Le secret



 
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 Le secret

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Josué Starvinski

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Josué Starvinski
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MessageSujet: Le secret    Le secret  Icon_minitimeVen 3 Mai - 23:58


– Josué Starvinski !

Une voix rauque et sonore s’élevait parmi les autres. Mais le jeune Josué, plongé dans sa lecture, ne l’entendait pas. Il profitait d’un moment de calme pour s’adonner à cette activité qui demeurait la plus libre et la plus vivifiante de toutes, en ces lieux condamnés. Lire. A l’origine, Josué n’aimait guère lire, il préférait la musique ou les jeux d’osselet. C’était Isaac, son frère, qui cultivait une collection impressionnante d’ouvrages, qu’il récoltait la plupart du temps dans des brocantes ou des apothicaires heureux de transmettre leur héritage à de jeunes gens avides de littérature. Isaac avait tout lu : Tarzan, Le Livre de la Jungle, La Baleine Blanche, Vingt mille lieues sous les mers, les contes de Perrault… Il ne s’arrêtait jamais. Ainsi, cela avait été tout naturellement qu’il avait emporté dans ses affaires ses livres préférés. C’était son trésor, encore plus important que des vivres.
Aujourd’hui, Josué était le garant de ce petit patrimoine. Il avait conservé les romans de son frère avec beaucoup de prudence et de délicatesse. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne l’avait encore découvert. Il se trouvait en ce moment planqué sous un escalier, tout à fait recroquevillé, en pleine lecture de Peter Pan dont il parcourait les lignes et les illustrations à l’aide de sa lampe torche. Elle était sa meilleure amie ici.

– Jojo. Jojo !

C’était un de ses « collègues », Jamie, qui l’appelait.  Beaucoup d’enfants peinaient à articuler correctement son prénom dont les intonations n’avaient rien d’anglophones, ainsi Josué était-il souvent nommé simplement Jojo. Josué leva la lampe torche en direction du garçon qui l’interpelait. Jamie était encore plus petit et misérable que lui, avec ses culottes et ses yeux trop grands. Il avait toujours l’air malade.

– Ah, baisse cette lampe ! s’écria-t-il en se protégeant le visage de son bras.

Josué rangea son livre dans la proche de son veston et sortit de sa cachette. Il était couvert de poussière.

– Qu’est-ce que tu faisais planqué là ? s’enquit son camarade.

– Je… Je… Qu’y a-t-il, Jamie ?

– On te cherche au verger. Tu n'as pas entendu qu'on t'appelle ?

– Au verger ? répéta Josué d’un ton surpris.

Il était très inhabituel qu’on lui demande de sortir de l’enceinte de l’orphelinat, même si c’était pour se rendre au jardin.

– Une fille a cassé sa pelle.

– Oh…

– Tu sais, celle qui ne parle jamais.




Josué alla préparer les outils nécessaires avant de sortir au grand air. Il faisait frais ce jour-là, le ciel était gris et le vent vif. Le parc était un champ de mine naturel. Josué n’y allait pas souvent, car son existence à l’orphelinat ne le permettait pas. En tant que réparateur, il avait surtout droit à des travaux d’intérieur. Des hautes herbes en pagaille et des restes de bois jonchaient le sol, parsemé ça et là d’arbres aux allures spectrales. De loin, Josué apercevait les enfants du verger, dont l’essentiel du temps se passait à l’air libre, autant que le sien demeurait confiné. Ces enfants-là avaient droit à la nature et au soleil, mais aussi au froid et à la boue. Quel que soit le temps, ils devaient faire leur travail, quitte à s’en mortifier les mains.

La taille cintrée de sa ceinture à outils, Josué remonta légèrement ses bretelles et s’approcha d’eux. Tous étaient à l’ouvrage et aucun ne leva la tête vers lui. Josué s’approcha timidement d’un garçon grand et blond qui plantait des patates avec beaucoup de dextérité.

– Je cherche une fille qui a cassé sa pelle.

Pendant un instant, le garçon ne lui répondit pas, poursuivant sa tâche sans même lui adresser un regard.

– Pourquoi tu la cherches ? finit-il par lâcher.

– Je suis le réparateur, répondit Josué en désignant son ceinturon.

L’autre se redressa et le toisa de bas et haut. Il ôta ses gants et lui tendit la main.

– Je suis Denis. On ne se croise pas souvent, mais c’est grâce à nous que tu manges. Weather est là-bas.

Impressionné par le ton grave du garçon, Josué se contenta de répondre à sa poignée de main et de suivre la direction indiquée. Weather Nemo, la jeune fille qu’il cherchait, se tenait à quelques mètres de là, devant un petit pied de tomates. Josué la reconnut à ses gros noeuds rouges qui maintenaient ses longs cheveux bruns. A côté d’elle gisait une pelle dont le manche s’était délogé. Josué jeta un œil derrière lui et vit Isaac, translucide et vaporeux comme à l’accoutumée, l’encourager d’un sourire. En dehors de lui, personne ne s’apercevait de cette apparition. Josué sourit très faiblement et s’approcha de Weather en regardant sa pelle.

– Bonjour.

Silence.

– Je m’appelle Josué, tout le monde m’appelle Jojo. On m’a dit que tu avais cassé ta pelle. Ce n’est pas grave.

Sans attendre de réaction, il sortit une visse et un tournevis, et se pencha pour ramasser  la pelle à ses pieds. Il ne se rendit pas compte qu’en se baissant, il avait fait tomber le livre de Peter Pan qu’il cachait dans sa poche. Weather Nemo, elle, l’avait remarqué.


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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeDim 5 Mai - 12:38

Weather était là, à tourner en rond comme à son habitude, elle n’avait pas vu l’heure passer. Normalement elle aurait prit un livre, lors de son temps libre, pour s’occuper un peu l’esprit… Là elle n’en avait pas avec elle. Et la bibliothèque lui était totalement inconnue. Elle est peureuse Weather, trop peureuse pour se rendre là bas, sur laquelle de nombreuses rumeurs circulent, plus effrayantes les unes que les autres. C’est dommage, car depuis plusieurs mois, elle n’avait touché à aucun ouvrage. Depuis son arrivée, quand elle avait couru droit devant elle, sans même penser à ses bagages, loin des décombres du train. Elle y repensa puis secoua la tête, comme pour chasser les images du désastre. Voila, elle voulait lire, elle en avait besoin.

« Va au potager Miss météo, illico ! » cria un orphelin dans les oreilles – désormais meurtries- de la jeune fille.

