Nov - 1:26


Procès d'Andreas Sheppard.


Même les Hauts Aristocrates pouvaient être punis. Même le Comte n'était pas protégé du Sycophante et de ses yeux qui voyaient tout. Dans un sens, cet évènement redonna de l'espoir aux orphelins : ils étaient tous dans le même bateau face aux monstres. Andreas, qui avait fui vers la forêt dès le début du discours du Prince, avait rapidement été rattrapé par la foule d'enfants survoltés. Il n'aurait pas pu aller bien loin de toute manière... Il fut ramené sans ménagement dans le Club des Aristocrates. Certains des plus téméraires ne se privèrent pas de le frapper : aujourd'hui était un jour spécial.

Sur son trône, le Prince ne cachait pas son ravissement. Rien de personnel, le garçon semblait juste apprécier la détresse des autres, Aristocrate ou non, Andreas ou non. Lucifel se leva et soupira avant d'ululer : « Andreas, Andreas, Andreas... A peine nommé que tu déshonores déjà notre Ordre, notre Rang. Être ainsi exposé souille la belle couleur rouge du crayon qui t'a été accordé. Mais ne t'inquiète pas, tu ne pas pas perdre ton rang... » Lucifel lui adressa un joli sourire avant de jeter un œil à Alix, qui gloussa, puis de se retourner vers le Comte ligoté : « Enfin, si tu survis bien sûr~ ! » Pas à pas, le Prince descendit la pyramide au sommet de laquelle se trouvait son trône et se posta devant Andreas. Doucement, il effleura du bout des doigts l'arrête de sa mâchoire, sa joue, ses lèvres. Puis il le dépassa en clamant : « Tous à la souche du courage ! »





Le cortège serpentait dans le parc au crépuscule, direction la lisière de la forêt. Armés de torches et de bâtons, les orphelins scandaient des chants de guerre, surexcités. Ils allaient châtier un meurtrier, ils allaient châtier un Comte ! Vers la tête de la file en délire se trouvait Andreas, tiré et poussé, les mains liées. L'Aristocratie ouvrait fièrement la marche. Bientôt se dessina devant eux l'imposante souche de chêne séculaire : la souche du courage. Andreas fut brutalement assis sur la souche, face à la forêt, avant d'y être solidement ligoté par les orphelins les plus forts : ainsi serrèrent-ils les nœuds autant que possible.

L'Aristocratie se posta en rond autour de lui et le Prince fendit le cercle pour s'approcher du Comte, l'air visiblement heureux. Il lui sourit et se pencha pour lui minauder de sa plus insupportable petite voix : « Tu paieras par là où tu as péché, Andreas. Espérons pour toi que tu ais plus de chance que ce pauvre John... Tu passeras la nuit ici et nous viendrons au matin récupérer ce qu'il reste de toi, vivant ou mort, entier ou en morceaux. » Son sourire s'élargit. « Dans le cas où tu réussirais à défaire tes liens, sache que toutes les portes de Cloverfield seront fermées. Tu seras donc coincé dehors dans tous les cas. Et Dieu seul sait si l'extérieur est mille fois plus dangereux que l'intérieur... Surtout la nuit. Parce que, la nuit, tout est bien plus effrayant, n'est-ce pas ? » Derrière lui, Alexiel s'éclaircit la gorge : « La nuit tombe, mon Prince, nous devrions le laisser là. » Lucifel se redressa. « Oui. Tu peux remercier Malice, Andreas. » D'un geste, le garçon désigna le valet derrière lui et les deux orphelins se jaugèrent du regard, l'un triomphant et l'autre plein de rancœur malgré son visage tranquille.

Puis, peu à peu, les orphelins se retirèrent et repartirent prestement vers le bâtiment principal. La nuit était presque tombée et la leur des torches des enfants s'éloignèrent avant de disparaître. Andreas était désormais seul face à la masse noire et dense de la forêt. Le silence qui avait suivi le départ des enfants fut bientôt meublé par les craquements, les froissements, les bruissements et autres cris d'animaux. Immobile, Andreas tendait l'oreille, à l'affut des murmures caractéristiques des Remords. Ou peut-être que ce serait le Mirage ou la Fièvre qui viendraient... Elles n'avaient pas l'air particulièrement agressif malgré les vapeurs empoisonnées que dégageait la Fièvre. Pas le même genre que la Propagande ou l'Enfance ou même parfois la Perte, qui semblaient bien plus teigneuses. Non, elles semblaient calmes... Mais de quoi pouvait-on être sûr avec ces créatures ?

Un plan, il fallait un plan pour se détacher ou, au moins, trouver un moyen d'esquiver d'éventuelles attaques. Il n'était que vingt heures et il lui faudrait tenir jusqu'à huit heures demain matin. Douze heures de survie. La chance. Seule la chance pouvait le sauver à présent.





Malice Ainsworth gagne le droit de donner une mission à quelqu'un via le Sycophante. Il peut utiliser ce bonus à n'importe quel moment. Contacter Lucifel pour toute question~ Félicitations à lui ! ♥
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 25 Nov - 1:26

CONCRÈTEMENT...

Andreas, te voilà dans le pétrin ! Pour t'aider tu as à ta disposition ta plume et la chance. Ta chance, ce sont les dés. Tu devras, à la suite de ce topic, poster le récit de la nuit d'Andreas. Personne d'autres que toi n'aura le droit de répondre, c'est comme si tu RP avec un PNJ. Tu devras suivre les règles de rp normales et pourras mener ta mission à bien en autant de messages que tu voudras. Le tout étant de finir le topic dans un délai d'un mois. Dans tes messages, tu pourras utiliser le dé « Let's gamble ! » et tu trouveras son principe explique ici. Ce n'est pas obligatoire mais c'est quand même plus drôle d'introduire un peu de hasard dans tout ça, non ? Avec les dés « oui » et « non », tu pourras établir plusieurs cas de figure (actions d'Andreas, évènements extérieurs, mouvements des ennemis, etc). A toi d'établir le degré de difficultés des obstacles que croisera Andreas dans son aventure. Et si ce n'est pas assez hardcore pour toi, tu as toujours le dé « Remords »... D'ailleurs, je vais lancer ce dé-ci trois fois ! S'il n'y a aucun remords qui sort, tu es tranquille. S'il y en a un qui sort, un petit groupe de Remords (environ six) finira par se pointer. S'il a deux fois la face « Remords ! » qui sort, il y en aura une quinzaine. Et s'il y en trois... pas moins d'une vingtaine te feront coucou. A toi d'inclure ça dans tes rp.

Bonne chance ! ♥



PS : Tu n'es pas à l'abri d'un admin sadique qui viendrait pimenter ton périple avec un compte PNJ... Cela ne se vérifiera peut-être pas et peut-être qu'il ne postera qu'une fois, mais... Je dis ça, je dis rien ! 8D
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 25 Nov - 1:26

Le membre 'Le Sycophante' a effectué l'action suivante : Have you any remorses ?

'Remords' :
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Andreas A. Sheppard

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 25 Nov - 16:41



Avant la nuit


Dès que l’annonce d’une chasse à l’homme avait été proclamée, Andreas avait tout fait pour rester le plus discret possible.
S’il avait été ravi d’apprendre que le Sycophante avait dénoncé un orphelin désobéissant au Prince, il avait été beaucoup moins heureux d’entendre que le crime commis était celui qu’il avait perpétré quelques semaines plus tôt. Il aurait été bien incapable de se souvenir du visage de l’orphelin qui avait péri à sa place, ni pourquoi il l’avait fait accuser à ce moment-là.
Tout en arpentant les couloirs les moins fréquentés de Cloverfield, il s’était posé mille et une questions. Pourquoi l’étrange dame aux nombreux yeux avait-elle décidé de parler à la royauté si longtemps après les faits ? Et surtout, pourquoi lui ? Avait-il fait quelque chose qui aurait pu lui déplaire ? Avait-elle été mécontente que ce soit lui qui ramène les feuilles au Mirage gardant le grand miroir au fond du grenier ?
Rien que de repenser à son aventure de l’autre côté de la glace, il en eut des frissons. Il n’avait pas spécialement apprécié ce qu’il y avait vu. Mais, curieux comme il était, il savait pertinemment qu’il y retournerait un jour.
En soupirant, il se contenta de rester dissimulé dans les ombres, s’adaptant à la situation pour ne pas se faire remarquer.
Il fallait bien l’avouer, le Comte angoissait. S’il était démasqué, que lui arriverait-il ? Rien de bien joyeux, sans aucun doute. Aussi, ce fut avec appréhension qu’il regarda les jours défiler. Une première journée sans être découvert, puis deux, puis trois ... Au bout du sixième jour, il commença à se détendre un peu, se disant que peut-être, juste cette fois, la chance serait de son côté.
Mais ses espoirs furent très rapidement brisés lorsqu’une nouvelle annonce retentit dans les haut-parleurs de Cloverfield. Lucifel laissa échapper de sa petite voix mièvre et rendue suraiguë par l’excitation un indice qui allait forcément causer sa perte.
En pestant, l’ancien fossoyeur s’était terré dans les ombres, toujours un peu plus, s’enveloppant dans son grand manteau noir et élimé, cachant son visage derrière l’espèce de vieille fourrure sombre et rongée aux mites bordant le col.
Quelques heures à peine après cette déclaration, on entendit de nouveau parler son Altesse.
Cette fois, Andreas savait que son temps était compté. Il ne prit même pas la peine d’écouter ce que le Corbeau avait à dire. Il savait pertinemment que la chasse serait lancée et sa tête mise à prix.
Silencieusement, il passa de pièce en pièce, puis finalement se mit à trottiner sur la pointe des pieds.
Une voix retentit, toute proche.

« LE VOILA ! »

Laissant échapper un juron, Andreas fila vers la porte d’entrée de Cloverfield. Dehors, il courut à toute vitesse dans l’espoir d’atteindre la forêt. A ce moment, il ne savait pas ce qui était le plus dangereux : les monstres rôdant dans les bois ou les orphelins lancés à sa suite ?
Il n’eut pas le temps d’y réfléchir d’avantage. Une masse le heurta dans le dos et le fit trébucher. Un enfant se jeta dans ses jambes, le faisant tomber en avant. Il s’écrasa lourdement sur le sol tandis qu’une foule piaffante et surexcitée le maintenait immobile. On lui tira les bras en arrière et on lui noua les poignets, si fort qu’il se demanda par quel miracle son sang parvenait encore à alimenter ses mains.
Un garçonnet lui mit un coup de pied dans les côtes, arrachant au Comte un grognement de douleur. Les enfants applaudirent cette initiative tandis qu’on l’amenait au reste de l’Aristocratie. D’autres gamins ne se gênèrent pas pour le frapper à leur tour. Andreas, mâchoires serrées, ne put rien faire d’autre que de se laisser ainsi traîner jusqu’au grenier.
D’un coup dans le creux des genoux, on le fit tomber aux pieds du trône de Lucifel, qui le dévisageait avec une joie non dissimulée. L’adolescent soutenait son regard, une mèche de cheveux d’un violet pâle tombant devant son œil gauche. Extérieurement, sa tension était visible, mais sans plus. Intérieurement, il enrageait.

« Non », pensait-il, « non, non, non ! Je ne veux pas redescendre ! Pas après cette chasse aux feuilles stupide ! Je refuse de retomber dans la masse. »

Le Comte était persuadé qu’il ne resterait pas aristocrate bien longtemps. Après un crime pareil, que pouvait-il lui arriver d’autre, sinon d’être rétrogradé rang 7 ? Il ne supporterait pas les regards moqueurs, les répliques cinglantes et les attitudes déplacées de personnes qu’il se mettrait bien vite à détester. Ce fut alors que Lucifel prit la parole.

« Andreas, Andreas, Andreas... A peine nommé que tu déshonores déjà notre Ordre, notre Rang. Être ainsi exposé souille la belle couleur rouge du crayon qui t'a été accordé. Mais ne t'inquiète pas, tu ne vas pas perdre ton rang... »

Le jeune homme écarquilla les yeux en fronçant légèrement les sourcils. Quelque chose se préparait, quelque chose de gros, et il n’aimait pas ça du tout. Le petit gloussement de la Princesse confirma sa pensée.

« Enfin, si tu survis bien sûr~ ! » acheva Lucifel, un sourire éclatant accroché aux lèvres.

Le garçonnet descendit de son trône, pas à pas, prenant son temps. Lorsqu’il arriva à la hauteur d’Andreas, il laissa courir ses doigts sur son visage, effleurant sa mâchoire, sa joue et finalement sa bouche. L’ancien fossoyeur eut un mince sourire extrêmement provoquant tandis que sa langue darda rapidement d’entre ses lèvres fines, léchant brièvement les petits doigts pâles avant de retourner se cacher. Ca n’était pas un geste de soumission ni de supplique pour se faire bien voir. Non, c’était tout simplement la réponse à un petit jeu qui allait débuter ici et maintenant, et que le Comte prendrait un grand plaisir à faire durer aussi longtemps que possible s’il se tirait de ce qui l’attendait.

« Tous à la souche du courage ! » clama Lucifel.

