You're my slave to the grave.



 
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Lucifel J. Sveinsson

Bitch plz
Lucifel J. Sveinsson
♣ Bitch plz ♣


Rang : Prince.
Totem : Corbeau.
Messages : 806
Age : 31
Pseudo : Stonefox.

Once upon a time
Âge du personnage: 12 ans.
Date d'arrivée à Cloverfield: 4 Octobre 1940.

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MessageSujet: You're my slave to the grave.   You're my slave to the grave. Icon_minitimeMer 14 Nov - 13:25

    La Royauté l'avait amusée un temps. Trois ans, à vrai dire. Puis, un jour maussade où la lumière était blafarde, où les nuages étaient bas, où le vent sifflait contre le toit d'ardoises et où la pluie menaçait de tomber, Lucifel plia un maigre baluchon et s'en alla sous le seul regard de l'aurore, profitant du sommeil de ses camarades pour s'éclipser sans le moindre mot, la moindre note. Lucifel avait marché un long moment, les joues froides, pensif. Allaient-ils élire un nouveau Prince ? Allaient-ils plutôt en profiter pour s'en aller eux aussi ? Demanderaient-ils de l'aide ? Seraient-ils bouleversés ? Le Prince démissionnaire ne le saurait sans doute jamais. Ce ne fut qu'à l'arrêt suivant que Lucifel prit le bus avec Londres comme destination. Il avait quinze ans et nous étions en 1944.

    Le jeune homme se laissa naturellement absorber par la capitale. Il ne chercha pas à se débattre et se laissa dépecer, écarteler, ballotter et malmener par elle. Son seul effort fut de s'acheter un costume noir bon marché à la coupe stricte et sobre, une chemise blanche, une cravate noire et des souliers noirs d'occasion avec ses maigres économies. Ainsi vêtu, il flânait dans les rues de la grande dame Anglaise et causait d'aventure aux commerçants ; recherchaient-ils en employé ? Le soir, il lavait son costume au lavoir et le remettait le lendemain pour courir les échoppes, bien coiffé et rasé de près. Il squattait une maison abandonnée dans un quartier bombardé avec d'autres sans-abris. Il trouva un emploi quelques semaines plus tard chez un antiquaire. Visiblement intéressé par l'assurance du jeune homme et intrigué par cette espèce d'aura magnétique qu'il dégageait, l'homme l'engagea presque aussitôt. Bientôt, il lui confia la tâche d'extorquer leurs biens aux gens pour le tarif le plus bas possible. Lucifel passa donc ses journées à arpenter les demeures huppées de Londres pour tenter de leur faire vendre leurs antiquités, seulement muni de son sourire et de ses monologues sirupeux. Ses victimes de prédilection – celles qui tombaient le plus facilement dans sa toile – étaient les ladies désespérées d'un certain âge et les vieux lords qui possédaient quelques... penchants. Impossible de résister alors à ses battements de cils et à sa gestuelle délicate, avec son allure de garçon bien sous tous rapports. Là, ils lâchaient quelques trésors pour un prix presque scandaleux et il rapportait tout ça à son patron qui s'en pourléchait les babines.

    Lucifel s'épanouit étrangement dans ce domaine. Lui qui pourtant avait l'air très distants de domaines aussi concrets que la vente, le commerce et autre négociation, il se débrouillait comme un vrai requin. Après tout, embobiner les autres, ça, ça avait toujours été son truc. Il l'avait prouvé magistralement trois ans durant en forçant une bande d'orphelins à s’entre-dévorer pour quelques privilèges dérisoires. Sa plus belle création, assurément, ce régime.

    Ce fut quelques mois plus tard qu'il rencontra un de ses futurs camarades. Malice, le valet aristocratique, retourné à son état originel, celui de prostitué. Malice était déjà parti de l'orphelinat quand lui-même s'en échappa. Quand Lucifer reconnut le blondinet, il lui sourit et engagea aussitôt la conversation sur un ton des plus badins. Après tout, ce qui s'était passé avant, ça ne comptait pas, ce n'était que de vulgaires querelles d'enfants, n'est-ce pas ? Malice fit bien plus que lui offrir une conversation, il lui fournit également un logement. Pas dans une maison de passe, non, mais une minuscule chambre de bonne sous les toits. Ce n'était pas le grand luxe, mais Lucifel en fut enchanté : le quartier, un peu douteux, lui apporterait l'ombre dont il avait besoin.