Non mais ça va pas bien dans ta p’tite tête !? Dieu n’a pas créé les humains avec une bouche pour qu’ils massacrent les oreilles des autres ! ‘foiré. Elle ne répondit pas, toisa l’autre de son regard le plus noir et tourna vivement les talons. Mufle ! Elle se dirigea vers la porte d’un pas on ne peut plus pressé et prit une grande bouffée d’air frais une fois sortie. J’ai besoin de respirer, pitié. Rester enfermée dans le bâtiment lui était tout simplement insupportable. Il lui fallait de l’herbe, des arbres, des plantes, de la couleur. Tout ce qui ne trouvait pas sa place en intérieur. De toute manière elle n’en pouvait plus de ces imbéciles qui lui donnaient des ordres –et qui lui gueulaient des horreurs dans les tympans justes pour la pousser à bout. Mais elle les exécutait, telle la servante dévouée qu’elle était. Non pas soumise, mais juste… docile, pour le moment. Seulement pour le moment. Elle rêvait de pouvoir décrocher une droite dans le ventre de ces crétins qui la raillent à longueur de journée, juste parce qu’elle ne parle pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que parler ne sert à rien, sans compter crier des ordres et insulter. Elle avait parlé avant, pour des mots gentils, amicaux, doucereux. Mais là, dans ce pensionnat, personne ne les méritaient. Chacals ! Elle leur avait vite fait comprendre qu’elle les méprisait, tous, en leur décrochant moult regards mauvais et moues dégoûtées. De ce fait, elle était rapidement devenue « la fille qui ne parle jamais » ou « celle qui n’aime personne ». Ce qui était plutôt vrai pour la plupart du temps, pour les enfants qui l’appelaient de la sorte. Mais on ne choisit pas les parents qui nous influencent, et ça, Weather le comprenait très bien.

La fillette se mit à courir en apercevant les autres responsables du potager déjà au travail. Elle était en retard, c’était mauvais ça. Les jambes la menèrent rapidement à son côté du potager, le verger, là où tous les fruits poussaient. Elle empoigna une pelle et une paire de gants en passant devant la remise et se rendit près de son pommier préféré. C’était lui, son favori. La jeune fille l’observait chaque jours, vérifiant chaque branche, chaque bourgeon, chaque fruit, chaque feuille. Il était le plus petit des arbres fruitiers présents à Cloverfield, et elle voulait s’assurer d’une croissance parfaite. Une fois son arbre vérifié, elle fit quelques pas pour trouver les autres pousses. Elle se félicita de les voir toutes en forme, comme elle les avait laissées le soir précédent. Ses prédictions étaient pratiques par ici. Elle étai nommée Miss météo pour les simples et bonnes raisons qu’elle s’appelait Weather et qu’elle devinait le temps qu’il allait faire, et ainsi sauvait un bon nombre de pousse du gel de certaines nuits qui, suivant une journée de canicule, n’étaient pas toujours attendues.

L’orpheline huma l’air puis, satisfaite de ne sentir aucune trace de pluie, alla pelleter un morceau du potager encore en friche. Elle déterra un petit bout puis buta soudainement contre quelque chose. Elle réessaya, forçant sur sa pelle fragile. Mais la pauvre pelle, sous la pression trop forte de son utilisatrice et la dureté de la pierre qui l’empêchait de faire son boulot d'outil de jardin, céda, laissant un manche en bois dans les menottes gantées de la jeune fille et un morceau de ferraille dans la terre. Flûte, je fais quoi maintenant moi ? Weather se retourna, vérifiant qu’aucune autre pelle restait près de la remise, puis soupira de désespoir. Elle allait devoir parler à ses collègues… N’en ayant aucunement envie, elle se rendit à contre cœur près d’un garçon d’à peu près son âge et lui montra le manche cassé. Elle ne le connaissait que de vue mais lui, sembla comprendre la demande de la fillette. Il héla un autre responsable du potager un peu plus loin et d’un signe de tête, le laissa rentrer dans le bâtiment pour chercher un réparateur. Weather rejoignit donc un plan de tomate long loin et attendit l’arrivée de son « sauveur ».
Quelques minutes plus tard, accroupie dans la terre, sa longue robe bleue flottant autour d’elle, absorbée par ses tomates étranges qui avaient la bonne taille mais pas la bonne couleur, Weather ne remarqua même pas le garçon qui s’approchait d’elle. C’est donc dans un sursaut qu’elle reçut les paroles de l’étranger.

- Bonjour.

Silence. Elle n’avait pas envie de lui répondre. Tout simplement. Tant pis pour lui. Mais elle relava la tête, signe qu’elle l’écoutait tout de même, elle n’est pas trop trop mal élevée quand même.

- Je m’appelle Josué, tout le monde m’appelle Jojo. On m’a dit que tu avais cassé ta pelle. Ce n’est pas grave.

Ah fort bien. Non, ce n’est qu’une pelle après tout. Enchanté Jojo, le garçon à l’accent français. C’est mieux Josué mais bon, c’est difficile à prononcer. Il sortit quelques outils de la ceinture à sa taille et s’agenouilla pour observer la pelle et la récupérer. Quelque chose glissa de la poche de sa veste et attira le regard noisette de la brune, un livre, elle tourna légèrement la tête pour lire le titre de l’ouvrage à l’envers. Le petit garçon ne l’avait même pas remarqué, concentré sur son travail de réparateur. Mais sur le visage de Weather, un faible sourire apparut, une esquisse, sincère, d’espoir.

- Il est bien ? Je ne l’ai jamais lu… murmura-t-elle timidement.

Elle observa la couverture un peu abîmée, qui avait perdu le peu de couleur qu’il avait. Il semblait vieillit. Elle soupira en repensant à sa maison et aux livres qu’elle avait laissés dans des bagages. Quel gâchis…

-Jo-su-é, continua-t-elle avec quelques difficultés, tu en as d’autre… des livres comme ça ?

Elle était entrain de parler. La phrase la plus longue qu’elle ait enchaîné depuis le départ de sa meilleure amie. Lui au moins, ce Josué, il sera pas un de ceux qui l’insultent. Et puis il lisait. Deux points positifs.
Sans même attendre la réaction du garçonnet, elle retira ses gants souillés de terre et prit le livre entre ses petites mains mates. Elle le retourna sous toutes ses coutures et reprit doucement :

- James Matthew Barrie. J’aime bien cet auteur… Ça parle de quoi ?

Weather, celle qui pose des questions en rafale, curieuse. Et puis elle parlait quoi, ça n’arrive pas tous les jours… !