On releva Andreas sans ménagements et on le poussa en tête de file. Bousculé et malmené, il dû supporter le manège des enfants autour de lui, qui s’étaient armés de torches et de bâtons. La procession avançant dans le parc illuminé par les lueurs dorées et chaudes du crépuscule devait ressembler trait pour trait à celles du Moyen-âge, au temps de la chasse aux sorcières.
Enfin, l’imposante silhouette de la souche du courage se dessina devant eux.
Une fois arrivés, les orphelins firent s’asseoir Andreas sans tendresse aucune, face à la forêt. Ses mains restèrent liées dans son dos tandis qu’on passait des cordes autour de lui, le liant à la souche. Les plus âgés et plus fort de ses camarades de pensionnat se chargèrent des nœuds, les resserrant si fort qu’ils parvinrent à arracher au jeune homme un rictus de douleur et un grognement énervé. Il se jura de leur faire payer ce traitement. S’il survivait à cette nuit, ils regretteraient amèrement, car il resterait Comte malgré tout, et ils n’auraient toujours pas le droit de lever la main sur lui.
Il détailla les visages des Aristocrates qui l’entouraient. Tous, à l’exception de l’éternellement neutre Leonild, avaient l’air ravis de le voir là. Le Prince fendit la foule et s’approcha de l’ancien fossoyeur. Sa voix s’éleva, toujours aussi désagréable et irritante.

« Tu paieras par là où tu as péché, Andreas. Espérons pour toi que tu ais plus de chance que ce pauvre John... Tu passeras la nuit ici et nous viendrons au matin récupérer ce qu'il reste de toi, vivant ou mort, entier ou en morceaux. »

Andreas eut un court moment d’absence. Ainsi donc, voilà quel était son châtiment : subir la même punition que John quelques semaines auparavant. Les Remords seraient-ils plus tendre avec lui qu’avec l’infortuné garçonnet ? Il en doutait grandement.
Lucifel reprit.

« Dans le cas où tu réussirais à défaire tes liens, sache que toutes les portes de Cloverfield seront fermées. Tu seras donc coincé dehors dans tous les cas. Et Dieu seul sait si l'extérieur est mille fois plus dangereux que l'intérieur... Surtout la nuit. Parce que, la nuit, tout est bien plus effrayant, n'est-ce pas ? »

Andreas plissa légèrement les yeux. Il allait être enfermé dehors, à la merci des monstres qui rôderaient dans le domaine dès lors que le soleil aurait disparu de l’autre côté de l’horizon. Il était ligoté face à la forêt, leur domaine, et s’il parvenait par miracle à se détacher, il ne pourrait pas entrer se mettre à l’abri. Il allait falloir survivre autrement.
Le ciel se teinta de bleu. Alexiel fit remarquer qu’il était temps pour tous de laisser l’adolescent à son sort. Lucifel acquiesça, et en profita pour révéler à Andreas le nom de celui qui l’avait dénoncé.
Tournant la tête, il planta son regard d’un bleu éclatant dans celui de Malice. Il dévisagea longuement le valet qui souriait, l’air profondément satisfait de son petit tour.
Et, doucement, un mince sourire se peignit sur le visage d’Andreas. Un sourire profondément mauvais et malsain. Il murmura d’une voix calme, mais au ton lourd de sens :

« On se reverra en Enfer, très cher. »

Un instant plus tard, la foule se mettait en marche en direction de la bâtisse rassurante et, surtout, sécurisée qu’était l’orphelinat. Le brouhaha céda bientôt la place à un silence pesant, assourdissant même. Silence qui ne dura pas longtemps. Tous les bruits nocturnes de la forêt se mirent à retentir autour de lui. Le noir s’était abattu depuis bien longtemps sur le paysage angoissant qui entourait le jeune homme ligoté à sa souche. Douze heures, il allait lui falloir tenir douze heures. Il refusait d’y rester. Il n’avait pas envie de mourir.
Pas ce soir.
Pas comme ça.
Il baissa légèrement la tête, ses yeux rivés sur la forêt. Aux aguets, il attendait que quelque chose bouge. Et il serait prêt à recevoir ce qui viendrait à sa rencontre.
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Andreas A. Sheppard

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 25 Nov - 18:57


20h00

« Réfléchis », pensa nerveusement Andreas, « réfléchis bon sang ! Tu ne vas pas te laisser avoir comme ça ! Un plan ... il te faut un plan. »

Le jeune homme regardait de droite et de gauche, tournant vivement la tête dès qu’il entendait un bruit un peu trop proche à son goût. Il luttait pour ne pas se laisser envahir par une appréhension bien compréhensible. Après tout, il était à la merci de n’importe quel créature ou monstre, ligoté et sans défense.

« D’abord, me détacher ... si je me détache, je pourrai répliquer en cas d’attaque. »

La question était de savoir comment il allait procéder. Il avait beau être débrouillard, il n’en restait pas moins humain. Pas de pouvoirs spéciaux, pas de force extraordinaire pour se sortir de là : seulement ce qu’il avait à disposition, soit pas grand-chose, et sa tête.
Le garçon ferma les yeux et inspira longuement à plusieurs reprises. Ce n’était certainement pas le moment d’être faible ! Un bruissement attira son attention. Redressant la tête, il regarda en direction d’un buisson proche qui remuait faiblement. Un petit cliquetis se fit entendre, et enfin, un museau blanc apparu entre les feuilles. Andreas soupira.

« Un lapin ... »

Regardant droit devant lui, il se dit qu’il était bien dommage qu’il n’ait rien pour attirer l’animal. Il aurait pu l’amadouer suffisamment pour qu’il ronge les cordes – ou s’approcher assez pour qu’Andreas se serve de lui en cas de problème ; le rongeur aurait fait un met de choix pour les Remords.
Les longs doigts fins de l’ancien fossoyeur grattèrent l’écorce rêche de la souche et la terre sèche et poussiéreuse. Il cherchait quelque chose, quelque chose qui aurait pu lui servir pour se libérer.
Il se rappelait d’un jour, bien avant l’orphelinat, où l’un de ses clients avait été pris d’une envie subite et toute aussi inexpliquée que ridicule de l’emmener en ville, dans l’un de ces cinématographes qui, il fallait l’avouer, avaient quelque chose de fascinant. Andreas se souvint avoir patiemment supporté cette petite sortie, mais s’était laissé prendre au jeu des images mouvantes et parlantes. Ils étaient allés voir un western. Durant la seconde moitié du film, le héros, capturé et ligoté comme il l’était maintenant, se servait d’une pierre qu’il avait trouvée près de lui pour trancher ses liens et s’échapper.
Mais Andreas dû se rendre à l’évidence : tout ce qu’il sentait sous ses mains, c’était des gravillons pas plus gros que son ongle. En soupirant, il se résigna à en attraper un et entreprit d’user les cordes qui maintenaient ses poignets liés ensemble.
Le lapin était sortit de son buisson et reniflait prudemment devant lui, aux aguets. Le Comte ne pouvait s’empêcher de le trouver ridicule, ainsi recroquevillé sur lui-même, prêt à détaler au moindre bruit. Il lui rappelait les orphelins incolores et inodores de Cloverfield, ceux condamnés à rester à tout jamais dans les rangs les plus bas car trop peureux et lâches pour oser se battre pour monter en grade.
Le jeune homme continuait de frotter son caillou contre les cordes, faisant jouer ses mains de temps à autres pour tenter de rendre le chanvre plus lâche, et donc plus facilement cassable.
Ses yeux bleus scrutaient le paysage alentour.
Il était énervé et inquiet. La panique était encore loin de l’atteindre, mais la tension ne le quittait plus. Il en voulait mortellement à Malice de l’avoir dénoncé. Tout en frottant sur ses entraves, il réfléchissait à la manière de faire payer le valet. Des idées noires traversèrent l’esprit du jeune homme aux cheveux pourpres, des envies de violences, un désir malsain et exacerbé de lui faire mal, et ce de toutes les façons possibles. Un sourire détestable se peignit sur son visage tandis qu’il visualisait les scènes de façon redoutablement précise et détaillée.

« On verra lequel de nous deux aime le plus être attaché, chéri » pensa-t-il en jubilant d’avance.

Tout à ses sombres desseins, il n’avait pas remarqué le net changement d’ambiance.
Il finit néanmoins par froncer les sourcils et redresser la tête. Son regard bleu se remit à scruter les alentours. Plus rien ne bougeait. Pas un souffle de vent ne venait agiter la végétation. Tout était calme. A vrai dire, il n’y avait pas un bruit. Pas le moindre petit insecte, rien.
Et surtout, une question taraudait Andreas.

Où était le lapin ?

Déglutissant, ses mouvements se firent un peu plus nerveux et rapide.
Et tout à coup, il les entendit.
Les murmures.
Il écarquilla les yeux et son cœur rata un battement tandis qu’il fixait la lisière de la forêt devant lui. Dans les ombres, il lui sembla percevoir un mouvement. Il se figea, attentif, tous les sens en alerte.
Une silhouette se découpa dans les ténèbres. Puis une autre. Et une autre. Et encore une autre. Andreas écarquilla d'autant plus les yeux.

« Mais combien sont-ils, bon sang !? »

Les créatures tant redoutées de l’orphelinat Cloverfield sortirent du couvert des hauts arbres. Celui qui se tenait en avant du groupe avait le visage couvert de sang, et dans son poing serré se trouvait la carcasse du lapin à moitié dévoré.
Il sembla à Andreas que son cœur cessa de battre un instant avant de se remettre à cogner à toute vitesse.

« Non ... non non non non ! »

Il se débattit de toutes ses forces, tirant sur les cordelettes liant ses poings. Il ne savait pas du tout s’il avait réussi à les user suffisamment pour tenter de les déchirer.
Les Remords s’approchaient. Bientôt, ils ne furent plus qu’à quelques pas de lui.
Celui qui tenait le cadavre du lapin balança l’animal éventré à ses pieds. Et dans cri strident, il se jeta sur Andreas.




[LES DES SONT JETES]


Andreas arrive-t-il à briser ses liens et éviter l'attaque du Remord ?

  • Si oui et oui : les cordelettes se brisent et il file avant d'avoir été touché ;
  • Si oui et non : les cordelettes se brisent, mais il a le temps de prendre un coup avant de s'enfuir ;
  • Si non et oui : les cordelettes résistent, mais il parvient à esquiver l'attaque ;
  • Si non et non : les cordelettes résistent et il prend le coup asséné par le Remord.



Let's gamble !
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 25 Nov - 18:57

Le membre 'Andreas A. Sheppard' a effectué l'action suivante : Have you any remorses ?

#1 'Let's gamble !' :
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#2 'Let's gamble !' :
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeLun 26 Nov - 1:17

22h36

Andreas gonfla les muscles secs de ses épaules et tira aussi fort qu’il le put. Pour une fois, la chance sembla être de son côté.
Avait-il réussi à user ses liens, ou bien la corde était-elle de mauvaise qualité ? Toujours est-il que le jeune homme les brisa d’un coup sec, libérant ses mains. Cependant, il n’eut pas le temps d’éviter le coup que lui asséna le Remord. Le jeune homme grimaça de douleur en sentant les griffes de la créature s’enfoncer dans la chair de son épaule. Appuyant ses mains sur le sol, il s’adossa à la souche géante et, ramenant ses jambes à lui, balança ses pieds dans le torse du monstre qui décolla et atterrit un petit mètre plus loin. Ses camarades laissèrent échapper ce qui aurait pu ressembler à un feulement mécontent.
Andreas n’attendit pas de voir quelle serait leur réaction. Maintenant dépouillé de ses entraves, il passa celles qui le maintenaient encore à la souche du courage par-dessus sa tête et s’enfuit.
Il mit un moment avant de réussir à se remettre debout correctement, titubant en avant les dix premiers mètres, avant de se redresser et de courir.
Il couru, couru et couru encore, n’entendant que trop bien les cris des Remords derrière lui. Il lui fallait les semer, d’une façon ou d’une autre.
Son grand manteau de laine noir flottait derrière lui, ses pans frappant les cuisses du jeune homme au rythme de sa course effrénée. Il parvint enfin à s’éloigner suffisamment. Planté au beau milieu du parc, il observa la haute et imposante silhouette de l’orphelinat qui se découpait en noir sur le ciel de nuit. Le souffle un peu court, Andreas hésita un instant à foncer vers la bâtisse et, puisque les portes étaient fermées, à en briser une fenêtre pour se jeter à l’intérieur. Mais cela ne le mènerait probablement. Pire encore, il risquait sans doute plus en se précipitant sur le domaine de la Royauté alors qu’il en était banni pour la nuit.
Le Comte pesta entre ses dents serrées.

« Bon sang ! Où est-ce que je peux bien aller ? »

La lune gibbeuse suspendue dans le ciel nocturne éclairait le paysage d’une étrange et glaciale lueur argentée. Andreas tourna la tête de droite et de gauche, adaptant ses yeux à la luminosité ambiante, cherchant quelque chose, quelque part où se réfugier.
Les gémissements des Remords parvinrent à ses oreilles. Ils étaient encore loin, mais ils ne tarderaient pas à le rattraper s’il restait planter ici sans bouger.
Sans réfléchir, le jeune homme aux cheveux pourpre laissa ses pas le guider, reprenant une course rapide mais aussi silencieuse que possible.
Ce ne fut que quelques centaines de mètres plus tard qu’il comprit dans quelle direction il allait, et il ne put empêcher un petit rictus mi irrité mi amusé de marquer ses traits.
Il allait tout droit vers le cimetière.