    La colocation avec Malice se révéla être une entreprise malsaine. Surtout pour l'ancien valet. Malice semblait toujours entretenir une sorte d'affection sincère envers son Prince déchu, mais Lucifel, lui, n'éprouvait qu'un mélange de pulsions morbides à son égard. Après tout, il n'avait jamais donné d'amour ou de véritable tendresse à l'orphelinat semblait-il... Alors pourquoi ça changerait ? Leur relation n'était qu'un tissage compliqué de violence, de sexe, de mensonge et de vaines promesses. Un jeu dont Lucifel réinventait les règles chaque jour dans un désordre psychotique. Le but ? Satisfaire ses envies désaxées. Malice devenait successivement objet de désir, bouc émissaire, bouffon de Sa Majesté et acolyte le plus fidèle. Un jour, ils finiraient par s’entre-tuer. Après tout, quel étrange ménage que celui d'un prostitué et d'un représentant de commerce aux méthodes peu orthodoxes... Surtout quand on a eu un vécu aussi tordu que ces deux-là, un passé commun plus qu'insolite.

    Lucifel rentrait souvent tard, bien plus que ne le suggéraient ses horaires. Ou plutôt, il repartait à peu près au moment où Malice commençait à travailler, sortant dans les rues pour errer on ne sait où. Parfois, il en revenait survolté, parfois exténué. Que faisait-il là bas ? Mystère. Ne pas chercher à comprendre ou savoir.

    Les deux jeunes hommes se voyaient surtout du milieu de la nuit jusqu'au matin, seules horaires qu'ils avaient véritablement en commun, et ils s'adonnaient là à diverses activités plus ou moins charnelles selon leurs humeurs. Lucifel avait été dominant cette fois-là. Ils échangeaient les rôles fréquemment. Malice s'était endormi dans leur lit au matelas défoncé et le Prince fumait, assis en travers d'un fauteuil, le dos appuyé contre un accoudoirs et les jambes rejetées par-dessus l'autre. Il avait enfilé un caleçon et ses cheveux d'habitude impeccablement coiffés étaient en bataille, savamment ébouriffés par Malice pendant leurs ébats, assurément. Sa cigarette dans une main, tirant dessus de temps à autres, il tripotait pensivement le long chapelet qu'il ne quittait jamais et portait toujours sous ses vêtements et ce depuis qu'il avait neuf ans. Oh, il en avait porté avant, mais celui-là était particulier : enfant, il avait détaché la croix chrétienne du reste du collier et l'avait refixée à l'envers en bricolant un peu. Une énième provocation envers ses parents à l'époque, de se fabriquer un chapelet satanique. Après tout, c'était de leur faute. Il n'avait pas choisi son prénom. Eux si.

    Lucifel jeta un regard à Malice par-dessus son épaule avant de se lever. Il s'avança vers lui à pas de loups, la croix retournée de son chapelet oscillant au-dessus de son nombril. Il grimpa sur le lit et enjamba doucement Malice pour se retrouver à califourchon au-dessus de lui. Le blondinet ne se doutait de rien. Lentement, le jeune homme approcha ses mains aux longs doigts fins vers la gorge de Malice, l'entoura doucement, puis serra. Malice se réveilla, hoquetant et suffoquant, alors que Lucifel se penchait sur lui pour saisir le lobe de son oreille entre ses dents et le mordre sans pitié, jusqu'au sang. Le valet hurlait et se débattait, tant et si bien qu'il finit par réussir à éjecter Lucifel du lit. Ce dernier resta abasourdi quelques secondes, assis sur le plancher miteux, puis il éclata de rire. Ce rire sans joie et un peu hystérique, le seul qu'il eu jamais été capable de produire. Il railla : « Malice ! Tu aurais du voir ta tête ! Quelle mauviette... Je n'allais pas vraiment t'étrangler. » Pourtant, il y avait cette lueur dans son regard qui le contredisait, cet éclat un peu fou au fond de ses pupilles. Le Prince se releva et se prit une théière qui traînait là, la secoua un peu et, entendant le liquide clapoter au fond, se servit une tasse de thé froid. « Tu saignes, au fait. »

    Il n'avait pas envie de dormir et il ne voulait pas faire une insomnie tout seul. Malice n'avait juste pas le choix. Lucifer but une gorgée de thé, adossé contre le buffet, et demanda, pensif : « Dis-moi. Tu en as revu d'autres ? » D'autres orphelins de Cloverfield, bien sûr, se comprenaient-ils tacitement...

    Lucifer avait dix-sept ans et il avait perdu ces erreurs linguistiques et cet accent scandinave dont Malice aimait tant se jouer autrefois.
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