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Dan Foko

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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeDim 5 Mai - 15:30

Cette journée semblait destinée à le condamner, déjà il avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, des cauchemars tous aussi horribles les uns que les autres l'avaient perturbés. Un chasseur qui dormait mal, c'était un chasseur qui chasserait encore plus mal. Des sensations étrange c'étaient emparées de son corps, il avait tellement transpiré qu'en se réveillant il avait cru s'être fait arroser. Son visage était imprégné d'humidité, deux fentes noires cernaient ses yeux bleus grisonnant. Il passa délicatement sa main sur son visage pour virer les grosses gouttes d'un geste las. Sa respiration était longue, obligé d'aspirer l'air avec sa bouche pour se ventiler, son corps était bouillant. Les autres semblaient encore en train de dormir, impossible de savoir quelle heure il était, Dan ne voulait pas le savoir. Il devait s'en aller, faire un tour, se changer les idées, bref oublier le plus vite possible cette affreuse nuit! Il alla se laver au gant un bref instant, l'odeur émanant de lui était tout simplement insupportable, toujours en silence il s'habilla enfilant son écharpe pour cacher une partie de son visage dedans, puis avant de partir fit son lit. Et c'est là! Que les vrais problèmes pour lui commencèrent, en tapant l'oreiller il aperçut une enveloppe froissée, sûrement à cause de l'agitation qui avait accompagnée sa nuit. Il s'empara de cette dernière l'enfouissant dans sa poche, puis quitta le dortoir d'un pas silencieux, il cru voir un enfant bouger, mais ne s'en préoccupa point. Dan marcha de longues minutes seul dans les couloirs, les pendules affichaient six heure trente, ce n'était pas encore trop tôt, ni trop tard. Les créatures de l’autre horrible bestiole aux mille yeux devraient l'épargner pour cette fois. Après avoir erré un petit quart d'heure, retrouvant son sang froid, et les idées claire il se laissa tomber sur le sol, dos contre un mur. Ses yeux restaient perdu contre le mur blanc lui faisant face, le jeune chasseur cherchait encore la raison de sa mauvaise nuit, il cherchait encore à savoir qu'est ce qui avait bien pu autant le chambouler.

Les minutes passèrent, et le souvenir de la lettre lui revint, en quelques instants elle était passée du stade froissée à chiffon. Il soupira, blâmant son non respect des affaires, il déplia les côtés froissés, puis en sortit le message entreposé à l’intérieur. Les premières lignes furent lentes à lire, ses mains se crispèrent sur le papier, et ses membres commencèrent à se compresser les uns après les autres. Dan rangea l'enveloppe avant de se lever d'un bond et de se diriger vers la cafétéria. Il attendrait le temps qu'il faut, mais il irait manger, s'isoler et surtout réfléchir. Pour la première fois depuis longtemps, un sentiment de panique s'emparait de lui. Et ce n'était vraiment pas quelque chose d'agréable.

Après avoir mangé seul dans son coin, Dan était partit avec un groupe de chasseurs faire ce qu'il faisait l'essentiel de son temps, ses jambes étaient faibles, ses yeux alertes, mais ses sens n'étaient pas tous éveillés. Ils firent un tour prêt des dunes pour vérifier les pièges à lapins, trois prises avaient été faîtes. Dont l'une était part l'un de ses pièges. Ce n'était pas réellement une fierté, mais en temps normale, le jeune chasseur aurait prit plus de temps à étudier la cage, sa prise, pour en tirer des informations et peaufiner sa technique. Là ses esprits étaient totalement ailleurs, un sentiment au goût désagréable rongeait sa réflexion et ses camardes le remarquaient très bien. L'un des chasseurs, sachant pourtant que Dan ne parlait que très rarement, et que son caractère était loin d'être facile osa l'aborder. Ils étaient de la même classe, était dans le même groupe de chasse, Dan avait simplement deux ans de plus que l'autre:

-Dan ? Ca va pas t'es pâle aujourd'hui... mal dormi?

-Ca va ne t'inquiète pas.

-Je t'ai vue te lever ce matin ... donc je me demandais si tu avais des problèmes.

-J'avais simplement une terrible envie de me soulager, tu vas arrêter de me fliquer maintenant?

Le regard du jeune homme était incrédule, tendis que celui du jeune loup était vraiment effrayant, un regard noir qui facilita l'arrêt net de la conversation. Les lapins furent les seuls prisent faîtes par les pièges, le reste de la journée, ils la passèrent respectivement à attendre embusqués dans des buissons, où perchés dans des arbres. Pendant que d'autres traquaient, pour essayer de rabattre du gibier vers les embusqués. Dan était simplement assit par terre contre un tronc d'arbre, seul à tailler du bois avec un couteau usé, il savait instinctivement que rien ne viendrait aujourd'hui, il n'y avait rien à faire de toute façon. Le regard perdu dans les feuilles, il lâcha son bout de bois en entendant le cri de rassemblement. Après avoir longuement soupiré il se traîna jusqu'à eux, se massant la nuque avec sa main. Le bilan de cette chasse était minable, les classes faibles allaient devoir se contenter de légumes, où de viandes dur se soir. Il fallait d'ailleurs allait prévenir les membres du potager, histoire qu'ils avisent de ce qu'ils allaient devoir prendre dans les réserves de légumes. Bien évidement, Dan fut désigné après avoir soupiré trop fort, il lança un nouveau regard noir au groupe puis s'en alla en direction du potager d'un pas lent. Traînant des pieds, en serrant les dents de toutes ses forces derrière son écharpe, il se contrôlait pour ne pas casser la tête de l'un des chasseurs.

Il traversa le potager, puis passa à côté d'un duo assez intéressant, un duo qu'il connaissait plus qu'il ne l'imaginait en fait. Il remarqua le livre, puis souriant masqué aux yeux des autres il se dirigea simplement jusqu'au gérant des provisions, lui expliquant la situation. Les remarques sur l’incompétence des chasseurs furent très durent à encaisser, mais Dan se calma en regardant les jardiniers à l'œuvre. Ils étaient tous en train de creuser la terre, retourner des plantes, bref un travail qui faisait appel à une grande dextérité. Il salua le gérant d'un signe de la main, ne se préoccupant pas de ses vociférations, préférant aller trouver un coin prêt des bois histoire d'être tranquille. Mais de nouveau son attention fut captée par les deux enfants à sa droite, l'un était en train de réparer la pelle de l'autre, mais la jeune fille semblait examiner un livre intéressant. Un roman que le jeune loup avait lu par le passé, une aventure vraiment magique, du moins elle l'était dans ses souvenirs. Il osa s'approcher d'eux, rabaissant son écharpe pour laisser respirer la partie inférieure de son visage. Ses lèvres eurent du mal à bouger, il était plus âgé qu'eux pourtant il avait l'impression d'être le plus gêné, il s'accroupit puis les salua, et ne pu s'empêcher de répondre à la question de la jeune fille bien qu'elle ne lui soit pas attribuée:

-Ca parle d'un pays imaginaire et d'un enfant qui refuse de grandir. J'ai vraiment passé des moments merveilleux à lire ce livre...