Les cimetières n’ont jamais été connus pour être des endroits agréables ni franchement accueillants. Pourtant, Andreas fut soulagé lorsqu’il parvint enfin dans cet environnement familier. Il avait beau ne l’avoir connu que dans la journée, retrouver les tombes, les stèles et les plantes grimpantes qui rebutaient tant d’autres orphelins lui redonna un peu de courage. Prudemment, comme s’il craignait de déranger les morts, il se faufila entre les sépultures grossières et les croix de bois plus ou moins branlantes. Un mince sourire vint étirer ses lèvres fines.

« Eh bien, je vois qu’il est parfaitement entretenu ... Mais à quoi donc sert l’autre fossoyeuse, franchement. »

S’il avait été fort heureux de quitter la boue et la poussière du cimetière, il n’en avait pas moins pris soin durant ses mois de service en tant que fossoyeur. Quitte à travailler, autant bien le faire. Et puis, ça permet de se faire bien voir.
Pas à pas, il remonta le long des allées, ses pieds effleurant les feuilles mortes et les dernières demeures des enfants malchanceux qui, par accident, par maladie ou par malheur, étaient partis bien avant leurs petits camarades restés à Cloverfield.
Parfois, Andreas se demandait quel était le sort le plus enviable. Et puis il se disait qu’il y avait bien trop de choses amusantes et agréables à faire avant de songer à sortir de scène.
Une légère brise se leva, agitant les branches des arbres entourant le domaine, marquant une nouvelle fois l’orée de la forêt menaçante cerclant l’orphelinat. Le Comte se demanda ce qui pouvait bien se terrer dans cette partie-là du bois lorsque des murmures familiers se firent entendre.
Il se figea et regarda autour de lui. Pivotant sur ses talons, il observa avec attention la piste qu’il avait suivie. Des silhouettes noires avançaient dans le parc. En tout, il en dénombra une quinzaine. Peu rassuré quant à cette masse grouillante errant dans le lointain, il fit demi-tour et continua à avancer jusqu’à trouver ce qu’il cherchait.
En soupirant, il se sentit presque soulagé de voir apparaître la silhouette familière de la remise de bois à moitié pourri.
Un bruit de feuilles qui bougent attira son attention.
Son regard bleu se posa sur les buissons et l’entrée de la forêt obscure. Quelque chose bougeait là-bas, devant lui, il en était persuadé.
Un oiseau s’envola quelque part, et le mouvement se fit plus rapide. Andreas n’attendrait pas de savoir s’il s’agissait d’un autre lapin ou de quelque chose de beaucoup moins sympathique. Il se retourna et parcouru la distance qui le séparait de « sa » cabane en quelques grandes enjambées, finissant en trottant tant le bruit lui semblait proche. Il se précipita à l’intérieur et ferma derrière lui.
Le jeune homme s’adossa à la porte en soupirant et se laissa glisser contre le battant. Il posa le front contre ses genoux et grimaça en sentant la blessure de son épaule le lancer. Du bout des doigts, il saisit le col de son manteau et le fit glisser jusqu’à son coude. Les quatre plaies parallèles étaient longues mais peu profondes. Le Comte espéra simplement qu’elles ne s’infecteraient pas avant le levé du jour.
Il remit ses cheveux en place d’une main et ferma les yeux, appréciant le bref moment de répit qui lui était accordé. Il ne savait pas combien de temps il pourrait rester là avant que les Remords le trouvent, et il ne laisserait pas cela arriver ; si les monstres se ruaient dans la remise, il serait acculé sans plus d’échappatoire possible, et il mourrait bêtement au beau milieu de ses anciens outils ...
Andreas rouvrit brusquement les yeux, les sourcils légèrement froncés. Redressant la tête, il regarda autour de lui.

« Mais oui ... je suis exactement où je devais être ! »

Un regain de confiance lui arracha un mince sourire durant une brève seconde. Il promena son regard sur la pièce, cherchant quelque chose qui pourrait lui servir.
Les rayons argentés de la lune, traversant les vitres poussiéreuses de la petite fenêtre incrustée dans l’un des murs se reflétaient sur la surface luisante d’une pelle.
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeMar 27 Nov - 0:12

01h07

Andreas ne sut pas combien de temps il resta ainsi terré dans le cabanon servant de remises à ceux qui s’occupaient du cimetière de Cloverfield. Il avait attendu que sa blessure lui fasse moins mal et que le sang commence à coaguler un peu. Juste assez pour lui permettre de bouger le bras sans que des flots rouges, chauds et poisseux ne dégoulinent jusqu’à sa main.
Il avait épié, guetté l’arrivée des Remords, l’oreille tendue, prêtant attention au moindre son lui parvenant. Le vent avait sifflé lugubrement entre les lattes de bois mal fixées et fait vibrer les vitres crasseuses de la fenêtre. Mis à part cela, il n’avait rien entendu de particulier ni de menaçant ; cependant, il ne pouvait décemment pas rester caché ici éternellement. D’une part, si les monstres envahissaient le lieu, il serait acculé et sans aucun doute mis à mort, et d’autre part, si les orphelins le retrouvaient terré ici au levé du jour, il passerait pour un couard sans jamais pouvoir espérer se débarrasser de cette réputation. Il refusait de passer pour un lâche auprès d’eux. Cela n’aurait en rien arrangé ses affaires. Il aurait déjà bien de la chance de s’en sortir vivant, mieux valait que ça en vaille le coup.
Oh, bien sûr, il serait prudent. Hors de question de foncer tête baissée dans la forêt à la rencontre des créatures qui la hantaient. Hors de question d’aller provoquer la Fièvre ou le Mirage, il avait déjà bien à faire avec les teigneux et dangereux lutins à la solde du Sycophante sans aller provoquer ses sœurs.
En soupirant, le Comte posa le chiffon poussiéreux qu’il tenait serré dans une main sur le sol et observa avec attention l’embout de sa pelle.
Il n’avait pas de pierre à aiguiser ni de rabot à sa disposition, tout ceci étant gardé dans l’atelier des menuisiers. Il avait dû faire avec les moyens du bord, en commençant par nettoyer son ancien outil de travail. Il avait prit soin de cette pelle, se disant qu’elle pourrait toujours lui servir à autre chose qu’à creuser des trous. A profaner les tombes des adultes qui empoisonnaient lentement l’orphelinat, par exemple. Un certain nombre d’éraflures sur les sépultures des sœurs Hingley étaient de son crû, de même qu’une partie de celles sur la pierre tombale de l’ancien directeur Kauffman.
S’il avait pensé à lui à ce moment, un sourire mauvais et d’une méchanceté incroyable aurait étiré les lèvres du jeune Comte. Lui et l’homme aux costumes toujours impeccables s’étaient croisés plusieurs fois, et il en gardait un souvenir très désagréable et des sensations peu sympathiques. Pas que la douleur le dérangea, il y avait été habitué très tôt. Non, disons simplement que monsieur Kauffman avait souvent du mal à aller correctement au bout des choses.
Mais ces pensées ne vinrent pas à Andreas, son esprit entièrement focalisé sur autre chose. Dehors, le danger rôdait et il allait lui falloir être prudent.
Se remettant debout, l’adolescent planta la pelle dans le sol le temps d’étirer ses muscles quelque peu endoloris par la position assise qu’il avait gardée durant un bon moment. Il réprima une grimace de douleur en sentant la blessure de son épaule se rouvrir à moitié. Il espérait seulement que ça ne s’infecte pas.
Le jeune homme regarda à l’extérieur. Pas de silhouette à portée de vue, mais la luminosité, en revanche, avait commencé à diminuer. D’un ciel clair en début de soirée, on était passé à une voûte céleste qui se remplissait de lourds nuages à la couleur plutôt inquiétante. Andreas fronça légèrement les sourcils.

« Il ne manquerait plus qu’il pleuve, » pensa-t-il, « ce serait bien ma veine. »

Il replaça quelques cheveux pourpres derrière son oreille, les mèches sombres partant du sommet de son crâne se mêlant aux autres plus claires. Ses yeux bleus scrutèrent le paysage derrière la fenêtre, puis se posèrent sur la pelle toujours plantée dans le sol à quelques centimètres de lui. Il effleura le bois du manche du bout des doigts, tendrement, le caressant presque. Cet outil qui le reliait invariablement à son passé de simple fossoyeur serait ce soir son plus fidèle allié – peut-être même ce qui lui sauverait la vie.
Un sourire en coin étira les lèvres du jeune homme.

« Quelle ironie. »

Il ferma les yeux et inspira longuement, plusieurs fois.
Puis il attrapa fermement le manche de la pelle dans sa main droite et poussa la porte.



Il n’y avait pas le moindre bruit dehors. Même le vent avait cessé de souffler, et la lueur de la lune suffisait à peine à éclairer le décor somme toute peu accueillant.
Andreas, sa pelle à la main, sortit sans bruit de la remise, refermant derrière lui. Il regarda à droite et à gauche, légèrement voûté sur lui-même, aux aguets, oubliant complètement la blessure à son épaule. Son long manteau frôlait le sol, emportant quelques feuilles mortes dans son sillage.
Un bruit dans la végétation le fit se retourner brusquement, serrant le manche de son arme improvisée dans ses deux mains.
Son regard azuré scruta longuement la forêt bordant le cimetière. Les hauts arbres tendaient leurs branches tordues vers le haut, menaçants et se découpant en noir sur la toile du ciel. Le Comte resta attentif, à l’affût d’un mouvement, d’un autre bruit, de quelque chose.
Quelques instants s’écoulèrent, sans que rien ne se passe. Le jeune homme baissa légèrement sa garde et sa pelle, et pivota sur ses talons.
Les orbites vides et noires d’un Remord s’imposèrent à sa vue. Le visage parcheminé de la créature était tout près du sien, et son souffle nauséabond monta jusqu’à ses narines. A une aussi faible distance, Andreas aurait juré que la peau du monstre bougeait, comme si sous la surface jaunâtre et craquelée s’agitaient une armée de vers rongeant la chair pourrie.
Un frisson glacé couru le long de son échine tandis qu’il retint à grand peine un cri de surprise et de peur. Il fit un bon en arrière, et un mouvement autour de lui attira son attention. De derrière les tombes, les compagnons du Remord émergeaient en murmurant, avançant de leur démarche traînante vers le jeune Comte. Celui-ci écarquilla les yeux.
Ils étaient en train de l’encercler.
Il fallait fuir. Fuir d’ici avant qu’ils ne se jettent tous sur lui. Ils approchaient inexorablement de sa position.
Mobilisant toute sa volonté, il se tourna vers le Remord qui l’avait surpris. Ce dernier levait déjà les griffes pour le frapper.
D’un mouvement ample et rapide, Andreas balança le plat de sa pelle contre la tête du monstre. Un choc sourd se fit entendre tandis qu’il décollait et atterrissait un petit mètre plus loin. Cela eut pour effet de créer une vague de murmures et de feulements indignés et colériques de la part de ses frères qui se firent soudain beaucoup plus rapides et nerveux.
Sans attendre une seconde de plus, le jeune homme s’enfuit à toute jambe en direction du parc, vers un terrain plus large, là où il aurait une chance de les semer.
Les Remords courraient eux aussi, derrière celui qui était devenu leur proie ce soir.
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeMer 28 Nov - 0:00

1h23

Andreas courrait aussi vite qu’il le pouvait, la vitesse de sa course rabattant ses cheveux en arrière. Serrant fermement sa pelle dans sa main, il cherchait désespérément un endroit où se cacher des Remords, ou du moins où il pourrait être hors de leur portée.
Mais rien ne semblait devoir lui offrir un abri solide, et il commençait déjà à regretter d’avoir quitté la remise. Peut-être qu’il aurait pu repousser les monstres qui auraient fini par le trouver. Ou peut-être qu’il aurait fini dévoré de toute façon. Il n’en savait rien, et ne préférait pas penser à ce qui arriverait si les teigneux petits lutins lui posaient les pattes dessus.
Soudain, son pied glissa sur une pierre. Il trébucha et tituba sur quelques mètres avant de se redresser tant bien que mal. Il ne savait pas du tout dans quelle direction il fuyait et cela lui importait peu tant qu’il parvenait à semer ses opposants.
C’est alors qu’une masse s’écrasa dans son dos avec violence. Déséquilibré et surpris, le Comte ne put rien faire d’autre que de tomber tête la première dans la poussière.
Il ne se demanda pas longtemps ce qui venait de lui sauter dessus. Une douleur fulgurante irradia l’arrière de ses épaules tandis que le Remord, à califourchon sur le jeune homme, lui lacérait les chairs de ses griffes acérées.
Andreas poussa un cri aussi bien de souffrance que de stupeur. Attrapant sa pelle, il donna un coup sec derrière lui. Le bout du manche percuta la créature de plein fouet, lui arrachant un couinement indigné. La manœuvre réussit cependant à le faire tomber, et l’adolescent, se relevant aussi vite que possible, tenta de reprendre sa course.
Mais le reste des monstres l’encercla bien vite. Sa pelle dans la main, tournant sur lui-même, la panique le gagna peu à peu, s’insinuant sournoisement dans son esprit. Il se voyait déjà jeté au sol, démembré, éviscéré, grignoté, vidé de sa substance morceau après morceau dans une agonie qui dépasserait tout ce qu’il avait pu endurer durant son existence. Ce serait sa fin, mais une fin sale et affreuse, extrêmement violente et douloureuse. Il baignerait dans son sang et ses tripes – ou ce qui en resterait – quand les orphelins de Cloverfield se réveilleraient quelques heures plus tard.