Il s'arrêta sentant qu'en s'incrustant quelque part ainsi, il allait forcément s'attirer des ennuis, où du moins des remontrances. Si elle avait posée une question à propos de ce livre, il y avait des chances pour qu'il appartienne au garçon. leurs visages lui étaient familiers:

-Désolé, j'ai oublié la politesse... Bonjour, je m'appel Dan, je suis un chasseur exténué et j'ai simplement aperçut ton livre dans ses mains. Tu n'as pas peur des railleries, où des problèmes à exposer un tel ouvrage ainsi ? Méfie toi, les gens ici bas sont dur entre eux, surtout quand on à un passe temps qui nous démarque des autres.

Il les regardait l'un après l'autre sentant une gêne naître en lui, il n'aimait pas s'incruster ainsi, mais si ça lui permettait d'éviter de repenser à cette maudite lettre. Il hésitait encore à obéir, il ne savait même pas qui était ces gens qu'il cherchait, il ne savait pas ce qu'il devait faire. Obéir, où bien réfléchir et résister encore malgré les conséquences? Un soupir ne quitta pas ses lèvres, seul un sourire se voulant aimable apparut. S’ils aimaient la lecture, ils devaient être moins bêtes que la moyenne des autres enfants.


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Josué Starvinski

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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeMar 14 Mai - 19:12



– Il est bien ? Je ne l’ai jamais lu.

Josué sentit un haut-le-cœur lui remuer l’estomac. Weather tenait entre ses mains son livre secret, la preuve de son impertinence. Il était littéralement figé. La jeune fille, quant à elle, se contentait d’examiner l’ouvrage, toujours étalé dans la terre, avec attention. Elle soupira faiblement. C’était la première fois que Josué entendait sa voix.  

– Jo-su-é, tu en as d’autre… des livres comme ça ?

Josué ne parvenait même pas à ouvrir la bouche. Il n’avait jamais eu affaire à Weather, il ne savait pas si elle pouvait représenter une alliée ou une ennemie. Son attitude secrète la rendait ambiguë et imprévisible. Elle ôta ses gants et se pencha pour attraper le livre afin de l’observer de plus près. Toujours aussi étonné et craintif, Josué regardait autour de lui pour vérifier que personne ne les scrutait du coin de l’œil. En plus, Weather McFly qui parlait, c’était du genre à attirer l’attention.

– James Matthew Barrie. J’aime bien cet auteur… Ça parle de quoi ?

Josué fut encore plus surpris de voir que Weather connaissait James Barrie sans avoir lu Peter Pan. Puis il se souvint qu’en Angleterre, l’écrivain était bien plus renommé qu’en France. Les questions curieuses et enthousiastes de Weather le mettaient un peu plus en confiance, car ce n’était pas des questions fouineuses, des questions pour le faire parler et avouer sa faute. Non, c’était des questions comme les enfants de Cloverfield ne savaient plus en poser. Des questions simples et innocentes. Elles en avaient l’air en tous cas. Un peu plus rassuré, Josué déglutit et s’apprêta à répondre. Cependant, ce ne fut pas lui qui apporta une réponse à la question de la jeune fille.

Avant même qu’il ait pu prononcer un mot, Dan Foko, un chasseur, vint vers eux. C’était une nouvelle chose inhabituelle en plus de la soudaine éloquence de Weather. Foko ne se frayait guère aux autres enfants, et d’ailleurs Josué ne l’avait que très peu croisé à l’intérieur. Il vivait surtout dehors. Ce n’est pas que Josué ne l’aimait pas, parce qu’après tout, il ne pouvait pas mépriser une personne dont il avait jamais entendu le son de la voix. En fait, il se méfiait. Il ressentait une défiance sourde et inconsciente qu’il ne comprenait pas vraiment. Un loup et un chat, ce sont deux espèces qui ne sont pas faites pour s’entendre. En plus, il était beaucoup plus grand que lui. Néanmoins, ce fut avec une douceur inattendue que Dan déclara :

– Ça parle d'un pays imaginaire et d'un enfant qui refuse de grandir. J'ai vraiment passé des moments merveilleux à lire ce livre...

Dan Foko lisait ? Et il lisait Peter Pan ? C’était une nouvelle presque aussi extravagante que celle de Weather McFly laissant sortir des mots de sa bouche. Josué gardait ses yeux bleus fixés sur le visage d’ordinaire toujours fermé du jeune chasseur. Ce visage semblait changé à présent, comme si un voile lumineux l’avait éclairé à la découverte de ce roman.

– Désolé, j'ai oublié la politesse... Bonjour, je m'appel Dan, je suis un chasseur exténué et j'ai simplement aperçut ton livre dans ses mains. Tu n'as pas peur des railleries, où des problèmes à exposer un tel ouvrage ainsi ? Méfie toi, les gens ici bas sont dur entre eux, surtout quand on a un passe temps qui nous démarque des autres.

Dan sourit timidement. Josué ne s’était pas non plus attendu à de telles paroles. Foko se montrait presque protecteur ! Il semblait parler d’expérience, comme si ses tourments quotidiens l’avaient désabusé peu peu, et prévenu de tous les travers possibles dans l’orphelinat.
Josué récupéra brutalement son livre en l’enfouit dans sa poche, scrutant toujours les environs afin de s’assurer qu’ils n’étaient pas observés. Puis, il se baissa sur la pelle endommagée afin de poursuivre son travail, sans éveiller les soupçons. On n’était jamais à l’abri.

– Je sais, répondit-il sans lever les yeux. Ça fait des mois que je cache mes livres. J’en ai pas encore perdu, mais un garçon a voulu me faire du chantage une fois. Lui, c’est un de mes préférés.

Il arrêta de bouger. La pelle était réparée. Il se releva lentement et, relevant brusquement la tête, il dit :

– Je suis Josué. Tu peux m’appeler Jojo.

Le cœur battant de plus en plus fort, il regarda alternativement les deux enfants. Ses lèvres asséchées par le stress lâchèrent alors des mots dangereux, des mots qui pourraient soit sceller le début d’une amitié inespérée, soit le condamner à un châtiment sans nom.

– Est-ce… Est-ce que vous voulez voir mes autres livres ?



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Dan Foko

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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeLun 23 Sep - 21:22

A la question de Josué, alias Jojo, un sourire plein de malice à l'idée de partager quelque chose avec quelqu'un se dessina sur ses lèvres. Il se frotta doucement le menton, regardant le ciel avec un intérêt évasif. L'idée de voire d'autres livres l'intéressait, ça l'intéressait même énormément. Au point de le pousser à mettre ses doutes, ainsi que sa mission initiale sur le côté quelques instants. Il refusait d'y croire en fait, comment pourrait-il s'en prendre à eux ? Non impossible. Dan se contenta d'hocher la tête en repassant son écharpe sur le bas de son visage. Ses épaules se haussèrent, ses paumes pointèrent le ciel, et quelques mots sortirent finalement de sa bouche:

-Pourquoi pas? Ne te sens pas obligé de le faire, tu sais, on a tous besoin de secrets par fois...

Ses yeux allèrent de gauche à droite presque mécaniquement, ils couraient tout les trois un semblant de dangers. Les heures de travailles ne devaient êtres gaspillées à des bavardages non productif. C'était une évidence, pourtant, il n'avait pas envie de s'y plier aujourd'hui. La fatigue creusait ses membres, ses yeux étaient cernés par deux traces noires de plus sa capacité de réflexion était beaucoup trop atténué pour qu'il ne calcule avec exactitude les risques qu'il prenait. Cette simple action, pouvait les plonger tout les deux dans de sacré ennui. L'hypothèse du piège traversa son esprit, mais quelque chose, peut être dans le regard de ce jeune Jojo lui inspirait confiance. Sentiment très volage en ces temps troublés, mais que faire d'autre? Si ce n'est de temps en temps prendre des risques. De plus, si le jeune Josué avait caché ses livres, c'est qu'il avait conscience de ce que pouvait lui coûter ses trésors.

Sans vraiment attendre de réponses, il se leva puis mimant une mauvaise révérence, incita le jeune homme à lui montrer ses livres. L'impatience commençait à gagner le coeur de Dan, c'est en remarquant cet état d'esprit qu'il décida de poser une question qui semblait après réflexion... primordiale:

-Ah moins, que tu ne préfères nous les montrer plus tard dans la journée, ce qui serait une décision des plus sages.

Une main dans la poche, une autre sur la hanche, il le regardait de sa hauteur le petit garçon aux yeux de soucoupes. Avait-il simplement l'âge pour penser aux mauvaises intentions? Plus rien ne l'étonnait en ce lieu maudit, mais ça lui ferrait réellement mal de voir un jeune homme tel que Josué sombrer dans la délation, où le piège aux résistants.
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Josué Starvinski

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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeMar 24 Sep - 20:35

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Weather n’ayant pas éprouvé le désir de se lancer dans cette aventure quasiment fatale, Josué concentra ses espoirs et ses regards sur Dan. Il avait réellement une drôle d’allure, à y penser. Les cheveux indécemment trop longs, la silhouette vigoureuse, les traits sculptés comme une statue de bois. Il avait un air d’ancien guerrier, comme dans Tarzan – autre livre d’Isaac.
C’était impressionnant pour l’enfant citadin qu’était Josué de se trouver face à ce garçon des forêts qui connaissait les cris des animaux et les meilleures cachettes dans les arbres… Sa suggestion effrontée avait eu l’air de séduire le chasseur, et Josué, malgré la crainte qui lui enserrait le cœur, se surprit à éprouver un élan de fierté. N’était-il pas en train d’épater un gaillard de cinq ans son aîné ?
L’âge, en dehors des classes plus élevées, avait une importance conséquente au sein des orphelins. Ici, c’était la loi de la jungle, celle de l’enfance primitive et cruelle. La loi du plus fort. Et à cette période de la vie où seule l’avancée dans le temps permet d’acquérir cette force, les plus petits étaient les plus soumis ; les plus malheureux souvent. Josué ne faisait pas encore partie des grands.

Il opina du chef à la dernière remarque de Dan. Cette prudence ne lui avait même pas traversé l’esprit – lui qui était pourtant si affolé à l’idée qu’on s’en prît à lui – et il fut impressionné par la sagesse du chasseur. Il plaqua ainsi son bras contre sa poche alourdi par son livre – et par le péché – avant de serrer la main de Foko d’un air digne et solennel.

– Très bien. Alors, si tu as besoin de moi, tu me fais signe. Salut. Salut Weather.  

Il prit ainsi congé, remontant sa ceinture à outils trop large pour ses hanches fluettes. Le cœur battant, le teint vaguement empourpré, il s’éloigna d’une démarche qui se voulait naturelle. Son réflexe fut automatique et immédiat. Il se rendit jusqu’à sa « chambre », le dortoir misérable déserté à cette heure. Refermant la porte après quelques regards vigilants de part et d’autre du couloir, Josué se rendit prestement au fond de la pièce, repoussa une malle rongée par l’usure contre le mur, et s’accroupit, un genou au sol.
Les gestes fébriles et empressés, il passa sa main abîmée contre le parquet, tout aussi usé, jusqu’à tomber sur ce qu’il cherchait. Une dalle disloquée, qu’il arracha avec précaution. Et là, niché dans un petit endroit secret qui semblait avoir été créé pour contenir ce trésor : les livres. Peu, même pas une dizaine. Certains étaient déchirés, souillés, crayonnés, imbibés d’eau de pluie. Mais on pouvait reconnaitre à Josué Starvinski qu’il avait su conserver ses joyaux avec un soin extraordinaire.
Car tous ses livres dataient du temps où, Isaac et lui, alors tous jeunes enfants, avaient dû fuir Paris. Beaucoup de livres n’avaient pas pu suivre les deux garçons lors de leurs mésaventures. Certains étaient demeurés dans le petit appartement de Montmartre, d’autres avaient été abandonnés à la ferme, d’autres encore n’avaient pu résister à l’existence moribonde des camps d’internement. En revanche, depuis sa fuite des mêmes camps, Josué avait veillé sur les livres comme sur un bien vital, essentielle à son existence. Ce qu’ils étaient, peut-être.

Ainsi, ces livres avaient connus les mêmes épreuves, les mêmes tourments que lui. Ils étaient d’ailleurs marqués à leur manière, de boue ou d’érosion, comme lui l’était de sang et de maladie. Josué aurait tué pour préserver ces ouvrages.
Soudain, une apparition. Josué se retourna vivement, avec la posture d’un animal sauvage sur le qui-vive. Mais…

– Ah, c’est toi…

Rassuré, le petit français se détourna et concentra son attention sur les romans qu’il extrayait de leur repaire. Isaac restait grave, stoïque derrière lui.

– Tu ne devrais pas.

Josué continua de sortir les livres un par un.

– Je sais ce que je fais. C’est un bon gars, ce Dan. Il me fait penser à Maurice. Tu te souviens de Maurice ? Un chic type. Cela fait longtemps que je souhaitais partager ce secret avec quelqu’un…

– Il y a moi.

Sans se retourner, Josué stoppa son geste subitement. Il reposa sur la pile le livre poussiéreux qu’il tenait dans la main. Il attendit un moment, ne sachant quoi répondre. Puis il retira les dernières pièces, et se releva lentement.

– Je voulais dire, quelqu’un d’autre, répondit-il finalement, évitant de croiser le regard de son frère, immatériel mais tout à fait existant à ses yeux.

– Je ne te suffis plus ?

– Oh, arrête, Isaac…

– Avant, on disait qu’il n’y avait que toi et moi. Que c’était tout ce qui comptait. Tu t’en souviens. Dis, Jojo, tu t’en souviens ?