« Non, » pensa-t-il, « non, non, non ! Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir ! »

Son instinct de survie prit finalement le dessus sur sa terreur, bien que ses gestes nerveux et violents fussent en partie guidés par elle.
Le manche de bois agrippé dans ses mains comme si sa vie en dépendait – et, en l’occurrence, elle en dépendait vraiment – il jaugea ses adversaires du regard, le cercles de monstres autour de lui semblant attendre le bon moment pour se jeter à sa gorge.
Quelques secondes plus tard, un premier Remord s’élança, suivit par un deuxième et un troisième. Andreas balança sa pelle dans leur direction, un rictus de rage incrusté dans ses traits. Deux coups secs se firent entendre alors que deux des créatures s’envolaient plus loin ; la troisième planta ses dents dans la cuisse du jeune homme qui laissa échapper un nouveau cri. Il attrapa la tête du monstre dans ses mains, enfonçant ses doigts dans les orbites vides. Le Remord se mit à émettre un bruit strident en agitant ses bras et ses jambes grêles. Andreas l’envoya plus loin et posa sa main libre sur la nouvelle plaie. Par chance, elle n’était pas spécialement profonde et ne l’handicaperait pas trop pour marcher et courir.
Saisissant à nouveau le manche de sa pelle, il la tenait comme on tient une batte de base-ball, prêt à frapper tout ce qui passerait à sa portée.
Un nouvel assaut fut habilement repoussé, et le suivant lui laissa une longue balafre sur le bras. Il sentait les pulsations rapides de son cœur se répercuter dans ses membres blessés, le précieux liquide rouge poissant ses vêtements.
Cela ne fit qu’attiser sa rage de vivre.
Un nouveau Remord fondit sur lui.
Dans un cri de fureur, il balança à nouveau sa pelle.
La tranche de l’outil vint se ficher dans le crâne du monstre dans un craquement sinistre, brisant aussi sa nuque sous la violence du choc. Un sang noir et nauséabond jaillit de la plaie béante en même temps que de minuscules fragments d’os.
Andreas écarquilla les yeux de surprise tandis que la créature s’écroulait sur le sol, semblable à un pantin désarticulé. Il s’attendait à voir ses blessures se refermer et à le voir se redresser d’un instant à l’autre. Mais non, rien. Le Remord était bel et bien mort.

« Mort ... » pensa le jeune homme, incrédule.

Il regarda autour de lui. Les autres lutins avaient presque reculé tant le spectacle avait été inattendu, et regardaient leur frère tombé en émettant des murmures incompréhensifs.

« Mort ... » se répéta le Comte.

Brusquement, ce fut comme un déclic.
Les Remords aussi pouvaient mourir. Ils saignaient et souffraient et disparaissaient aussi salement que les humains.
L’adolescent aux cheveux pourpres détailla ses adversaires de son regard de verre, et un regain d’espoir emplit son esprit.
Il n’était pas sans défense. Il pouvait combattre. Il pouvait survivre à cette nuit, pour peu qu’il reste un minimum prudent.
Un sourire ressemblant à une grimace vint étirer ses lèvres fines. Les Remords s’étaient déjà replacés en cercle autour de lui, l’air très énervés par ce qui venait de se passer.

« Venez, je vous attends. »

A nouveau, les monstres se jetèrent sur lui. Ses ripostes étaient plus violentes qu’auparavant, et ils mettaient quelques secondes de plus à se relever et repartir à l’assaut que quelques instants plus tôt.
Le plat de sa pelle heurta tellement fort le crâne de l’un d’entre eux que la masse molle de sa tête explosa à moitié, laissant à nouveau échapper ce sang puant et noir comme la nuit. La carcasse s’effondra dans un bruit mat tandis que les autres Remords continuaient d’attaquer. L’un d’entre eux sauta au visage d’Andreas qui eut à peine le temps de reculer, gagnant quelques estafilades d’un rouge profond qui glissaient de sa joue gauche jusqu’en travers de sa gorge. Un frisson le saisit néanmoins alors qu’il se disait que s’il avait été deux centimètres plus proche, les griffes coupantes comme des lames de rasoir lui auraient tranché la jugulaire. Cela ne fit que renforcer sa détermination et sa nouvelle soif de sang, son désir de se battre pour protéger sa vie. Il répondait aux attaques des monstres par des répliques tout aussi virulentes, luttant encore et toujours. La sueur et le sang lui coulaient dans le dos et le long du torse, et un goût salé imprégna sa langue lorsqu’il la passa sur ses lèvres.
Un troisième Remord tomba, non sans avoir au préalablement planté ses griffes dans le bras gauche d’Andreas.
Les créatures ralentirent leurs assauts après un certain temps. Le Comte se demandait ce qu’ils pouvaient bien préparer. Les murmures s’élevèrent à nouveau et il resserra sa prise sur sa pelle dont le plat était maintenant noir de sang.

« Allez, venez ... » grogna-t-il entre ses dents serrés.

Mais alors qu’il prenait fermement appui sur le sol, prêt à en découdre une fois encore, il se rendit compte qu’il faisait de plus en plus sombre.
Vraiment très sombre.
Il leva la tête et écarquilla les yeux. A une vitesse surnaturelle, les nuages s’étaient accumulés dans le ciel, et ils commençaient désormais à recouvrir la lune, seule source de lumière qui lui permettait de ne pas finir englouti par les ténèbres.
Une angoisse sourde s’insinua en lui. Une angoisse qui le prenait aux tripes, qui lui faisait clairement comprendre qu’il allait se retrouver dans le noir, tout seul.
Enfin, non, pas tout seul. Entouré de monstres qui n’attendaient que de sauter sur lui pour le mettre en pièces.

« Non, » pensa-t-il, paniqué, « non, non, non ! Pas ça ! Pas ça, bon sang ! J’avais une chance ! J’avais une chance ! »

La peur et la colère le faisaient trembler tandis que les derniers rayons argentés disparaissaient, dévorés par la masse sombre comme de l’encre qui venait d’envahir la voûte céleste.
Andreas déglutit. Il entendait les Remords bouger autour de lui, et ses yeux fragiles ne s’étaient pas encore suffisamment adaptés aux ténèbres pour lui permettre de distinguer ne serait-ce que de vagues silhouettes. En revanche, il était sûr et certain qu’eux le voyaient très bien.
Serrant les dents, lâchant un juron et sentant plus que jamais les multiples blessures sur son corps, le Comte resserra sa prise sur sa pelle, se demandant combien de temps il pourrait tenir avant de mourir.

« C’est injuste ... Injuste, injuste ! Tout ça à cause de ce traître, cet imbécile de laquais ! On se retrouvera en Enfer, Malice, je te le jure. Et je serai là pour t’accueillir. Je me changerai en démon rien que pour le plaisir de te torturer, pour toujours et à jamais. Je serai ton Diable, et je ne m’en lasserai jamais. »

Il se prit à espérer que, si jamais il devait tomber, la dernière image qu’il emporterait avec lui serait le visage de Malice, pour le graver dans sa mémoire, dans son âme, pour l’emporter avec lui au-delà du voile, nourrissant une haine féroce pour le blondin qu’il attendrait avec impatience pour le faire souffrir autant que lui aurait souffert durant son agonie.
Il ne se rendait pas compte d’à quel point l’effroi était à deux doigts de le faire divaguer. Il attendait que les Remords attaquent, pour se défendre, faire quelque chose, n’importe quoi mais pas attendre dans le noir.
Au loin, un coup de tonnerre éclate.
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeMer 28 Nov - 18:07

2h17

Les Remords bougeaient toujours, doucement, leurs murmures incessants s’élevant dans les airs. Andreas les distinguait à peine, et encore, ce qu’il voyait ne l’aidait pas beaucoup. Il ne percevait de ses adversaires que de vagues masses noires se déplaçant sans arrêt, sans pouvoir déterminer dans quelle direction ils se dirigeaient ni quel serait leur prochain mouvement. Sa pelle en main, il ne pouvait qu’attendre et prêter l’oreille en espérant que cela suffise.
Un bruit à sa droite attira son attention.
Sans réfléchir, il tourna sur lui-même, donnant un grand coup de pelle qui ne frappa rien d’autre que le vide. Un coup pour rien.
Pivotant sur ses talons, il tournoya, agitant son outil qui finit par heurter violemment l’un des affreux lutins qui s’était rapproché de lui. La créature poussa un cri de douleur et d’énervement tandis qu’un sifflement menaçant s’échappait du gouffre béant lui tenant lieu de bouche. Sifflement repris par ses frères. Trois d’entre eux avaient été tués par l’ancien fossoyeur. Il ne faisait aucun doute qu’ils n’avaient pas du tout apprécié cette provocation et se feraient un plaisir de le montrer au jeune homme.
Jeune homme qui, pour l’heure, regardait partout autour de lui, ses yeux grand ouverts. Ses pupilles dilatées à l’extrême cherchaient la moindre source lumineuse, la moindre petite lueur qui aurait pu permettre à leur propriétaire d’y voir plus clair.

« C’est pas vrai, » pensa-t-il, « j’ai l’impression d’être aveugle. »

Et encore : un aveugle aurait pu compter sur son ouïe plus développée que la moyenne pour s’en sortir, alors que lui, privé de ses yeux, avait du mal à s’adapter à son nouvel environnement. Il se demanda combien de temps il tiendrait avant d’être assaillit de toutes parts et de tomber sous les coupes de ses attaquants. Il déglutit et resserra les mains sur le manche de bois de son arme de fortune, l’odeur du sang – le sien et celui des Remords – lui montant au nez, l’écœurant presque tant la fragrance du liquide vital des monstres était immonde. Il sentait les pulsations de son cœur résonner dans les plaies de son épaule, ses bras, son dos, sa cuisse et même le long de son visage et de sa gorge. La sueur générée par l’effort et la peur coulait le long de sa peau, rendant ses blessures douloureusement piquantes. Plus que jamais il avait conscience de son corps meurtris, et il n’avait pas du tout hâte d’en sentir les limites. Il lui fallait tenir. Il ne savait pas encore combien de temps, mais il lui faudrait tenir jusqu’à ce que le jour se lève.
Un coup de tonnerre roula dans le lointain.
Et tout à coup, un éclair déchira le ciel.
Pendant une brève fraction de seconde, une vive lumière illumina le paysage. Durant un instant qu’il lui sembla vivre au ralenti, Andreas vit clairement les Remords regroupés autour de lui, menaçants.
Cela lui permit de corriger sa position et de relever sa garde. Il espérait que la lueur revienne d’ici peu de temps, pour qu’il puisse attaquer lui, pour qu’il puisse créer une ouverture et se sortir de là.
Un second éclair fendit les cieux.
Il eut le temps de voir le Remord qui lui sautait au visage et de balancer sa pelle aussi fort qu’il le put dans sa direction.
Il sentit le tranchant de fer entrer en contact avec une masse à la fois molle et dure, traverser la chair et les os et ressortir de l’autre côté. Une giclée de sang puant éclaboussa son visage alors que le monstre coupé en deux s’effondrait sur le sol, émettant de rauques gargouillis en guise de cris d’agonie.
L’adrénaline faisait tourner la tête du jeune Comte. Des sifflements pleins de rage retentirent autour de lui alors qu’il sentait les Remords se rapprocher. Cette fois, il savait qu’ils attaqueraient tous ensemble, et qu’il devrait défendre chèrement sa vie s’il espérait s’en tirer vivant.
Il prit une grande inspiration et se prépara, bandant les muscles, attendant la douleur des premières attaques.
Le tonnerre gronda à nouveau.
Brusquement, la foudre s’abattit, telle une gigantesque lance de lumière, sur un arbre à l’orée de la forêt, déversant une vive lueur blanchâtre sur tout le paysage pendant quelques secondes. Andreas dû plisser les yeux tant la soudaine luminosité lui agressa les rétines, et il fut soulager de voir que les Remords en faisaient autant, poussant des cris stridents pour marquer leur mécontentement.
Lorsque la foudre cessa, le jeune homme constata qu’elle avait enflammé l’un des arbres à l’orée de la forêt. Les branches embrassées craquèrent bruyamment et s’effondrèrent sur le sol dans une série de bruits sinistres.
Ce fut le déclic dans l’esprit de l’adolescent.

« Mais bien sûr ... ! »

Dans la poche intérieure de son manteau, près de son cœur, il sentit le poids de son étui à cigarettes et de son briquet à amadou.

« Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ! »

Cependant, s’il voulait une source de lumière fiable, il lui faudrait plus que son briquet. Il lui faudrait l’une de ces torches qui venaient de chuter. Torches qui, bien que lointaines, lui fournissaient tout juste assez de lumière pour distinguer la silhouette de ses ennemis.
Il ne lui fallut pas plus longtemps pour établir un plan qui, il l’espérait, lui permettrait de tenir un peu plus longtemps cette fois.
Lorsque les Remords tournèrent leurs hideux visages vers lui, ils le virent foncer dans leur direction en agitant sa pelle. Il parvint à en frapper deux d’entre eux, créant une brèche dans le cercle des monstres. Il s’engouffra dans cette ouverture et s’enfuit à toute vitesse vers l’arbre en feu. Derrière lui, il entendait les lutins se lancer à sa poursuite.
Dans un sursaut d’énergie et de rage de vivre, il arriva à allonger la distance qui le séparait de ses poursuivants.
Cependant, il fallait se rendre à l’évidence : à ce rythme, il ne tiendrait pas longtemps, et les Remords lui tomberaient dessus bien avant qu’il atteigne la lisière du bois. Il allait falloir lui trouver autre chose. Il avait besoin de conserver son souffle, et son cœur battait beaucoup trop vite à son goût tandis qu’il sentait le sang lui monter à la tête.
Mais alors qu’il était encore à une vingtaine de mètres du brasier, il entendit quelque chose craquer sous sa chaussure. Baissant les yeux, il remarqua qu’une branche avait été propulsée jusqu’ici sous la violence du choc.
Une nouvelle idée jaillit dans l’esprit d’Andreas.

« Parfait. »

Il saisit son briquet de sa main libre et ôta prestement son manteau, le laissant seulement vêtu de son haut sans manches deux fois trop large pour lui, et dont le tissu d’un vert pâle était désormais lacéré et imbibé de sang. Jetant l’habit de laine noire sur le sol, il s’aida de la tranche de sa pelle pour en trancher une partie du bas – celle élimée et usée qui trainait souvent sur le sol. Lâchant son arme, il enroula la bande de tissu autour de la branche et, saisissant son briquet, tenta d’enflammer sa torche improvisée. La pierre cliquetait, les étincelles se faisaient désirer et les Remords arrivaient à toute allure.

« Allez, » laissa échapper Andreas, nerveux, « allume-toi. Allez ! »

Une flamme s’échappa enfin du précieux objet, venant lécher la laine noie, l’embrasant toute entière.
Le Comte se redressa d’un bond. Attrapant sa pelle dans sa main libre, il se tourna vers les monstres et agita le feu dans leur direction. Les lutins s’arrêtèrent et murmurèrent rapidement, très en colère. Le jeune homme se mit à reculer doucement, laissant là son manteau.
Quand les créatures recommencèrent à se déployer autour de lui, il tourna la tête pour suivre leurs déplacements. Du coin de l’œil, il put constater que le Destin avait un humour d’une ironie mordante : ils étaient en train de revenir à la souche du courage.
Un léger rire pas du tout amusé s’échappa de sa gorge tandis qu’il reportait son attention sur les soldats du Sycophante. Ils l’avaient encerclé encore une fois, et leur groupe désormais réduit de quatre membres semblait plus menaçant que jamais.
Andreas arrivait vaguement à les tenir à l’écart grâce au feu, mais il se demanda si cette situation allait continuer longtemps. Pour l’instant, en tout cas, ça fonctionnait et c’était tout ce qu’il demandait : un peu de répit pour réfléchir à un plan de secours.
Soudain, l’un des Remords se jeta sur lui. Sans réfléchir, il balança sa torche dans sa direction. Les haillons qui habillaient s’embrasèrent sur le champ. L’être difforme poussa un hurlement suraigu de douleur et se débattit en vain contre les flammes qui le brûlaient, dévorant ses chairs pourries, glissant dans son corps par ses orbites vides et sa bouche béante. Quelques instants d’une longue agonie plus tard, il s’effondrait sur le sol, à moitié carbonisé, le brasier noircissant sa carcasse. D’ici peu, il ne resterait plus grand-chose à brûler.
Bizarrement, cet incident rendit ses camarades méfiants. Lorsqu’ils s’approchaient d’un peu trop près, Andreas agitait sa torche dans leur direction, et ce simple geste arrivait à les faire reculer. Les plus téméraires d’entre eux furent accueillis par de solides coups de pelle, certains d’entre eux rompant les membres frêles des créatures.
Les minutes s’écoulèrent. Combien, le jeune Comte aurait été bien incapable de le dire. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il avait très chaud, que l’odeur des cendres et du sang lui montait au nez, qu’il avait mal et qu’il était en vie. Il avait beau réfléchir, il ne voyait rien d’autre à faire que de rester là à se défendre en espérant que le jour vienne vite et que les monstres s’en retournent vers la forêt lorsque viendraient les premiers rayons du soleil.
Il sentit tout à coup un souffle frais s’engouffrer sous son vêtement, lui arrachant un léger frisson. Bientôt, une goutte d’eau s’écrasa sur son dos, glissant le long des blessures fraîches et des vieilles cicatrices que lui avaient laissé ses clients au fil des ans. Une autre goutte vint la rejoindre, puis une autre, lavant un peu le sang maculant la peau diaphane du jeune homme.
Jeune homme qui sentit le vent de la panique se mettre à souffler une fois encore.

« Non ... pas ça ... »

Il déglutit et leva la tête vers le ciel. Les nuages noirs s’illuminaient parfois au rythme des éclairs et le tonnerre grondait toujours, de plus en plus proche, amenant l’orage avec lui.
Andreas se mit de nouveau à reculer vers le morceau d’arbre en feu. S’il s’en approchait, peut-être que les Remords le laisseraient en paix, effrayés.
Si la pluie n’éteignait pas les flammes avant.




[LES DES SONT JETES]


Cette fois, les éléments s'en mêlent. La pluie se mettra-t-elle à tomber sur Andreas, le privant du feu qui pourrait bien lui sauver la vie ?

  • Si oui et oui : sa torche s'éteint et la pluie tombe assez fort pour noyer l'arbre en feu ;
  • Si oui et non : sa torche s'éteint, mais la pluie ne tombe pas assez fort pour empêcher l'arbre de brûler ;
  • Si non et oui : sa torche ne s'éteint pas, mais une brusque trombe d'eau éteint l'arbre ;
  • Si non et non : une fine bruine tombe et détrempe tout, pas assez forte cependant pour éteindre aucun des deux brasiers.



Let's gamble !
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Les Remords

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeMer 28 Nov - 18:07

Le membre 'Andreas A. Sheppard' a effectué l'action suivante : Have you any remorses ?

#1 'Let's gamble !' :
EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché AVg8g

--------------------------------

#2 'Let's gamble !' :
EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché EDB9o
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Andreas A. Sheppard

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeVen 30 Nov - 19:54

03h35


Il n’est pas inhabituel, à Cloverfield, d’être témoin d’évènements totalement improbables, voire tout à fait impossibles.
Depuis la disparition des adultes et l’accession au trône de Lucifel et, à l’époque, de l’ancienne Princesse Amity, les saisons se succédaient sans aucune logique et à une vitesse folle, si bien que les orphelins pouvaient voir la grêle leur tomber sur la tête le matin et subir une chaleur infernale l’après-midi même. Alors, ce qui arriva à Andreas, quelque part, se tenait dans l’illogique continuité des évènements de ces derniers mois.
Alors qu’il attendait avec une appréhension certaine la pluie fatidique qui éteindrait sa torche et le laisserait à la merci des Remords une fois encore, le ciel se contenta de laisser tomber sur lui et le parc une fine bruine un peu tiède : rien de bien menaçant pour lui donc, et cela parvenait même à atténuer un peu la chaleur qui l’envahissait et lui brûlait les joues et le front. En revanche, des trombes d’eau s’abattirent subitement sur la forêt et le cimetière, comme si les nuages avaient choisis de se déverser à certains endroits bien précis et de laisser les autres en paix.
L’odeur de bois brûlé chatouilla les narines de l’adolescent qui, baissant sa garde un bref instant, risqua un regard par-dessus son épaule pour constater de l’ampleur des dégâts.
L’eau tombait et tombait encore, si bien et si fort qu’elle éteignit sans trop de difficultés la moitié d’arbre en feu qui avait chu à cause de la foudre quelques minutes auparavant. Le Comte laissa échapper un juron.

« Mais c’est pas vrai ! »

Adieu plans de retraite et de refuge près du feu. Une fois encore, la chance lui tournait le dos. Il sentit s’écouler entre ses pieds de longues coulées de boues et de cendres qui glissaient le long du terrain quelque peu pentu ; juste assez, à vrai dire, pour que s’allongent de fines rivières d’une eau à la couleur marronnasse ou bien grisâtre, ajoutant une nouvelle touche de sinistre à l’environnement déjà fort peu accueillant.
Tendu, Andreas se remit en position, faisant face à autant d’adversaire que possible d’un coup, pivotant sur ses talons pour chasser des flammes qu’il tenait à bout de bras ceux qui s’approchaient d’un peu trop près. Le jeune homme redoutait le prochain assaut autant qu’il l’attendait. Il n’avait aucune idée du nombre d’heures qui le séparaient de la salvatrice aurore, mais il se devait de tenir jusqu’au bout. Il ne mourrait pas ce soir.
Il refusait de mourir ce soir.
La très fine pluie qui tombait toujours sur l’orphelinat et le parc avait détrempé ses cheveux, et quelques mèches d’un pourpre clair étaient collées à son front. Du dos de la main, il les repoussa juste assez pour dégager ses yeux. Il ne voulait pas que sa visibilité soit entravée d’une quelconque façon. Il aurait été idiot de se faire avoir à cause d’un angle mort généré par une chevelure encombrante.
Il sentait l’eau glisser sur la peau de son crâne, descendre le long de son front jusqu’à ses lèvres fines, puis dans son cou, sa nuque, le long de son dos comme de son torse, entre les omoplates et les pectoraux fins et secs, lavant le sang de ses trop nombreuses blessures. Il se demanda dans quel était il était, et à quoi il devait ressembler, sans son manteau, debout dans la nuit, une torche dans une main et une pelle dans l’autre, ses bras maigres aux muscles discrets bardés de cicatrices en tout genres. Il en avait plein le dos, aussi, et quelques unes sur le ventre et le bas-ventre. Certains de ses clients avaient des manières bien particulières de rendre la chose excitante pour eux. Aux marques qu’ils lui avaient laissées s’ajouteraient les longues plaies que lui avaient faites les Remords. Son épaule droite, son dos, sa cuisse, son bras, sa gorge : combien de blessures de guerre gagnerait-il encore avant que l’aube se lève ?
Un mouvement sur sa gauche attira son attention.
Tournant la tête, il eut tout juste le temps de voir qu’un des affreux lutins bondissait vers lui. Il leva sa pelle et frappa à nouveau. Maintenant qu’il ne tenait plus l’objet à deux mains, ses coups étaient beaucoup moins puissants, mais suffisaient tout de même à envoyer voler dans le décor les teigneux et violents petits monstres. Il ne tarderait pas à revenir, très énervé et plus désireux que jamais d’enfoncer ses griffes dans le cœur du jeune homme aux cheveux pourpre.
Ce dernier tourna sur lui-même, agitant sa torche, faisant reculer les créatures qui, galvanisées par l’attaque de leur camarade, se faisaient plus hardis et s’étaient beaucoup trop rapprochés de lui à son goût. Leurs murmures se firent plus forts, plus cadencés. Comme un chant de guerre chuchoté par des fantômes, comme une mélopée mortelle entonnée par des monstres au visage de cendre et aux yeux comme deux puits sans fond.
Andreas déglutit. La sueur lui coulait sur les lèvres, lui donnant l’impression qu’elle y déposait de minuscules cristaux de sel. La situation allait empirer, il le sentait. Comment et pourquoi ? Il n’avait pas hâte du tout de le savoir.

Essoufflé et assoiffée, le Comte commençait à fatiguer. Il ne savait pas depuis combien de temps il tenait sa position, repoussant assaut après assaut, tenant difficilement un siège qui se faisait éprouvant. Les Remords ne semblaient jamais être à court d’énergie : peu importe le nombre de coups qu’ils prenaient, peu importe les échecs qu’ils essuyaient, ils étaient là, encore et toujours, comme si seules la Mort elle-même et la lueur du jour naissant parvenaient à les arrêter.
Et le Sycophante, bien entendu.
Les yeux bleus du jeune homme piquaient fortement, la fumée de sa torche les irritant depuis qu’elle avait été allumée. Il se concentrait pour essayer de garder une vision à peu près nette, luttant désespérément contre la lassitude qui, inexorablement, commençait à prendre le pas sur son instinct de survie et sa rage de vivre.

« Combien ... combien de temps encore ... ? » se demanda-t-il.