– Mais bien sûr que je m’en souviens ! Laisse-moi passer maintenant !

Josué était nerveux, échauffé. De la sueur maculait son encolure et perlait sur son front pâle. Il paraissait fiévreux et agité.

– Très bien… Mais je t’aurais prévenu. Tu te mets en danger. Tu n’as pas assez de force pour te permettre de faire des bêtises.

– Ah oui ? Vraiment ? Et qu’est-ce qui pourrait m’arriver de pire ? Pire que ça, tout ça ?

D’un grand geste imprécis, il balaya la pièce grisâtre et miteuse qui constituait sa chambre à coucher. Dans sa brusquerie, il fit tomber une partie de ses livres. Il se baissa pour les ramasser en grommelant des jurons. Isaac dit alors d’une voix grave :

– Il y a toujours pire, ici.

Josué se redressa d’un coup, s’apprêtant à répondre à cette menace grondante comme un orage sur le point d’éclater. Mais Isaac avait disparu. Josué regarda autour de lui inutilement, essuyant son nez légèrement coulant d’un revers de manche. De plus en plus, l’enveloppe spectrale de son frère incarnait une sorte d’esprit de la morale, un annonciateur de châtiment, une mise en garde allégorique. Ce rôle était fatigant, troublant et déchirant pour Josué, qui ne voyait plus en son frère le complice fidèle de son enfance. Il préférait le Isaac vivant, le Isaac entier, matériel. Mais c’était mieux que rien. Oh oui, ça valait toujours mieux que rien.

Reprenant contenance – il ne fallait pas croire qu’il était détraqué au point d’être tout à fait à l’aise en présence d’un mort – Josué déglutit plusieurs fois et quitta le dortoir. Il traversa le long couloir, passa devant le dortoir des rangs supérieurs. Celui de Dan, donc. Il était si perturbé qu’il ne réalisait pas qu’il tenait encore sous le bras la pile de livres, témoins infaillibles de son forfait.
Il aperçut alors la chevelure d’Aïleen – reconnaissable entre toutes –  au seuil des escaliers, manifestement occupée à sermonner un rang inférieur. Ce ne fut qu’alors qu’il réalisa pleinement sa position délicate – voire carrément suicidaire. Retenant un hoquet de frayeur, Josué s’engouffra sans réfléchir dans le dortoir interdit, se plaquant contre le mur en attendant que la voix d’Aïleen s’éloignât. Cela dura un petit temps, car la jeune fille ne semblait pas presser de débarrasser le plancher, mais Josué finit par entendre le timbre furieux de sa supérieure s’estomper progressivement. Lâchant un faible soupir, il s’extirpa de la pièce et courut prestement vers le rez-de-chaussée, dissimulant tant bien que mal les livres sous sa veste de coton élimée.
Ce fut avec un soulagement quasi absolu que Josué parvint à sa caisse à outil, toujours à côté du placard. Une chance qu’il eût sa propre boîte ! Il n’était certes pas le seul à pouvoir s’en servir, en théorie, le coffret n’étant pourvu d’aucun verrou, mais personne d’autre que lui n’utilisait cette caisse rouillée qui ne s’ouvrait qu’au terme de mains efforts. L’endroit parfait.

Tirant de toutes ses forces sur les parois ferreuses, une grimace crispée tordant ses traits, Josué parvint à éventrer la boîte et y déposa abruptement tous ses livres. Les doigts tremblants, il fit claquer le boitier, récipient improvisé de ses méfaits. Tu n’as pas assez de force pour te permettre de faire des bêtises. Josué secoua la tête en clignant des yeux, comme pour chasser une mouche embêtante.
Il laissa sa caisse en état et alla trouver Aïleen pour recevoir ses prochaines instructions – remontrances.


Ce ne fut qu’à l’heure du diner qu’il mit en exécution la deuxième phase de son plan. La silhouette brumeuse d’Isaac ne cessait de s’imposer à lui à tous moments, que ce soit dans les heures de solitude ou celles plus bruyantes et animées, comme c’était le cas au réfectoire. Il surplombait les orphelins dont les couleurs ternes paraissaient presque chatoyantes en comparaison de la matière blafarde et translucide de son jumeau. Josué l’ignorait. Lui qui avait tant recherché à faire revivre son souvenir, à le garder près de lui quitte à sacrifier sa raison, il le fuyait.
Surveillant de quelques coups d’œil furtifs que personne ne faisait attention à lui – c’était certes rare mais pas impossible – Josué sortit un morceau de papier froissé de sa poche, puis il tâcha d’arracher la mie de son bout de pain rassis. Il y enfouit le papier, le recouvrit de mie et attendit.
Dan Foko arriva une quinzaine de minutes plus tard, minutes durant lesquelles Josué était demeuré fixe et alerte, incapable de toucher à son assiette. C’était pourtant pratiquement sa seule réjouissance de la journée. Mais aujourd’hui, aujourd’hui tout était différent.
Les chasseurs débarquaient toujours plus tard. Poppy, le garçon étrange que Josué avait d’abord pris pour une fille, arriva le premier. Ensuite se fut le tour de Dan. Josué ouvrit plus grand les yeux à sa vue, s’agitant faiblement sur son siège. Il attendit que Dan s’approchât plus près de lui puis il se leva brusquement, provoquant les regards perplexes surpris de ses voisins. Il s’avança vers Foko, les jambes fourmillantes, et lui donna son pain. Il ne dit pas un mot.

Ce soir, si le chasseur était assez malin pour examiner le contenu du crouton moisi, il trouverait un mot griffonné à la va-vite. Ce mot, truffé de fautes d’anglais, dirait : « Tounigt at ten therty, ine the parc. »


Tu n’as pas assez de force pour te permettre de faire des bêtises.