L’épuisement moral avait pointé le bout de son sale nez de rat peu de temps auparavant. Il avait mal, il était fatigué et trempé, la bruine n’ayant pas cessé de tomber au contraire de la pluie qui s’était arrêtée assez rapidement.
Il avait beau se battre, il sentait qu’il commençait lentement à perdre le combat – contre les Remords, mais aussi contre lui. Il arrive un moment où tout homme, même doté d’une volonté de fer, cesse de lutter et se laisse sombrer. Andreas se disait que ce moment-là arriverait bientôt pour lui.
Enfin, du moins le croyait-il à cet instant.
Ce fut sans compter sur le Remord qu’il n’avait pas vu venir à sa gauche.
Le temps qu’il se retourne, c’était trop tard. Le monstre avait profondément planté ses dents tranchantes comme des lames de rasoir dans la chair tendre et molle de la main du jeune homme.
Le Comte écarquilla les yeux, trop surpris pour avoir mal durant une brève seconde.
Et tout à coup, la douleur lui remonta le long du bras, lui arrachant un hurlement terrible, de peur, de souffrance et de colère. S’il était resté attentif, s’il s’était accroché encore un tout petit peu, il n’en serait pas arrivé là.
Réflexe idiot mais humain : il secoua la main dans tous les sens, espérant faire lâcher le monstre. Mais celui-ci tint bon, et resserra les mâchoires. Andreas sentit les dents du Remord se rejoindre à travers ses chairs, et il hurla de plus belle, un hurlement bestial et rauque.
Il avait bien évidemment lâché sa pelle, mais il tenait toujours fermement sa torche dans sa main intacte. Prenant de l’élan, il enfonça le bâton enflammé dans l’orbite vide du lutin ; il l’enfonça si bien, qu’il traversa à moitié le crâne mou et grouillant de la créature, qui s’agita dans tous les sens en poussant des cris suraigus et stridents.
Andreas frappa et frappa encore, animé par la rage et la douleur. Au final, le Remord lâcha, non sans laisser à l’adolescent un souvenir impérissable.
Devant ses yeux voilés par la souffrance, le jeune homme vit et sentit partir l’auriculaire de sa main gauche. Il ressentit chaque nerf qui se coupa, chaque lambeau de chair arraché à son corps, chaque articulation qui se brisa dans un bruit lugubre et écœurant.
Andreas lâcha sa torche, par pur réflexe, serrant contre lui sa main mutilée. Le goût métallique du sang imprégnait l’intérieur de sa bouche tandis qu’il était agité de tremblements et de sueurs froides.
Il n’avait jamais été mutilé. Jamais. C’était une règle imposée par son propriétaire : tous les coups étaient permis tant qu’à la fin, le joli petit objet de désir qu’était le garçon était entier.
Cette douleur dépassait de loin tout ce qu’il avait jamais enduré jusqu’à présent. Sa vision se troubla et il se sentit vaciller.

« Non ... ce n’est ... ce n’est pas ... le moment ... »

S’il faiblissait maintenant, il était mort. S’il s’écroulait maintenant, il ne se relèverait pas.
Dans un sursaut, il se remit debout. Laissant là son manteau, laissant là sa torche, il saisit sa pelle dans sa main droite et la balança autour de lui, sans réfléchir, ne cherchant qu’à se frayer un passage dans la masse des Remords excités par l’odeur du sang.
Il en repoussa un, puis deux, puis un dernier et la sortie lui apparue. Il se mit à courir, courir, courir. Il fuyait droit vers la souche du courage.
Au milieu de sa course, il commença déjà à tituber. A la fin de son trajet, il tomba mollement sur le sol, en sueur, trempé par la bruine et couvert de sang.
Son sang.
Il regarda sa main et la seule vision de ses chairs déchirées faillit le faire vomir.

« Je dois ... je dois arrêter l’hémorragie ... »

Laissant choir son outil, il ôta tant bien que mal son débardeur trop large, se retrouvant torse-nu et encore moins protégé qu’avant. Il enroula son membre blessé dans son vêtement, se créant un bandage de fortune. Il hésita à cautériser le tout avec son briquet, avant de se dire qu’il ne resterait sans doute pas conscient s’il faisait ça. De toute façon, ledit briquet avait été abandonné près du manteau de laine noir qui gisait sur le sol boueux et cendreux.
Le Comte se remit debout et s’adossa à l’imposante souche d’arbre. Il reprit sa pelle en main, gardant l’autre tout près de lui. Il dévisagea les Remords qui l’encerclèrent à nouveau avec toute la haine et toute la détermination dont il était encore capable. Une lueur furieuse et animale brillait dans ses beaux yeux bleus.
Quoi qu’il allait se passer désormais, il lutterait jusqu’au bout. Il venait de perdre un doigt : que pourrait-il lui arriver de plus à part mourir ?
Partant de cette idée, il prit appui sur le bois et le sol, et attendit.
Il ne vit pas la silhouette qui bougea dans son dos, émergeant de la forêt noire, silencieuse comme une ombre.
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Le Mirage

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeVen 30 Nov - 22:03

La pluie. Le Mirage aimait bien la pluie. Postée dans une clairière, la tête bien rejetée en arrière, la bouche ouverte, la créature faisait boire ses fleurs, les offrant aux caprices du ciel. Les énormes papillons qui la butinaient continuellement s'étaient blottis dans son feuillage, là où devraient se trouver des yeux, un front, des cheveux, mais où il n'y avaient que les ténèbres et des arums qui poussaient on ne savait trop sur quoi. Le Mirage de la forêt était bien plus heureuse que le Mirage du grenier : elle au moins pouvait s'épanouir dans la nature, là où fleurs et papillons prospéraient davantage. Elle voyait ce que voyait son double du grenier : rien que des poutres plongées dans l'ombre et un vieux plancher qui craque. Le miroir des espoirs fanés aussi, où se mouvaient des formes indistinctes. Moins précisément, elle voyait aussi ce que voyait ses autres sœurs. La salle de jeu déserte où traînait des jouets abandonnés là – l'Enfance. Le sous-sol à peine éclairé par la lanterne du débarras aux souvenirs – la Réminiscence. La maison de sucrerie qui luisait doucement sous la lune et la pluie – la Fièvre – elle voyait plus nettement cela car sa fébrile sœur n'était pas loin. Le puits boueux entièrement noir et glauque – la Perte. Le fumoir avec son grand planisphère affiché sur un mur et sa télévision éteinte – la Propagande. Le Mirage secoua doucement la tête. Quelle tristesse que la Propagande doivent attendre et attendre encore sa clé... Une fillette avait bien essayé, mais cette folle – cette idiote – avait voulu rouler la Propagande dans la farine avec de fausses feuilles, de vulgaires pétales de fer rouillé. Mais sa sœur mi-chèvre mi-femme n'avait pas été dupe et avait tué l'insolente. Elle était comme ça, sa sœur, très impulsive et violente. Le Mirage hocha de nouveau la tête comme pour s'approuver elle-même.

Elle voyait aussi les mille et unes images, sons et odeurs que leur transmettait le Sycophante, leur grande sœur et mère. Elles avaient une mémoire collective. Ce que le Sycophante savait, voyait, sentait, entendait, touchait, ses filles le savaient, voyaient, sentaient, entendaient, touchaient aussi, et vice-versa. Oh, un humain avait fait une grosse bêtise, oui, oui. Il avait tué. Si seulement il savait... Si seulement ils savaient tous ce qu'il passait ici. Le Mirage secoua de nouveau la tête. Mentalement, elle chercha les Remords. Il lui semblait capter quelque activité... Elle passa en revu tous les esprits des Remords déployés dans Cloverfield. Oh... Un escadron avait des problèmes dans le parc. Plusieurs étaient morts. Mais le Mirage sentait le goût du sang et de la chair humaine à travers eux. Oh oui... L'humain. Le Comte. Le fossoyeur. Oui, oui... Un flot d'informations lui envahi l'esprit quand elle pensa au Comte et elle émit un soupir étranglé. Elle-même avait accès au futur du jeune homme. Noir et étrange. La Réminiscence connaissait tout son passé dans les moindres détails. Un passé intolérable, taché par le sexe et l'esclavage. Ses autres sœurs l'avaient vu et observé de nombreuses fois, le Sycophante en tête de liste. Les Remords aussi. Bientôt, elle eu toute la vie d'Andreas sous les yeux, comme un long parchemin déroulé dans sa tête. Chaque seconde de sa vie. Mais aussi des données sur sa santé, son caractère, ses aspirations, ses craintes... La Fièvre, c'était elle qui connaissait ses peurs. La Propagande, elle, savait tout de ce qu'il avait dans la tête. Oh, tant de choses, tant de choses...

Le Mirage se tourna lentement vers la direction de l'orphelinat. Il était loin derrière les arbres. Silencieuse, ses pas feutrés d'autant plus couverts par le tonnerre, elle se mit en marche, lente et gracieuse. Elle se dirigeait tout droit vers la souche du courage. Quand elle émergea des arbres, sans bruit, la créature vit les Remords entourer la souche en sifflant et murmurant furieusement. Elle ne pouvait techniquement pas le voir, mais elle distinguait bel et bien Andreas prostré derrière la grosse souche de chêne. En levant les yeux, elle pouvait aussi voir le chêne de son vivant. Ça avait était un bel arbre... Mais le chêne n'était pas le plus important à présent.

A pas lents, le Mirage s'avança jusqu'à la souche. Les Remords à la peau grise levèrent leurs orbites vides vers elle et esquissèrent un semblant de révérence maladroite et saccadée. Doucement, le Mirage se pencha par-dessus la souche, jusqu'à ce que les arums de sa tête touchent celle d'Andreas et que les papillons bruissent contre le visage du jeune homme. De là, il pouvait entendre sa respiration sifflante à cause des fleurs qui poussaient dans ses poumons pour ressortir par la bouche. Une série de hoquets sinistres passèrent la barrière de ses lèvres ouvertes puis une voix étrange, comme composées de plusieurs voix de femmes de tous les âges, résonna dans la tête d'Andreas : « Andreas Asmodeus Sheppard. Tu as encore bien des choses à accomplir ici, je le vois, je le sais. Mais pose-toi cette question : Malice est-il le seul – le vrai ? – coupable de ton infortune ? Il y en a plusieurs, oh oui, plusieurs. A commencer par toi. Mais il y en a d'autres. Je ne te dis pas ça pour déjouer ton désir de vengeance – si vengeance il doit y avoir, vengeance il y aura – mais je ne fais que t'ouvrir d'autres horizons. Le monde est si vaste, Andreas Asmodeus Sheppard. Si vaste... Et il y en a plusieurs. Oh oui, plusieurs. De nombreuses réalités. Tu n'en vois qu'une mais tu en connais deux, bien que tu ne le saches pas encore. Mais tu sauras. Un jour tu sauras. De nombreuses choses échappent à ton esprit d'humain. Cherche. Écoute. Il s'est passé d'horribles choses ici. Le Diable peut être beau et affecter des airs d'innocence. Ou du moins en habite-t-il l'enveloppe. Le Mal n'a pas qu'une seule forme. Et surtout, le Mal peut rendre service si on l'appelle. Mais chaque service à un prix, Andreas Asmodeus Sheppard. » Une fleur se détacha de sa tête et tomba sur Andreas.

Le Mirage contourna la souche et prit doucement la main du Comte. Son discours ? Mélangé de tous les savoirs infinis dont elle disposait, clair comme la nuit la plus noire. Lentement, elle mena Andreas à travers le parc, sans lâcher sa main. Derrière eux, les Remords suivaient en file indienne, lorgnant le jeune homme d'un air mauvais sans pour autant l'attaquer. La pluie glissait sur le corps complètement lisse du Mirage, couleur de peau noyée et écorchée. Elle était nue mais n'avait pas sexe et des globes sans aspérité en guise de seins. Elle n'avait pas d'ongles non plus d'ailleurs. Ils passèrent le portail de Cloverfield – les grilles s'ouvrirent d'elles-mêmes devant la créature. Elle descendit le sentier avec Andreas et le groupe de Remords, prit un embranchement – le seul. Elle le mena devant la petite cabane délabrée, pas plus grande qu'un appentis. Le Mirage poussa la porte. La pluie passait à travers le toit et mouillait le sol de terre. Un unique poteau se trouvait au milieu, soutenant la charpente. Le Mirage, elle, voyait ce qu'il s'était passé ici, elle voyait les fantôme du passé, mais pas Andreas. Le Comte, lui ne distinguait que des débris et les restes de dessins... Des cercles. Des écritures. Comme des dessins de sorcières à demi-effacés, ces cercles pour appeler les démons – le Diable. « Je suis née ici. » confia la voix du Mirage dans la tête d'Andreas. « Du moins, sous cette forme-ci. » Elle marqua un temps puis le poussa dans la cabane. « Les Remords ne peuvent pas entrer. C'est la source. Je ne peux pas entrer non plus. Seulement, prends garde d- » Le deuxième Mirage arriva, descendue du grenier pour rejoindre sa moitié. L'air semblait vibrer autour d'elles, comme si elles s'envoyaient des choses. Puis elles se mirent à parler toutes les deux dans la tête d'Andreas, si bien qu'on ne distinguait plus que des bribes de mots incompréhensibles. Puis, comme une seule femme, elles s'esquivèrent, laissant les Remords devant la porte, sifflants et couinants. Prends garde de quoi, alors... ?