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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeLun 30 Sep - 17:31

Ce garçon était prometteur, Dan n’avait pas osé lui demander son nom par peur de devoir faire face à l’ignoble vérité qui le rongeait. Josué lui allait très bien pour l’instant, pas la peine de chercher plus loin, un simple gosse amateur de livres ayant un poste de bricoleur plus où moins avantageux. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il lui tende la main, c’était une pratique que le jeune homme avait oublié. A force de s’éloigner des autres, certains réflexes et coutumes semblent rester avec ceux que l’on tente d’oublier. Son sourire se fit plus doux, il mit quelques secondes avant d’aller la lui serrer. Ne voulant pas offenser ce pauvre gosse, qui pourrait très bien devenir quelqu’un sur qui s’appuyer au cours des jours à venir. Dan laissa même quelques mots sortirent de sa bouche :

« A toute à l’heure ! »

Dans le contexte actuel, ce genre de mots avait beaucoup plus de force et de sens que l’on pourrait imaginer. C’est vrai quoi ? Après tout, n’importe qui pouvait disparaître n’importe quand dans cet orphelinat. Il suffisait que les nobles aient un délire excentrique, où que l’une des engeances rôdant dans l’ombre décide de s’amuser pour que n’importe quel mioche disparaisse. Cette pensée sombre fit immédiatement disparaître le sourire de Dan, se retournant il continua sa route, cherchant un endroit où il pourrait se reposer. Rattraper le sommeil qu’on lui avait enlevé, peut être même qu’il pourrait trouver un coin reculé et caché de tout ? Il ne fallait pas rêver, la déception était un sentiment bien trop amer pour être provoqué de la sorte. Passant son écharpe au dessus de son nez, il laissa les chasseurs derrière lui jusqu’à ce que la voix de l’un de ses camarades visiblement mécontent de son saut d’humeur ne le rattrape en criant. Le déserteur ne s’était pas arrêté avant que le bruyant énergumène ne parvienne à lui toucher l’épaule, il puait la sueur et l’idiotie ce qui inquiéta quelque peut Dan. Mais comme à son habitude, son regard resta de marbre, ses yeux ne firent qu’examiner le jeune garçon qui osait le déranger. La journée venait de s’achever, il avait accomplit sa dernière mission, que lui voulait-on encore ?:

-Les lapins … ils se sont enfuit… on a oublié de refermer les verrous des cages, faut qu’on y retourne et qu’on les retrouve !

-J’arrive.

Les poings fortement serrés enfouies au plus profond de ses poches, les dents aux bords de l’effondrement tellement il les serait. Dan suivit son camarade, préférant éviter de le regarder par peur que de réels éclairs ne sortent de ses yeux. Mais contrairement au messager, lui ne se pressa pas, il marchait d’un pas lent mais décidé. Il repassa par le jardin, contemplant quelques fruits et légumes puis se prépara à perdre de nouveau son temps.

Une fois la journée réellement terminée, le groupe des chasseurs fut encore une fois, comme le voulait la coutume, en retard pour aller manger à la cafétéria. Il prit son repas, remerciant doucement les cuisiniers sans montrer le moindre sourire, puis alla s’installer dans un coin de la salle. Ses yeux étaient braqués vers sa future place, il n’aimait pas se savoir entourés par autant de personne, la colonie fourmillante autours de lui l’oppressait. C’est pourquoi il ne put s’empêcher de tressaillir quand Josué se leva lorsqu’il passa à côté de lui. Ce comportement inhabituel attira quelques regards curieux, il ne les voyait pas, mais il les sentait. Oui, Dan était prêt à jurer qu’une belle partie des enfants présents étaient en train de les dévisager de leurs petits yeux de fouine. Un frisson glacé secoua sa colonne vertébrale, ses yeux se fermèrent doucement, ne s’ouvrant que quelques secondes plus tard pour fusiller Josué du regard. Il s’empara du vieux crouton qu’il lui tendait sans même lui accorder un merci, puis le poussa de l’épaule, forçant ce dernier à s’asseoir sur sa chaise. Dan s’installa finalement à sa place prévue, posant le vieux crouton sur son plateau avant de finalement passer à table. Les regards semblèrent finalement le laisser en paix, un soupire soulagé s’échappa de ses lèvres, alors qu’il enlevait avec délicatesse son écharpe pour commencer son repas.

Quelques heures plus tard, après avoir pesté contre l’horaire du jeune garçon, qui était tout simplement scandaleux il arriva au lieu du rendez-vous en temps et en heures. Ses prières silencieuses se faisaient de plus en plus oppressantes, il attendait là assis sur un vieux banc en bois grinçant au moindre mouvement du chasseur, espérant que tout ce passe bien. Heureusement que Josué avait quelque chose d’intéressant à lui montrer, d’ailleurs il valait mieux pour lui que les risques encourut soient récompensés par quelque chose d’équivalent. Dan avait froissé le petit mot trouvé dans le crouton de pain, puis l’avait minutieusement déchiré en petits bouts. Bref la seule preuve venait d’être réduite à l’état de confettis. Le jeune chasseur avait eu du mal à tromper la vigilance des autres, il lui avait fallut faire preuve d’un peu plus de discrétion qu’à l’accoutumé. Certains d’entre eux s’étaient même permis de lui demander si il se lançait lui aussi dans le racket des plus jeunes. Les curieux étaient restés sans réponses de sa part, ils n’en valaient vraiment pas la peine.
Bref, ce n’est que plusieurs minutes plus tard, que Josué décida enfin de se montrer, le chasseur ne bougea pas lui faisant simplement signe de venir avec lui. Il affichait un sourire plus détendu, content de voir que son camarade ne s’était pas fait prendre, il lui accorda quelques mots :

-Désolé pour la bousculade de tout à l’heure, mais ton comportement aurait été trop louche si je ne m’étais pas permis de te bousculer…
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MessageSujet: Re: Le secret    Le secret  Icon_minitimeMer 2 Oct - 21:04



Josué n’avait pas de montre, et s’il en avait un jour possédé une, cela faisait certainement bien longtemps qu’elle lui avait été dérobée. Malgré cela, il avait appris à reconnaitre dans le sillage de la Lune les heures qui décomposaient la nuit avec assez de précision pour être sûr de lui. Ce fut ainsi qu’aux alentours de dix heures, Josué enfila son unique pull-over intact – en théorie il en possédait deux autres mais se trouvait contraint de les partager avec l’usure et les mites – et sauta de son lit avec souplesse.
L’organisation était souvent la même dans les dortoirs des « bas-rangs ». Les petits en hauts, parfois à plusieurs, les grands en bas. Les soirs d’hiver – façon de parler, l’hiver n’existait pas ou seulement le temps d’une nuit, d’une semaine au plus – les orphelins dormaient collés les uns contre les autres et les plus bienveillants partageaient leur veste, couverture improvisée et maigre rempart contre le froid mordant auquel ils n’étaient jamais préparés. Les changements de température abrupts, en plus de l’insalubrité ambiante et du manque de soin général – sans parler de l’angoisse qui faisait office de véritable stimulant à suffocation –, se révélaient une autre source de mal-être pour Josué et ses poumons amochés. Une autre menace.
Josué n’était pas de ceux qui prêtaient leur veste, à part aux quelques enfants minuscules et pitoyables qui avaient su l’attendrir avec leurs yeux trop grands et trop brillants. Ce soir-là il n’avait de toute façon pas eu à le faire, l’ensemble du dortoir étant enseveli sous une montagne de sommeil abyssal… Ce sommeil n’était pas le résultat d’une quiétude collective, ça non, c’était le résultat de l’épuisement que chacun ressentait au terme d’une journée à Cloverfield. Et encore, il n’était que réparateur. Dolores – dont la posture même rappelait celle d’un chien endormi – était responsable d’une tâche plus épuisante, qu’il avait connu et dont ses paumes et ses articulations se souvenaient encore.
En frôlant le lit au-dessous de lui, Josué bouscula la main de Latoya – provoquant ainsi un grognement vague et engourdi – et il s’injuria en silence. Pourquoi fallait-il qu’il titille les plus dangereux spécimens de l’établissement ?? A croise que son destin était de se faire manger tout cru. Il contourna soigneusement la couche de la bûcheronne, passa devant les lits de Valentine et Daniel Holbrooke, puis celui du petit Seth, celui de Poppy, jusqu’à finalement sentir sous ses doigts fins la poignée cuivrée de la porte. Il l’ouvrit dans un faible grincement qui le fit lui-même grincer des dents, sortit sur la pointe des pieds – il n’avait pas eu à revêtir ses galoches car il les portait déjà, comme la plupart du temps – et referma la porte sur le dortoir assoupi.  BLAM.