Ne pas toucher les parois ou la porte, sinon ils entrent. Ne pas passer la tête par la porte, sinon ils entrent. Ne pas essayer de reconstituer le cercle car ce qui est fait est fait. Le cabane semble irradier d'une énergie palpable, malsaine, puissante qui donne mal à la tête à la longue, qui fait entendre des voix incompréhensibles. Il s'est passé des choses ici. Des gens y sont morts.
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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeDim 2 Déc - 17:43

05h01

Andreas plissa les yeux lorsqu’il vit les Remords lever leurs petites têtes déformées avant de se tordre en une grotesque et maladroite parodie de révérence.

« Mais qu’est-ce qu’ils font cette fois ... »

Le simple fait que les créatures respirent constituait pour lui une menace non négligeable. Alors, des gestes aussi étranges que ceux-ci ne pouvaient rien augurer de bon.
Pourtant, rien ne l’aurait préparé à ce qui allait suivre.
Alors qu’il se demandait bien ce que préparaient les affreux lutins, tendu, toute son attention focalisée sur eux, le Mirage s’était approchée de lui. Il n’eut conscience de sa présence que lorsqu’il fut trop tard pour faire demi-tour et fuir.
Le jeune homme écarquilla les yeux et frissonna en sentant la sœur et fille du Sycophante se pencher sur lui, debout dans son dos, jusqu’à ce que les fleurs à l’odeur entêtante qui poussaient sur sa tête viennent toucher ses cheveux pourpres que la bruine avait collé sur son visage et dans sa nuque. Les grands papillons d’un vert émeraude, dérangés par cette nouvelle posture, firent battre leurs grandes ailes contre son visage marqué par la surprise et la peur.

« Qu’est-ce que ... non – le Mirage ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? Qu’est-ce qu’elle va faire ? C’est un cauchemar, c’est un satané cauchemar ... »

Dans son esprit secoué, il était évident que la grande dame n’était pas là pour le sortir de cette situation. Au contraire, elle lui préparait sans doute quelque chose d’effroyablement terrifiant et douloureux. Peut-être même le ferait-elle souffrir encore quelques heures avant de l’achever salement. Après tout, la Propagande avait déjà montré combien elle pouvait être violente et sans pitié ; quelle raison y avait-il de croire que la sœur aînée de la fratrie soit plus clémente ?
Pourtant ...
Pourtant, aucun coup ne s’abattit sur Andreas. Point d’illusion, point de blessure, point de fièvre, point de douleur nouvelle. Juste une série de hoquets sinistres qui s’échappèrent des lèvres perpétuellement entrouvertes du Mirage, si bien que le Comte se demanda un instant si elle n’allait pas déverser sur lui une bile noire et corrosive qui le rongerait jusqu’aux os.
Rien de cela cependant, et ce fut avec une surprise décuplée qu’il accueillit l’étrange mélange de voix dans sa tête. Les yeux écarquillés, figé dans une position où il se trouvait à moitié courbé, il écouta.
Il écouta, et il ne perdit pas une miette du discours de la dame aux arums. La panique avait rapidement fait place à sa curiosité habituelle – d’autant qu’elle semblait lui livrer là quelques informations des plus intéressantes. Il n’oubliait pas les Remords, mais puisqu’ils ne semblaient pas approcher tant que le Mirage était là, il se focalisait plus sur ce qu’elle voulait bien lui dire que sur les monstres les encerclant.
Les paroles de la grande dame résonnaient dans son crâne, s’y imprimant profondément, comme marquées au fer rouge dans sa mémoire. Il n’oublierait pas un seul mot de ce qu’elle lui disait, et saurait bien s’en souvenir en temps et en heure. Il retiendrait aussi qu’il frissonnait à chaque fois qu’elle s’adressait à lui en utilisant son patronyme complet. Il n’avait jamais révélé son second prénom à quiconque ici – quel en aurait été l’intérêt, après tout. C’était le nom d’un démon, d’un des sept grands rois régissant les Enfers. Asmodée, le démon lascif et débauché se chargeant de tous ceux ayant péché par la chair. Le prince de la Luxure. Etonnant comme ses parents avaient bien choisi en le nommant ainsi. A croire qu’ils l’avaient fait exprès.
Et en parlant de Démon, le Mirage continuait à lui fournir des indications de plus en plus étranges – et qui, dans son état actuel, échappaient quelque peu à sa compréhension. Plus tard, à tête reposée, il prendrait le temps de décrypter correctement ce discours et tout ce qu’il impliquait.
Quoique sa tirade sur le Mal éveilla déjà quelque chose en lui.
Chaque service a un prix, dit-elle. Cela, il voulait bien le croire. Mais quel avait été le service rendu, et quel avait été le tribut payé pour que le souhait d’une personne se réalise ?
Un arum se détacha et tomba sur la tête d’Andreas, dégringolant dans sa nuque. Il rattrapa la fleur au vol, lâchant sa pelle et saisissant délicatement de sa main valide la belle fleur odorante.
La grande dame, quant à elle, fit le tour de l’imposante souche du courage. A la plus grande surprise du Comte, elle lui prit délicatement la main – la gauche, celle enveloppée grossièrement dans son unique vêtement, et à laquelle il manquait désormais un doigt. Il s’était attendu à sentir un élancement de douleur dans son membre blessé, comme si le simple contact avec la fille du Sycophante eut pu le faire souffrir davantage encore. Mais ce qu’il ressentit, ce fut une douce chaleur qui remonta le long de son bras, presque jusqu’à son épaule, pulsant par à-coups comme sous l’impulsion d’un cœur invisible et inexistant.
Le Mirage le guida alors, ne le lâchant pas, le gardant à ses côtés. Elle était grande, le dépassant d’une demi-tête, et son corps, bien que dépourvu de sexe et n’ayant pour seins que deux renflements lisses, avait quelque chose d’étrangement élégant et sensuel, ruisselant ainsi de pluie. Il émanait également d’elle un sentiment d’apaisement et de plénitude, contrastant assez bizarrement avec ce vaisseau de chair qui, s’il avait été constitué comme celui d’une femme humaine, aurait été terriblement attirant et tentateur. Au final, elle était peut-être la plus insaisissable de toutes ses sœurs tout en étant la plus compréhensible. Un paradoxe à elle toute seule. Un monstre qui, ce soir, avait montré de la miséricorde.
Du moins, c’était l’avis d’Andreas au sujet de la dame aux arums. Un papillon émeraude s’échappa de sa chevelure de fleur pour venir butiner celle qu’il tenait entre ses doigts fins et tâchés de boue et de sang. Il risqua un regard derrière lui. Ses yeux bleus se posèrent sur les Remords qui les suivaient en une procession silencieuse, le dévisageant avec méchanceté et colère tout en restant à distance sans jamais l’attaquer.
Le groupe descendit le long sentier qui traversait le parc, jusqu’à atteindre les grilles de Cloverfield. Les portes de fer s’ouvrirent d’elles-mêmes devant le Mirage, qui poursuivit sa route sans lâcher Andreas. Le jeune homme, surpris, se demandait où elle pouvait bien l’emmener comme ça. Ils s’enfoncèrent dans la forêt, parcoururent encore quelques mètres, puis s’arrêtèrent devant la vieille cabane délabrée qui autrefois servait d’appentis et de débarras au jardinier de l’orphelinat – le seul adulte qui ne leur voulait pas de mal, qui n’ait pas essayé de les tuer ou les blesser et qui ne les ait pas abusé d’une manière ou d’une autre. Le seul homme adulte pour qui le Comte avait eu un semblant de sympathie tout à fait sincère, à son grand étonnement.
Le Mirage poussa la porte de bois qui s’ouvrit en grinçant sur ses gonds. Andreas n’avait jamais mis les pieds ici. Il n’avait jamais vu le cabanon au toit pourri par où désormais s’infiltrait la pluie, détrempant le sol de terre, ni son unique poteau soutenant toute la fragile et branlante charpente rongée par le temps et les insectes. Cependant, il aurait pu jurer qu’il n’était pas normal pour un endroit aussi banal d’être ainsi décoré de restes de dessins et d’écritures. Il fronça légèrement les sourcils, perplexe.

« Qu’est-ce que ... »

La voix du Mirage retentit à nouveau dans son esprit. Puis, d’une poussée délicate mais ferme, elle le fit entrer dans le cabanon. Le jeune homme se retourna pour la regarder, prêt à lui poser des questions, cette fois, mais le double du grenier vint rejoindre sa moitié. L’air sembla onduler autour d’elle – non, ne sembla pas ; il ondula vraiment, sous le regard surpris d’Andreas.
Puis, comme un seul être, les jumelles se tournèrent vers lui. Une série de mots et de fragments de phrases au milieu de murmures précipités et incompréhensibles retentirent à ses oreilles. Les deux grandes dames finirent par s’en aller, le laissant seul face à la porte ouverte sur les Remords qui, chuchotant et sifflant méchamment, le dévisageaient avec rancœur et envie. Mais jamais l’un d’entre eux ne s’approcha de l’entrée de la cabane, pas plus qu’ils ne franchirent le pas de la porte.
Le Comte les regarda, peu rassuré, mais décida de faire confiance au Mirage et de partir du principe que les monstres ne rentreraient pas.
Leur tournant le dos, il entreprit d’étudier un peu mieux l’endroit où il se trouvait. Tout en essuyant négligemment le sang en partie coagulé qui avait coulé sur son torse nu, il détailla le sol et les murs. De vieux tracés à la craie s’y trouvaient, en partie effacé, mais certains fragments des cercles et des écritures étaient encore suffisamment nets pour leur trouver une forme distincte. Posant un genou à terre près de l’unique poteau, Andreas effleura du bout des doigts les restes dessinés dans la poussière que la pluie avait transformée en boue. Il lui sembla que quelque chose couru de sa main jusqu’à son épaule, une onde électrique qui lui arracha un frisson désagréable et lui donna la chair de poule. Se remettant debout, il regarda tout autour de lui, veillant à ne toucher rien d’autre. Il ne voulait pas déclencher une catastrophe qui lui aurait coûté cher. Il ne voulait pas attirer les Remords dans ce refuge inattendu et dont il se souviendrait si jamais il venait à devoir se cacher d’eux une nouvelle fois.
Son cœur battit très étrangement durant quelques secondes avant de repartir normalement, le laissant plié en deux, sa main valide crispée sur son torse et les yeux écarquillés.

« Quoi !? »

Le jeune homme se redressa en fronçant les sourcils. Des murmures retentirent à nouveau, mais cette fois ils n’émanaient pas des Remords. Ils venaient de quelque part ailleurs, de l’intérieur de la cabane et des entrailles de la terre, de l’air ambiant comme d’un endroit tout autre.
Andreas se sentit mal. La nausée le prit, ainsi qu’un mal de tête lancinant. Il lâcha l’arum qu’il tenait encore et posa les deux mains sur sa tête. Il chancela, assailli par des voix dont il ne déterminait pas l’origine. Il essaya de comprendre ce qu’elles lui disaient, mais il abandonna bien vite, sa migraine ne faisant qu’empirer plus vite encore.
Quelque chose de chaud coula jusqu’à sa bouche, et le goût métallique qui imprégna ses lèvres l’informa qu’il saignait du nez. Andreas tomba à genoux, ses jambes ne le soutenant plus. Vacillant, il se demanda s’il n’était pas tombé dans un autre piège, au final.
Les voix étaient de plus en plus fortes, de plus en plus insistantes. Le jeune homme leva la tête vers le ciel, penché en arrière. La pluie gouttait à travers le toit percé de toutes parts, dégoulinant sur son visage, son torse nu, son dos, son ventre, collant ses cheveux pourpre à son visage pâle.
Une image jaillit dans son esprit, si brusquement qu’il en eut un sursaut. Il avait mal à la tête, sentait les pulsations de son cœur dans chaque plaie ouverte, chaque muscle douloureux. Ses yeux se révulsèrent tandis qu’une autre série d’images défilaient dans son crâne. Il ne les comprenait pas : elles se superposaient les unes aux autres, ne lui laissant apercevoir que de brefs détails, de brefs éclats d’un drame dont il ne pouvait se douter. Il savait juste que quelque chose d’affreux était arrivé ici, quelque chose de si terrible que même les monstres ne s’approchaient pas de la source de la tragédie. La magie noire avait infiltré ces lieux, étendant ses bras malingres et maléfiques sur tout le domaine de Cloverfield. Pourquoi et comment : ces questions-là, le Comte ne pouvait y répondre. Il ne pouvait plus réfléchir, plus rien faire d’autre que de laisser son esprit se faire violenter par ces visions comme il n’avait eu d’autre choix que de laisser violenter son corps par des inconnus plus violents, plus tordus les uns que les autres des années durant.
La tête du jeune homme partit en arrière, l’entrainant dans la boue tandis qu’il sombrait dans l’inconscience, les gouttes d’eau tiède caressant délicatement son visage.
Etendu au milieu de l’appentis délabré, Andreas sombra dans un sommeil peuplé de cauchemars.
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Andreas A. Sheppard

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeLun 3 Déc - 2:18

L’aube


La pluie avait cessé depuis un petit moment désormais ; les lourds nuages noirs encombrant le ciel avaient disparu aussi vite qu’ils étaient arrivés. Ce serait une journée exceptionnellement belle et resplendissante.
Une gouttelette accrochée aux planches pourries qui autrefois furent un toit pour la cabane au bout du sentier tomba et s’écrasa sur la joue d’Andreas. Les yeux du jeune homme remuèrent sous ses paupières closes avant qu’elles ne s’entrouvrent doucement. Il mit quelques instants avant de parvenir à chasser les images atroces dansant encore dans son esprit avant de se rappeler où il était et pourquoi. Les yeux fixés sur la frondaison des arbres au-dessus de l’appentis, il reprenait doucement conscience. Il n’eut pas la force de retenir un léger gémissement de douleur quand ses blessures se rappelèrent à son bon souvenir. Sa main gauche, toujours enroulée dans son débardeur, était engourdie. Ses muscles le tiraillaient et sa tête lui faisait mal.
La scène avec le Mirage lui revint soudain en mémoire. Il se demanda tout à coup s’il ne s’était pas agi d’un rêve, d’une hallucination provoquée par la peur et la souffrance. Tournant mollement la tête sur le côté, il aperçut à sa droite l’arum que la dame aux fleurs avait perdu lors de leur entretien. Du bout des doigts, il caressa les pétales à la couleur si spéciale, et il fut assuré que l’objet était bien réel, et non pas une nouvelle vision.
Le Comte prit appui sur le sol de sa main valide et se redressa en grognant un peu. Désormais assis, il faisait face à la porte. Les Remords avaient disparu. Aux traces de pas dans la terre encore humide, on en déduisait qu’ils avaient piétiné longtemps devant le cabanon avant de s’en retourner vers Dieu seul savait quelle autre tâche. L’adolescent aux cheveux pourpres se saisit de l’arum du Mirage avant de le coincer derrière son oreille, bien visible sur sa chevelure si particulière ; puis il se mit à genoux et, lentement, difficilement, il se remit debout. Il lui fallut une bonne minute avant d’être sûr qu’il ne tomberait pas lourdement sur le sol dès qu’il essaierait d’avancer. Il fit un premier pas, puis un autre, et un autre encore, jusqu’à arriver à l’entrée du cabanon. Prudemment, il passa la tête par la porte et regarda tout autour de lui.
Il n’y avait pas âme qui vive, à part les quelques petits animaux qui s’enfuirent en le voyant. Hagard, il sortit de son abri et suivit le sentier jusqu’à sortir de la forêt. Une fois là, il se tourna vers l’Ouest. La lumière dorée du soleil levant le baigna de sa douce chaleur. Le jeune homme rejeta légèrement la tête en arrière et resta là, les yeux clos, face à l’horizon, ressentant pleinement chaque rayon venant caresser sa peau, réalisant qu’il avait survécu.
Il avait survécu à cette nuit.
Un mince sourire vint barrer ses lèvres.

« Finalement, » se dit-il, « il semblerait que je doive vivre encore un jour de plus ... »

De longues minutes s’écoulèrent, durant lesquelles il ne bougea plus. Finalement, et un peu à contrecœur, il se détourna de la lumière pour remonter le long du sentier qui menait à l’orphelinat. Il passa de nouveau les imposantes grilles de métal forgé, l’esprit encore trop engourdi pour tout à fait réfléchir à ce qu’il avait vu et entendu lorsque le Mirage était venu le chercher – qu’elle l’avait sauvée des Remords. Sans elle, il serait probablement mort à l’heure qu’il est, éventré et à demi dévoré au pied de la souche du courage.
Arrivé dans le parc, il se dirigea presque mécaniquement là où il avait laissé tomber ses affaires lorsqu’il avait eu à affronter les petits monstres aux griffes tranchantes comme des lames de rasoir. La carcasse de l’arbre frappé par la foudre gisait non loin de là, sa silhouette noircie ayant quelque chose de sinistre. Andreas aperçu, jeté et piétiné sur le sol boueux, son manteau de laine noir auquel il manquait désormais un bout, et dont le dos et les bras étaient profondément lacérés. Se penchant pour le saisir de sa seule main libre, il le détailla un instant, et ne put réprimer un sourire en se disant qu’il aurait bien besoin d’une nouvelle tenue pour remplacer celle-ci. Ou d’une couturière aux doigts de fée.
Il recouvrit ses épaules de son manteau, se créant une espèce de cape tâchée de terre, de cendres et de sang, aussi sale que lui l’était. Il récupéra également son briquet, qu’il rangea précautionneusement dans sa poche de pantalon, puis s’en alla en direction de la souche du courage. Là-bas, il y récupéra la pelle qui lui avait sauvé la vie et qu’il avait abandonnée lorsque la dame aux arums était venue lui parler. L’envie d’en enfoncer la tranche dans le crâne de Malice lorsqu’il le croiserait lui traversa brièvement l’esprit. Un nouveau sourire apparu sur son visage.

« Il ne vaut pas la peine que je me donne cet effort-là. Et il mérite un peu plus subtil qu’un simple coup dans la tête. »

Ce qu’il ferait subir au valet en guise de vengeance, il n’en avait encore aucune idée. Et pour l’instant, il s’en fichait royalement. Il appréciait simplement le fait d’être encore capable de respirer, de voir avec ses deux yeux, marcher avec ses deux jambes ... Seul le petit doigt de sa main gauche avait été perdu. Un bien maigre sacrifice comparé à tout ce qu’il aurait pu perdre d’autre. Pivotant sur ses talons, son manteau tout juste posé sur ses épaules, couvert de boue, de cendres et de sang, il s’en retourna en direction de l’orphelinat.


Arrivé devant l’imposante bâtisse de Cloverfield, il eut la surprise de découvrir Lucifel et une bonne partie de l’Aristocratie, debout ou assis sur les marches menant vers l’intérieur.

« Eh bien, quel comité d'accueil ! »

Andreas eut un léger sourire satisfait en voyant l’expression qu’arboraient la plupart d’entre eux en le voyant revenir. Il s’arrêta face au groupe et planta sa pelle dans le sol comme s’il s’était agit d’une lance ou d’une épée, avant de redresser les épaules, fier et aussi digne que possible, exposant une partie de ses blessures à la vue de tous. Il dévisagea les orphelins les uns après les autres, prenant bien soin de fixer dans les yeux ceux qui seraient le plus susceptible de détourner le regard rapidement. Il les défia tous de ses beaux yeux bleus, puis les planta dans ceux de Lucifel, aussi noirs que la nuit.
Et alors qu’il fixait le Prince, les mots du Mirage lui revinrent en mémoire.
Le Mal peut prendre de nombreuses apparences et affecter l’innocence la plus pure, avoir des traits d’une extrême délicatesse et le cœur taillé dans un joyau fait des ténèbres les plus noires. Le Diable habite l’enveloppe qui lui permet de se faire bien voir par tous.
Le Comte détaillait le garçonnet face à lui. C’était presque trop facile. Il portait même le nom du Malin. Et pourtant ... Pourtant, quelque chose lui disait qu’il y avait quelque chose de louche, de très louche chez Lucifel Sveinsson. Quelque chose de fondamentalement mauvais, encore plus que ce que tous ici croyaient, et qui pourrait bien les mener à leur perte – si, d’aventure, ça n’était pas déjà le cas.
Le jeune homme ne put empêcher un fin sourire amusé d’étirer le coin de ses lèvres ; vraiment, il y avait là de l’ironie à revendre dans cette situation. Le voilà, démon de la Luxure, au service du Roi de tous les démons. Au service de Lucifer venu sous la forme d’un enfant. Le garçon aux yeux couleur d’orage portait bien son patronyme, au final. Etait-il l’auteur des écritures qu’Andreas avait vu dans la cabane au bout du sentier de terre ? Il ne pouvait le dire avec certitude, mais ses soupçons se portaient sur lui en priorité. Il aurait tué pour connaître les secrets détenus par le gamin qui les gouvernait tous d’une main de fer.
Tuer ... ou séduire. Charmer. Utiliser ce savoir qu’il avait accumulé au fil des ans, se faire bien voir, jusqu’à obtenir ce qu’il cherchait : des réponses à ses nombreuses, très nombreuses questions. Mais Lucifel excellait également dans ce petit jeu, et il allait lui falloir la jouer très fine pour parvenir à ses fins. Andreas s’en fichait : il était patient, et ne doutait pas que cette lutte silencieuse allait beaucoup l’amuser. Au final, il obtiendrait ce qu’il voulait.
Il recula l’une de ses jambes et s’inclina en une révérence très élégante, son bras gauche replié dans son dos, posant sa main droite et valide sur son cœur.

« Mon Prince, » dit-il de sa voix la plus agréable à l’oreille, « il me semble bien que j’ai, à la surprise générale, survécu à cette nuit dans le noir. »

Il se redressa en souriant, absolument charmant tandis qu’un léger rire s’échappait de sa gorge, à travers ses lèvres closes. Il avait presque l’air gentil. Seule la lueur qui brillait dans son regard azuré et la manière dont il dévisageait Lucifel trahissaient l’excitation malsaine qui l’agitait intérieurement.
Et déjà, il préparait sa vengeance. Il abattrait tout ces beaux aristocrates bien propres sur eux. Ce qu’il avait subit ce soir, il le leur ferait payer au centuple.
Et en les voyant ainsi souffrir, il ne doutait pas qu’il jouirait du spectacle plus qu’il ne pouvait l’imaginer.
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Le Sycophante

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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitimeMer 5 Déc - 20:58

    Fredonnant tout bas une berceuse, Lucifel attendait, assis sur les marches qui donnaient sur la porte principale de l'orphelinat. Il manipulait une cocotte en papier au gré des chiffres qu'il choisissait dans sa tête. Il ouvrit un des petits volets de papier et dessous figuraient un dessin de tête de mort. Il secoua doucement la tête avec un sourire aux lèvres sans cesser de chantonner. Andreas était mort cette nuit, il ne reviendrait pas. Il fallait aller vérifier du côté de la souche du courage pour voir si c'était là qu'il était tombé. En un sens, Lucifel était un peu déçu par cette punition : il préférait quand c'était tout l'orphelinat qui faisait subir mille brimades au condamné, dont lui-même. C'était quand même plus drôle quand celui qui était puni se faisait maltraiter par toute la communauté, ses propres « amis » compris. Des amis. Lucifel connaissait bien la définition théorique, mais il n'en avait jamais eu. Il était incapable d'en avoir. Oh, il n'en était pas triste. Il n'en voulait pas. Il ne pouvait pas. C'était éprouver des sentiments inutiles que d'en avoir. Lucifel ne ressentait pas de tels idioties dans son petit cœur pourri.

    Il fit mine de se lever pour partir vers les profondeur du parc quand le grincement du portail lui fit tourner la tête. Là, à une quinzaine de mètres, qui le franchissait ? Andreas. Un étrange sourire ironique passa sur les lèvres du Prince, qui se recala confortablement sur sa marche. Derrière lui, la porte lourde porte de chêne sculptée s'entrouvrit et les têtes des Aristocrates émergèrent de l'ombre. Alix fronça le nez en le regardant avancer, comme gênée par une effroyable mauvaise odeur. Albert affectait la froideur mais les lèvres étaient étroitement serrées, preuve de sa contrariété. Alexiel affichait une mine clairement écœurée, visiblement déçu et même en colère qu'il ne soit pas mort. Leonild, elle, ça semblait lui faire ni chaud ni froid : un cloporte de plus ou de moins, qu'est-ce que ça changeait ? Elle n'avait même plus à travailler en binôme avec lui de toute façon, nouvellement promue Duchesse.

    Lucifel posa sa cocotte à côté de lui et observa d'un ton léger : « Tu as l'air fatigué. Tu saignes. T'es tombé ? » Sourire. Pure moquerie. Cette question n'attendait pas de réponse de toute manière. Il se redressa et chassa les autres d'un geste de la main et il refermèrent la porte. Au côté de Lucifel apparut lentement le Sycophante, d'abord transparente puis de plus en plus nette jusqu'à être palpable. Avait-elle était là, invisible, tout du long, auprès de Lucifel ? C'était peut-être à elle qu'il chantait sa chanson. Lucifel lui attrapa doucement la main, nullement perturbé par les yeux qui glignaient et roulaient sur son poignet. Il esquissa une courbette sarcastique et lui fit une grimace : « Re-bienvenue parmi les vivants, alors. J'avais parié que tu mourrais. Mais ce n'est pas grave parce que tout le monde à parié dans le même sens que moi alors je n'ai rien perdu. » Il tapota sa bouche avec son index, l'air de réfléchir. « Hmm... Je te donne... mettons... une heure pour te remettre sur pied. Après tu reprends le travail. On n'a pas de place pour les faibles, ici. » Le garçon s'en retourna dans la grande bâtisse sans prendre la peine de tenir la porte à Andreas, la claquant même derrière lui comme une ultime provocation. Le Sycophante dévisagea un instant le Comte malgré son absence d'yeux sur la figure avant de se volatiliser comme elle était venue, sans piper mot.


    Mais elle savait. Elle savait tout des plans d'Andreas et ce dernier devait bien s'en douter. Le Sycophante voit tout. Le Sycophante entend tout.



♣ ♣ ♣ ♣



FIN DE L'EVENT
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♣ ♣



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MessageSujet: Re: EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché   EVENT PERMANENT ♣ Tu paieras par là où tu as péché Icon_minitime

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