Josué se tenait dans le couloir, adossé, plaqué contre la porte en bois gris. Il osait à peine respirer, incapable de croire à son propre affront, sa propre audace. Il était sorti. Il faisait déjà quelque chose d’interdit. Les palpitations de son cœur étaient si affolées qu’il crut que celui-ci allait lui sortir par la bouche. Le long couloir qui parcourait tout l’étage comme l’œsophage gigantesque d’un monstre ne lui avait jamais paru si obscur, si étendu, si menaçant. Chaque zone d’ombre dissimulait un danger tapi dans le noir…
Déglutissant avec raideur, Josué rasa le mur en marchant en crabe, croisant ses jambes maigres qui s’entrechoquaient parfois, tremblantes qu’elles étaient. Et s’il venait à croiser le Prince ? Il n’avait même pas préparé d’excuse ! Il avait pourtant eu du temps pour appréhender la situation. Lui à qui l’attente avait paru si pénible. Quel idiot, quel idiot !
Il pourrait dire qu’il avait besoin d’aller aux petits coins. On ne pourrait pas le blâmer pour cela. Ou pire, s’il croisait le chevalier Ezechiel, qui avait ce regard si bizarre, un peu taré, et ces gestes saccadés, trop vifs, qui le faisaient toujours sursauter. Ne pense pas au pire, Jojo, garde la tête froide…  Sans parler des Remords ! Ou… Oh non, non non non ! N’y pense pas, n’y pense surtout pas…

L’angoisse était telle qu’elle le consumait jusqu’aux os. Il ne respirait plus, il sifflait, il n’avançait plus, il vibrait, grelottait de peur. Ses yeux pâles s’agitaient en tous sens, prêts à voir bondir une horreur plus ou moins humaine à tout moment. Josué finit miraculeusement par atteindre l’escalier, qu’il dévala aussi prestement que le silence le permet, attrapa vivement sa caisse à outils rouillée, puis il poussa la lourde porte d’entrée et quitta l’orphelinat. Il quitta l’orphelinat.
Enfin, il quitta le bâtiment de l’orphelinat. Car tandis qu’il foulait de ses souliers bousillés le sol humide du parc de Cloverfield, Josué savait bien qu’il y était toujours bel et bien. A Cloverfield. Que les Remords rôdaient, se délectant de le voir fautif et esseulé, en attendant de pouvoir se jeter sur lui. Et les Autres… Toutes les Autres. Brrr.
Malgré cela, un étrange réconfort habitait son cœur, ankylosé tout de même par la crainte en puissance qui ne le lâchait guère. Il sentait l’air plus respirable, plus pur. Moins chargé d’électrons de vice et de frayeur. L’air de la nuit, qu’il ne connaissait plus. Josué se surprit même à sourire, laissant cet oxygène oublié pénétrer ses narines jusqu’à envahir son cerveau échauffé.

Finalement, Josué vivait beaucoup de ces petits instants privilégiés, où la nature d’une chose, d’un moment, d’un environnement le frappait avec une bienfaisance extraordinaire. Beaucoup d’orphelins, assommés par la violence et la misère qui rythmaient presque exclusivement leur existence, étaient devenus insensibles à tout cela. Ils ne le voyaient même plus. Josué, malgré sa fragilité manifeste et sa raison tout aussi instable, était parvenu à conserver cette proximité avec son environnement. Il n’était pas encore assez loin.


Dan était là. Assis sur un banc, ses cheveux longs agités par le vent. Josué lui rendit un sourire timide, mais son soulagement était immense. Il n’était pas venu pour rien.

– Désolé pour la bousculade de tout à l’heure, mais ton comportement aurait été trop louche si je ne m’étais pas permis de te bousculer…

Josué secoua la tête en agitant un peu la main.

– Ne t’en fais pas, ça fait rien. Je ne m’en fous.

Dan ne releva pas sa faute d’anglais, que Josué n’avait d’ailleurs pas remarqué. Il se contentait de fixer avec perplexité la boite vieillie que Josué venait de poser à ses pieds. Le petit français désigna d’un geste vague les quelques arbres qui parsemaient les alentours du verger :

– Il faudrait un coin à l’écart. Pour les enterrer.

Repérant au loin un arbre biscornu et pratiquement vierge de feuillage, Josué s’en approcha en contournant le potager. Il déposa sa boite au pied de l’arbre et alla chercher une pelle restée parmi les légumes. Par un drôle de hasard, celle de Weather était demeurée pratiquement à l’emplacement où il l’avait rafistolé le matin-même. Se tournant vers Dan, il déclara :

– Je pense qu’elle ne m’en voudra pas.

Revenant sur ses pas, il entreprit de creuser un trou assez large, assez sûr pour pouvoir aisément y nicher tous ses livres. Ce magot devenait un peu encombrant pour sa boite à outils.

– Pendant que je creuse, dit-il d’un souffle court entre deux coups de pelle, regarde-donc si certains livres te plaisent. C’est sûr c’est pour les gosses mais il y en a des pas mal.

Peter Pan, Alice au Pays des Merveilles, l’île au Trésor, Oliver Twist, le Livre de la Jungle, les Contes de Perrault – avec Cendrillon, le Petit Chaperon Rouge, Blanche Neige et le Petit Poucet –, un ouvrage de nouvelles d’Edgar Allan Poe, deux illustrés et un recueil de fables juives.  

– Les contes de Perrault sont en français seulement, je pourrais te les raconter en traduisant, mais si tu regardes bien les autres sont en édition bilingue ou trilingue – polonais. Ma mère voulait que nous apprenions le plus de langues possibles. Moi j’étais pas fortiche mais Isaac, fallait voir, c’était son affaire.

Il ajouta après un petit temps :

– Isaac, c’est mon frère. Je veux dire, c’était mon frère.

Josué cligna des yeux deux fois et donna un gros coup de pelle dans le sol.


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